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Piwhy

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Publications sur Toute La Poésie

Dilemme insomniaque

09 octobre 2008 - 12:22

Minuit moins dix. Déjà une heure sans dormir.

La belle à mon côté respire en son sommeil.

De ses lèvres s'échappent de petits soupirs

Dont chacun, en mon cœur, est un petit soleil.

Ces soleils de mes nuits, je les sais tous par cœur.

Ils ont tous un prénom que je leur aie donné,

Ils ont tous un secret, et un peu de chaleur

A donner à mon cœur pour le réconforter.

Mais soleils et sommeil ne sont pas compatibles,

Et il me faut choisir entre mes insomnies

Délicieuses, parfumées de mots inaudibles

Que murmure, en rêvant, la nymphe dans mon lit,

Et un sommeil semblable à un repos coupable

La laissant seule, allongée là, hors de ma vue ;

Ce sommeil égoïste m'est insupportable,

Chaque instant sans la voir est un instant perdu.

La nuit a avancé vers un autre matin.

Le sommeil semble enfin vouloir me rattraper,

Et c'est au petit jour que je m'endors enfin,

Quittant les bras d'Oriane pour ceux de Morphée.

Les devins de l’hiver

09 octobre 2008 - 12:19

Quand aux grands arbres verts il pousse un roux pelage,

Que de leurs troncs moussus jaillissent en cohortes

Les soupirs alanguis du vent dans leur feuillage,

Emportant dans leur chant l'ombre des feuilles mortes ;

Quand le souffle de l'air véhicule un message

Que précède un grand froid qui tambourine aux portes,

Et que cette froideur amène en son bagage

Une rumeur d'hiver, à chaque instant plus forte ;


Et quand l'horizon verse sa pâle lumière,

Ecrasant de son poids les couleurs de la terre

Alors des nids d'étés les têtes apparaissent,

Et dans un grand triangle, un V fait de tant d'ailes,

Empruntant un chemin qu'elles seules connaissent,

Passe dans le ciel gris le vol des hirondelles.


Idées Noires

11 mars 2008 - 02:16

Une horloge résonne à coups sourds et profonds.

C’est l’heure des secrets, des peurs surnaturelles,

L’heure où les ombres jouent entre les sombres troncs

Où naissent les phobies ; c’est l’heure irrationnelle.

Occultez nos plafonds de vos centaines d’ailes,

Rêves noirs et hideux ! Attisez nos douleurs,

Obscurcissez nos murs de folies démentielles,

Peuplez notre sommeil de vos mondes d’horreurs !

Nourrissez-vous au sein de nos pires terreurs,

Pendez-vous aux recoins de nos pauvres esprits,

Recouvrez nos désirs, vampirisez nos cœurs,

Volez en ces lieux noirs, jolies chauves-souris !

Volez dans le désert de nos crânes livides !

Cognez-vous aux parois de nos tristes cerveaux,

Frôlez dans votre envol nos envies trop timides,

Emplissez nos tympans de vos stridents échos,

Enfermez le bonheur dans vos obscurs cachots,

Endormez nos espoirs, réveillez nos souffrances,

Tirez des cauchemars de vos sombres caveaux,

Insinuez en notre âme une folle démence,

Parasitez nos songes de votre présence,

Transformez nos désirs en marais infinis,

En jungle impénétrable, en cloaques immenses,

Volez en ces lieux noirs, jolies chauves-souris !

Tournez et dansez dans une ronde infernale,

Assourdissez nos cœurs, caquetant diablotins,

Et déchaînez en nous, macabre bacchanale,

Un cortège de spectres, d’immondes lutins,

De monstres, de démons aux terrifiants venins,

D’épouvantails couverts d’abjectes pestilences,

Qui crie et geint et grouille en un râle inhumain

Perçant nos cœurs serrés de leur froide violence,

Et un vol d’oiseaux noirs, énormes et malsains,

Pareils à des ignobles papillons de nuit,

Survolant l’horrible ost en un nuage indistinct,

Volant en ces lieux noirs tels des chauves-souris !

Princesses, réveillez ces songes oubliés !

Quittez vos trous, vos creux et vos antres, sortez !

Jaillissez des plafonds, des murs, des cagibis,

Repeuplez nos esprits de votre obscurité !

Hors des sombres placards et de dessous les lits,

Volez en ces lieux noirs, jolies chauves-souris !

Mourir d'amour

26 novembre 2007 - 02:17

Un bateau qui descend,

Lentement, doucement, le courant,

Sans sillage,

Sans équipage,

Sans cap

Sans capitaine…



Un avion qui descend,

Lentement, doucement, l’ascendant,

Sans plumage,

Sans équipage,

Sans cap

Sans capitaine…



Une luge descend,

Lentement, doucement, le versant,

Sans patins

Et sans frein,

Sans cap

Sans cabriole…



Un ange qui descend,

Lentement, doucement, du couchant,

Sans virages,

Et sans mirages,

Sans cap

Sans capuche…



Une fille descend,

Lentement, doucement, son amant,

Sans regard,

Sans au revoir,

Sans cap

Sans cœur…



Et moi qui perds mon sang,

Lentement, doucement, tout mon sang,

Sans espoir,

Sans désespoir,

Sans cap,

Sang capiteux…



…sang kaput.

L’amour au quotidien

23 novembre 2007 - 12:41

Je ne t'écrirais plus les mots doux, les mots tendres,

Les mots faux et gentils que tu aimais entendre

Et que moi je disais, tout en y croyant pas,

Je veux cesser de croire en ces mensonges là,

Et laisser de l'amour s'exprimer la puissance

Dans des regards, des airs, des gestes, des silences,

Des petits riens du tout, des grands tout pleins de rien,

Des longs jours, des grands soirs et des petits matins,

Et le laisser tirer du cœur de ces routines

Le nectar adoré qui m'emplit les narines.

Je ne veux plus de l'autre, l'infâme et vil brouet

Qui m'avait autrefois charmé de son fumet,

Et m'avait fait croire en des amours merveilleuses

Dont le maquillage et les formes généreuses

Créent un mirage aimable dont le sentiment

Charme l'œil et les sens, mais du cœur est absent.

J'ai vidé tout mon sac d'anciennes vieilleries,

J'ai tari le filon de ces mornes envies ;

De tous ces mots d'amour qu'on croyait immortels

Je veux briser l'écho et oublier l'appel,

Et que de cette idylle aux odeurs de plastique,

Aux sentiments faussés, aux baisers synthétiques,

Il ne reste qu'un vieux, qu'un dégoûtant regret,

Enfoui dans nos cerveaux comme un affreux secret.

Je veux revivre un rêve, un songe, une romance

Et pas un quotidien vidé de sa substance.

Je veux revivre ça, cet amour passionné,

Qu'on ressentait alors jusqu'à s'en étouffer,

Cet amour que le cœur savait seul reconnaître,

Ce sentiment sauvage, impétueux et sans maître,

Cette joie partagée, ce plaisir insouciant,

Ce bonheur qu'on croyait éternel à quinze ans,

Qui ignore et défie les usages du monde,

Qu'on vit sans retenu loin des pensées immondes,

Qui s'affranchit du temps, s'écarte des chemins,

Qui fait vivre au présent sans peur du lendemain,

Et protèges le cœur des horreurs des naufrages

En l'emportant au loin, vers de calmes rivages.