L'odeur des coings emplit les pièces basses
de la maison,
un peu comme la présence d'une mère.
Les feuilles sont rousses.
Devant le feu, je regarde mes mains,
mes mains qui tiennent la tasse brûlante,
qui décortiquent une chataîgne.
Mes mains qui roulent une cigarette
ou caressent les rondeurs
d'une femme invisible.
Dans les paumes de mes mains,
je vois le temps qui fait de petits lacs,
et le monde, tranquille, qui vient parfois s'y refléter.
Je ne pense plus. Tombent les fruits.
Tout au fond du silence opère le secret.
Raskolnikov
Inscrit(e) : 16 déc. 2007Hors-ligne Dernière activité : déc. 17 2007 05:57
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Automne, le soir.
17 décembre 2007 - 12:58
Fragment des monologues de l'empailleur...
16 décembre 2007 - 06:03
Je sais qu'il squatte devant ma porte, mais j'ignore qui c'est. De toute manière, s'il croit que je vais sortir, il se met le doigt dans l'oeil. Je préfère rester là , au milieu des mes bêtes empaillées, plutôt que de mêler mes pas de singe à leurs rangs d'automates. D'ailleurs, on est pas mal ici...C'est plutôt coquet, bien agrémenté. Quant à la boustifaille, je devrais tenir encore une bonne semaine...Tiens, y'a Furet qui me regarde! C'est un brave compagnon, Furet. J'en ai passé des soirées en tête à tête avec lui, sa petite face maligne, son petit museau plat. Bon, certes, il est mort. Et alors? Il faut admettre qu'en dehors de cela, il se porte bien! Il a des tas de choses à dire, Furet. Naturellement, il cause rarement de politique, il ne refait plus le monde depuis longtemps! Mais en ce qui concerne la beauté, c'est un as! Il possède tout un langage de griffes, de touffes, de brillances. Un lexique mystérieux, aux saugrenus étymons. Lorsqu'il se marre, on dirait qu'une sève hystérique remonte dans sa queue. Ca frissonne, ça ondule...
Aujourd'hui, il m'a dit : il y a quelqu'un devant ta porte. Je l'ai remercié du tuyau, il n'en savait pas plus. Il m'a montré ses dents, pour m'inviter à la prudence. J'ai posé un couteau sur ma table. Furet avait raison, ne jamais baisser sa garde! Je me demande d'ailleurs qui ça peut bien être, ce type devant ma porte. Sûrement un flic, ou quelque chose du genre. Un soldat. En tous cas, je n'irai pas vérifier. Il n'attend que ça pour me tomber dessus. Je le prendrai par surprise, au moment voulu.
Je me suis posté à ma fenêtre. De là , je pouvais voir tous les toits de la ville, les vermoulus, les grisâtres et les autres. Il y avait aussi une panoplie impressionnante d'antennes, comme une armée de brosses à dents prête à nettoyer le ciel. C'était drôle, j'ai ris un moment. Puis je me suis intéressé à ma voisine. Absente, malheureusement. Elle habite au dernier étage de l'immeuble numéro douze, juste en face de moi, en contrebas. Elle ne ferme jamais ses rideaux, alors parfois j'ai droit à quelques fugaces passages de nudité. C'est beau...
Le gardien marche dans le couloir. Il doit se dégourdir les jambes, parce qu'au bout d'une heure, il se produit généralement les premières éclosions de fourmis. Je devrais les remercier, mes minuscules instruments de torture. Elles s'inoculent d'une seconde à l'autre, pullulent, se multiplient. Ca en devient vite insoutenable. On dit que c'est le sang qui circule mal, comme s'il cristallisait dans les jambes. Moi je fais confiance à la langue populaire, qui parle de fourmis. Cela signifierait alors, plutôt, un début de putréfaction, dans l'immobilité cadavérique. Une floraison de bacilles grésillantes...Le pauvre...Je n'aimerais pas être à sa place. Quelle corvée! Et juste pour surveiller quelqu'un comme moi! C'est insensé. Ceci dit, qui sait, je suis peut-être dangereux. Je nécessite peut-être que l'on prenne autant de précautions. Ce gardien, au fond, c'est une sorte de sentinelle mythique, un Cerbère. Il campe au point fragile où les deux mondes risqueraient de se joindre. Il maintient l'ordre cosmique, foutre-Dieu!
Je me suis donc enfermé chez moi, avec ma faune étrange. Parfois, on dirait une horde de démons bariolés, de celles qui dansent autour de Saint-Antoine. Ou bien, certains soirs, j'ai l'impression d'assister à une fête baroque, un carnaval. Les perdrix, les rats, les marcassins défilent grotesquement devant mes yeux. Ce n'est, dans tout l'appartement, qu'une vaste exhibition de huppes, d'écailles, de poils et de plumes. Je me mets alors à tourner sur moi-même, comme un dingue, et les bêtes éclatent en milles plaques colorées. Dans ces moments là , je fais des rêves de peintre...
Dehors, il flotte dru. Ca vous ratatine l'automne un temps pareil. Cependant, sous la pluie, il semblerait que la ville gagne en charme ce qu'elle perd en beauté. Une espèce de laideur envoûtante plane vaguement sur elle, vision d'une femme maquillée qui aurait trop pleuré. Même les arbres du parc, dont la rousseur s'estompe, n'en ressortent que plus prenants. Ils ploient mollement à l'exemple du visiteur confus qui, trempé de la tête aux pieds, n'ose trop remuer de peur d'inonder la maison. Et puis les gens se revêtent de capuches, on se croirait en pleine Moyen-âge! Je profite du spectacle. Pour un peu, j'irais courir dans les rues. Mais il y a le gardien : je ne me laisserai pas piéger...
Suite une autre fois peut-être...
Aujourd'hui, il m'a dit : il y a quelqu'un devant ta porte. Je l'ai remercié du tuyau, il n'en savait pas plus. Il m'a montré ses dents, pour m'inviter à la prudence. J'ai posé un couteau sur ma table. Furet avait raison, ne jamais baisser sa garde! Je me demande d'ailleurs qui ça peut bien être, ce type devant ma porte. Sûrement un flic, ou quelque chose du genre. Un soldat. En tous cas, je n'irai pas vérifier. Il n'attend que ça pour me tomber dessus. Je le prendrai par surprise, au moment voulu.
Je me suis posté à ma fenêtre. De là , je pouvais voir tous les toits de la ville, les vermoulus, les grisâtres et les autres. Il y avait aussi une panoplie impressionnante d'antennes, comme une armée de brosses à dents prête à nettoyer le ciel. C'était drôle, j'ai ris un moment. Puis je me suis intéressé à ma voisine. Absente, malheureusement. Elle habite au dernier étage de l'immeuble numéro douze, juste en face de moi, en contrebas. Elle ne ferme jamais ses rideaux, alors parfois j'ai droit à quelques fugaces passages de nudité. C'est beau...
Le gardien marche dans le couloir. Il doit se dégourdir les jambes, parce qu'au bout d'une heure, il se produit généralement les premières éclosions de fourmis. Je devrais les remercier, mes minuscules instruments de torture. Elles s'inoculent d'une seconde à l'autre, pullulent, se multiplient. Ca en devient vite insoutenable. On dit que c'est le sang qui circule mal, comme s'il cristallisait dans les jambes. Moi je fais confiance à la langue populaire, qui parle de fourmis. Cela signifierait alors, plutôt, un début de putréfaction, dans l'immobilité cadavérique. Une floraison de bacilles grésillantes...Le pauvre...Je n'aimerais pas être à sa place. Quelle corvée! Et juste pour surveiller quelqu'un comme moi! C'est insensé. Ceci dit, qui sait, je suis peut-être dangereux. Je nécessite peut-être que l'on prenne autant de précautions. Ce gardien, au fond, c'est une sorte de sentinelle mythique, un Cerbère. Il campe au point fragile où les deux mondes risqueraient de se joindre. Il maintient l'ordre cosmique, foutre-Dieu!
Je me suis donc enfermé chez moi, avec ma faune étrange. Parfois, on dirait une horde de démons bariolés, de celles qui dansent autour de Saint-Antoine. Ou bien, certains soirs, j'ai l'impression d'assister à une fête baroque, un carnaval. Les perdrix, les rats, les marcassins défilent grotesquement devant mes yeux. Ce n'est, dans tout l'appartement, qu'une vaste exhibition de huppes, d'écailles, de poils et de plumes. Je me mets alors à tourner sur moi-même, comme un dingue, et les bêtes éclatent en milles plaques colorées. Dans ces moments là , je fais des rêves de peintre...
Dehors, il flotte dru. Ca vous ratatine l'automne un temps pareil. Cependant, sous la pluie, il semblerait que la ville gagne en charme ce qu'elle perd en beauté. Une espèce de laideur envoûtante plane vaguement sur elle, vision d'une femme maquillée qui aurait trop pleuré. Même les arbres du parc, dont la rousseur s'estompe, n'en ressortent que plus prenants. Ils ploient mollement à l'exemple du visiteur confus qui, trempé de la tête aux pieds, n'ose trop remuer de peur d'inonder la maison. Et puis les gens se revêtent de capuches, on se croirait en pleine Moyen-âge! Je profite du spectacle. Pour un peu, j'irais courir dans les rues. Mais il y a le gardien : je ne me laisserai pas piéger...
Suite une autre fois peut-être...