Yèvre le Châtel
Il existe, à côté de chez moi, un beau village.
Un lieu où le temps se prend lui-même et ose,
Pour quelques générations, faire une pause,
Reléguant dans son oubli l’humain assemblage.
Des ruelles tortueuses toutes ornées de fleurs,
Qu’enserrent des murailles, enrichies de fougères,
Cachant de nos yeux les secrets qui se terrent
Derrière les pierres, qu’ils soient rires ou pleurs.
Le soleil se joue des ombres et une indicible joie
Imprègne les visiteurs éblouis par tant de beauté.
Le regard se perd, esbaudit par tant de portée
Et nous restons là , les bras ballants, sans voix.
Mais quand Apollon sur son char se retire,
L’atmosphère change et le cœur frémit.
Dans les rues désertées où l’âme gémit
On s’attend à tout moment à percevoir le pire.
Le zéphyr, qui aux femmes ce matin
Soulevait les jupes faisant rosir leur teint
Semble fuir la muraille où son chant s’éteint.
Le voici devenu fuyard, le petit plaisantin.
Le château redevient pour la nuit
Le maître du lieu, qu’il protège et effraie.
Tandis que ricoche le cri de l’effraie
Sur la muraille opaque où rien ne luit.
darkpixel
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Yèvre le Châtel
21 octobre 2008 - 09:05
Les caresses du temps II
06 octobre 2008 - 08:17
C'est le lot commun de tous les gens
D'échanger par l'antimoine le vermeil.
Aujourd'hui tu rends ses ors au soleil,
Le chaud métal remplacé par l'argent.
Ces plis qui, jadis, accentuaient ton sourire
Se creusent plus profond dans ta peau
Malgré les onguents dans leurs pots.
Le temps te caresse pour t'infliger le pire.
Il m'impose aussi ces changements
Qui me font dire bonjour, chaque matin,
A celui qui dans la glace regarde son teint,
Ce grand étranger au sourire charmant.
Las les minutes s'écoulent sans fin
Sur nos canyons de chairs fatiguées.
Pour remonter le courant, point de pagaie,
Nul avec Chronos ne joue au plus fin.
J'accepte pourtant avec reconnaissance
De patauger dans ce flot avec toi, mon aimée.
Peut m'importe où et quand sera l'arrivée
Tant que je pourrai profiter de ta présence.
Les danseuses de sang
27 septembre 2008 - 09:23
Les danseuses de sang
Le vent de l’été caressait vos têtes
Tandis que le doux zéphyr facétieux
Soulevait vos voiles jusqu’aux cieux
Dans cette journée aux airs de fête.
Que vous étiez belles sous le soleil,
Vous balançant toutes ensemble,
Sous le regard des aulnes et des trembles,
Sans que se froissent vos dessous vermeil.
Vous dansiez et le souffle léger
Faisait voleter vos robes couleur sang.
Sous mon regard, vous alliez rougissant
Bien que je ne voulais pas vous déranger
Qu’elles sont belles à contempler
Les rouges fleurs de coquelicots,
M’offrant dans leur sanglant caraco,
Un instant de repos, un bonheur complet.
Petits pas de danse
23 septembre 2008 - 04:24
Met donc tes chaussons et esquisse sur mon cœur
Quelques entrechats, des petits pas de danse.
Je suis là debout devant toi, sans défense,
Mon âme enfin débarrassée de toute peur.
Sur la pointe des pieds, gracieux oiseau
Exécute un pas chassé, petit pas de danse.
A genoux devant toi, sourd à la cadence,
Sous ton souffle magique, je me fais roseau.
Bras levé vers le ciel pour y puiser ta force
Fais moi un grand écart, petit pas de danse.
Que je m’émerveille devant tant de puissance.
Ta tête posée doucement sur mon torse
D’un petit pas de deux, mouvement de danse,
Nos deux corps s’enfuient dans une folle jouissance.
Plume d'Argent au champ
13 septembre 2008 - 10:08
Sous le chaud soleil qui brûle la terre
Qui griffe le champ ? Plume d’argent !
Triste poète, il fait partie des pauvres gens.
Ceux pour qui les richesses se terrent
Le sol durci dégage de la poussière
Les plantes ont soif et semblent fanées
Pour le bougre, une mauvaise année,
Mais quand sortira-t-il de sa misère ?
Soudain un grand bruit de carillon.
Le fer a heurté bien fort une pierre.
« Ce n’est pas ça qui remplira la soupière »
Se dit Argent en farfouillant le sillon.
Il en extirpe un objet à l’aspect métallique,
Lourd et luisant sous la fine poussière.
Argent en le voyant fait une courte prière
Pour n’avoir point cassé la pointe de sa pique.
Il frotte machinalement le rocher froid,
Le métal luit d’une chaude couleur dorée.
Plume reste planté comme un demeuré.
Rêve-t-il ou est-ce bien ce qu’il croit ?
Il raye de son outil le précieux métal.
C’est bien de l’or ! Adieu la pauvreté.
Il a là de quoi s’acheter une principauté
Ou, en ville, de tous les commerces les étals
Mais le cœur d’Argent est romantique,
La richesse lui importe moins que l’amour.
Lui voudrait une compagne pour toujours
Mais, devant sa misère, les femmes paniquent.
Argent, enfin de retour à sa chaumière,
Bat durement le métal pour le façonner.
Tard dans la nuit on entend le fer sonner,
Tandis que tremblote une petite lumière.
Le matin trouve notre Plume endormi.
Sur sa table repose une longue plume dorée.
Argent, au réveil, regarde son œuvre adorée
Une larme coule sur la joue de notre ami
Elle choit sur la belle sculpture d’or poli.
Argent dans son cœur implore Vénus,
A cet or il eut préféré, d’une femme, la venue.
Dans sa main, brusquement la plume mollit.
Dans un halo de lumières colorées
Apparaît une créature magnifique.
Plume reste béât, au bord de la panique,
Tandis que sourit la fille à la peau dorée.
Plume d’Argent est plus riche aujourd’hui
Avec sa belle Plume d’Or dans sa vie,
Qu’un riche qui aux autres fasse envie,
Mais se retrouve seul quand vient la nuit.