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bayard

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Publications sur Toute La Poésie

la forêt

08 décembre 2007 - 04:57

Poussent les pins parasols, les palmiers et les chênes,
C’est de l’ombre, un peu d’air ; des glands.
Ni ronces ni orties, la forêt n’est pas saine,
La rose qui expire a perdu ses épines.
Ni ronces ni orties, il se meurt un talent
De la mûre plus rien ne prive le chevreuil.
Quel plaisir à goûter cette joie enfantine ?
L’air de la nuit est le dernier cercueil
Et tout suit en ces lieux un changement sensible.
Sans passion ni bourgeon
La jouissance n’est pas concrète ni tangible,
Alors faisons.


Chantent les rossignols, les vautours et les pies,
La voie est rauque et le poil doux.
Ni plumes ni fourrure, au temps de la survie
Tout chant gracieux s’entend de loin comme un murmure.
Ni plumes ni fourrure, un rêve est resté flou,
Plus rien ne nous défend d’en recommencer un.
Un chasseur est venu, Atémis n’est plus pure,
L’enfant est mort dévoré par ses chiens.
Puisse la punition être brève et rapide
Sans fleur et sans bourgeon,
Tel un arbre noyé au sein d’un génocide,
Alors songeons.

le profiteur

19 novembre 2007 - 03:37

Travaillez, labourez, cherchez la vérité !
Il faut que nous puissions amuser le sensible.
Moi mon âme revient des rives du Léthé :
Je me plais au concret immédiat et tangible.

Je suis un profiteur de la vie et des hommes,
Je honnis le travail si c'est moi qui le fais
Mais je conçois, je veux que pour payer la pomme
Le pain nous soit gagné sans repos ni arrêt.

Alors, n'hésitez plus. Qu'attendez-vous ? Il tarde.
N'est ce pas que la Terre est une mine d'or ?
Moi mon ouïe entend trop sa voix forte et criarde,
Je n'y vois plus q'un lieu où le mortel s'endort.

Il vous faut réunir, lentement, du travail
Les plus petits des biens, sans orgueil et sans cran ;
Puis offrez vous un luxe, offrez vous un vitrail,
Projetez un écran ; moi j'étreindrai l'écran.

bannis

16 novembre 2007 - 10:38

Il ne fait plus très bon de rester en ces lieux
Car ils nous ont jugé et nous sommes bannis ;
Ils ont lancé sur nous un troupeau de furieux
Alors il faut partir si tu tiens à la vie.
Nous allons, en partant, passer par Rivoli :
Il faut baiser ce sol, cette terre chérie.
Nous sommes désormais condamnés et flétris,
Notre présence ici n'a aucun avenir ;
Nous ne reverrons plus de nos yeux l'Italie :
« Il faut partir et vivre ou rester et mourir ».

Allons, viens et partons, l'orage est dans les cieux.
Ce rocher où le soir nous nous trouvions assis
Aura tôt oublié ce qu'on disait de mieux :
Dans un jour, tout au plus, nous serons loin d'ici.
Allons, viens et partons, chassés de ce pays
Nous n'oublierons jamais cette vie qui finit :
Seul le Léthé procure un éternel oubli.
Si tu tiens à la vie, alors il faut partir.
Nous aimions l'Italie, elle nous a haïs :
« Il faut partir et vivre ou rester et mourir ».

C'est ici que nos cœurs espéraient être vieux,
C'est en ces bâtiments que l'on nous a unis,
Le maire puis l'abbé pour l'État puis pour Dieu ;
Maintenant où aller, par qui être accueillis ?
En mon propre pays nous serions trahis :
J'ai servi Bonaparte et l'armée d'Italie,
J'ai suivi mon drapeau, protégé ma Patrie.
Voici de mon labeur le salaire à venir,
C'est le dernier cadeau du congrès réuni.
« Il faut partir et vivre ou rester et mourir ».



J'ai chargé tant de fois dans ta cavalerie
Contre Prusse et Autriche, Angleterre et Russie ;
À présent il faut faire ainsi qu'a dit Shakespeare
Mais je vais revenir de l'île vers Paris.
« Il faut partir et vivre ou rester et mourir ».

l'épave

15 novembre 2007 - 03:58

Ici, au fond des mers, toutes d'algues couvertes,
Quelques planches laissées par le ciel en furie
Cachent leurs grands trésors sous des mètres d'eaux vertes
Comme un dernier portrait d'une époque fleurie.

Là dans ces profondeurs où les dauphins se noient,
Seules dans l'univers, entourées de sirènes
Qui attirent la vie par leurs chants et leur voie,
Dans leur flanc transpercé se trouvent des murènes.

Ici, la main d'un homme enserre un talent d'or,
Là deux amants couchés profitent de leur crime ;
Que ce soit pour l'argent, pour l'amour ou la mort
L'épave a conservé sa beauté dans l'abîme.

Le poète est aussi une épave des mers
Qui comme ce navire a subi la tempête :
Et sa plume est avare, et sa muse adultère
Mais qu'il beau de voir les trésors d'un poète !

Le poète est aussi l'épave des humains
Qui l'ont vu s'engloutir dans des fosses profondes :
Ils viennent de très loin, poussés par le destin
Dérober à jamais ses richesses fécondes.

l'aigle

14 novembre 2007 - 02:50

Le clocher a sonné l'heure où je me promène,
Chaque jour je viendrai admirer ces merveilles !
Le bruit sourd de la cloche est l'écho de ma peine,
Elle envahit mon cœur en frappant mes oreilles.

Chaque jour je viendrai admirer ces merveilles !
Pourtant je veux brûler la fleur de ce domaine ;
Elle envahit mon cœur en frappant mes oreilles.
Ô valse douloureuse et maternelle haine !

Pourtant je veux brûler la fleur de ce domaine :
C'est mon premier réveil et mon dernier sommeil !
Ô valse douloureuse et maternelle haine,
Un oiseau dans le ciel assombrit le soleil.

C'est mon premier réveil et mon dernier sommeil,
L'aigle est rentré bredouille en sa maison lointaine.
Un oiseau dans le ciel assombrit le soleil ;
Qui peut voir d'où il est qu'il fut un capitaine ?