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Alain LE GRATIET

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Publications sur Toute La Poésie

LA VIEILLE

29 janvier 2009 - 04:25

LA VIEILLE



Elle va claudiquant derrière sa fenêtre
S'accrochant en passant au fauteuil du salon,
Le volet entrouvert apportera peut-être
Quelques bruits de la rue sous le soleil de plomb.

Il y a bien longtemps qu'elle n'y descend plus,
L'escalier est trop dur pour ses jambes rompues
Et la vie doucement s'échappe dans le flux
D'images entrevues et ininterrompues.

Un hochement de tête et elle quittera
De ses yeux fatigués le spectacle connu,
Quelques pas hésitants, la voilà dans les bras
Du vieux fauteuil qu'elle gagne trotte-menu.

Depuis longtemps déjà la sonnette s'est tue,
Ce n'est pas ses enfants qui la réveilleront,
La chape du silence s'est faite têtue,
Seul le chat le ponctue de quelques doux ronrons.



DIÉTÉTIQUE

19 janvier 2009 - 03:46



Mon grand-père mangeait selon ses seuls désirs,
Un bon verre de vin était son élixir,
Il ne se privait jamais de ce qu'il aimait,
Un bon coup de fourchette en joie le maintenait.

C'est vrai qu'à cette époque l'alimentation
N'exigeait point qu'on fasse quelque sélection,
Pesticide et toutes autres cochonneries
N'obviaient pas encore à quelque griserie.

Mais le progrès nous a rendus tous prisonniers
De la dictature de nouveaux conseillers,
Nutritionnistes et aussi diététiciens
Prescrivent d'autres lois pour nous faire du bien.

En poids de calories il faudrait qu'on mesure
Tout ce qui deviendrait notre robe de bure,
Attention à ceci, attention à cela !
Pourvu qu'on n'atteigne jamais aucun surpoids.

Notre alimentation est devenue fort light
Il faut sacrifier aux normes du copyright,
On mangera sans sucre, on mangera sans sel,
Plus on aura de "sans", mieux s'ouvrira le ciel.

C'est bien que des gourous veillent à la santé
Mais que de privations pour être accrédité !
Laissez-moi du piment pour conduire ma vie
Comme j'entends la vivre et de toutes envies !



PETIT TRAITÉ DE VERSIFICATION

21 septembre 2008 - 06:27



Quand on s'essaie aux vers, il faut que la métrique
Obéisse toujours à une arithmétique
Ils ont beau se barder de nobles sentiments,
Ils n'en seront pas moins prisonniers d'un carcan.

Dans les alexandrins, pour prendre cet exemple
Comme classiquement ils restent des plus amples,
C'est douze syllabes qui seront prononcées
Et sans dérogation à la règle énoncée.

La mécanique est là, rodée et circonscrite,
L'élocution la cerne et l'ajuste en un rite,
Elle guide les pas sur un nombre de pieds :
Par le moindre faux pas le vers est estropié.

Les vers battent le rythme d'un cœur qui palpite
Et le souffle coupé, indécis, précipite
Le débit d'un trimètre en passion romantique
Ou bien mieux reposé, en césure classique.

La rime est importante, on en est convenu,
C'est elle qui assoit, c'est elle qui conclut,
C'est elle qui relance en un enjambement
Le vers attendu comme un nouveau battement.

On ne dit pas un vers comme on parle vulgaire
Et les rimes bien sûr iront toujours par paires,
Même si se dispute avec la féminine
Celle que l'on nomme la rime masculine.

Comme il nous faut bâtir des vers de douze pieds
On ne comptera pas le "e" bien élidé
Ou bien celui "muet" à la fin de l'un d'eux,
Ce qui n'affectera aucun des autres "e".

Pour qu'ils soient ciselés intérieurement,
Comme par le ciseau de l'orfèvre patient,
La diérèse peut parfois couper en deux
Une diphtongue longue en accents langoureux.

Le regard du lecteur avisé que vous êtes
Ne s'y est point trompé comme ci-devant faite…
… Point de banalités et donc plus de rigueur
Donneront au poème un peu plus de vigueur.

On peut toujours, au nom de notre liberté,
Sans doute sacrifier à la facilité…
Mais l'adage rappelle au son du vieux clairon :
"Liberté ! Que de crimes commis en ton nom !"



LE TROUPIER

04 septembre 2008 - 07:23



LE TROUPIER


D'un revers de ma main je balaie l'abruti
Qui, insulte à la bouche, croit être investi
Du pouvoir de juger en donnant des leçons
Dans la vulgarité et de piètre façon.

C'est que les arguments lui font sacré défaut :
Jouer sur la raison n'est pas de son niveau…
En aurait-il d'ailleurs qu'il en userait mal
Tant sa haine est aveugle et son venin trivial.

Il va, de mon écrit, penser qu'il m'a touché.
Qu'il sache que ses coups aussi bas décochés
Ne m'atteignent jamais, qu'ils n'auront pour effet
Que de l'atteindre, lui, et comme en ricochet.

J'ai fait une remarque au stupide guerrier
Qui a dû revêtir des habits de troupier :
Qu'il ne salisse pas davantage ce site
Ou alors hors de lui que l'on le précipite !

Injure à la personne, pire des bassesses,
Le mot "dignité" en guise de forteresse,
Voilà cet être vil d'un revers de ma main
Chassé de l'horizon comme un sale faquin.




DE TA BOUCHE

04 septembre 2008 - 01:04



DE TA BOUCHE

De ta bouche qui m'appelle

Des soupirs qui m'ensorcèlent

De tes lèvres qui m'aspirent

Et c'est toi qui me chavires

De tes mains qui me découvrent

De ton être qui s'entrouvre

Et de ton corps qui s'arc-boute

Je suis pris et tu m'envoûtes

Et tes jambes qui m'enserrent

Comme dans un doux mystère

Que l'impatience dévoile

Dans un ciel rempli d'étoiles

Comme une onde qui s'épanche

Sur la courbe de tes hanches

Tu arraches de mes fibres

Le son de cordes qui vibrent

Quand nos corps alors s'apaisent

Que la sueur noie la braise

Et que quelques mots ronronnent

Pour dire ce qu'on pardonne

Notre amour devient prière

Comme une douce rivière

Qui s'écoule de nos larmes

Comme la rosée d'un charme.