Il y a ce crissement de pneu résonnant à l'infini. Le bruit sourd du dure contre du dure, un craquement d'éternité.
Il y a ces cigarettes qui emplissent le cendrier de notre mémoire. Les souvenirs que l'on fume et que l'on crache par le nez.
Il y a les lignes imaginaires qui séparent les gens. Celles qui laissent des traces sur les corps dé-charmés.
Il y a le kaléidoscope des verres empilés. L'arabesque de la glace pilée sur l'asphalte.
Il y a la terre amygdalienne où il y a trop de rouge et de noir et si peu de blanc.
Il y a ce bonheur que l'on presse et l'aquarelle de nos désirs.
Il a les concessions privés, les tombeaux familiaux, les fosses communes et ceux qui n'ont pas de sépulture. Il y a ceux qui n'ont pas de toit, et ceux qui n'ont ni toit ni sépulture.
Il y a le linceul de nos rêves accroché au réveil matin. Il y a nos corps en pièces détachées sur le tapis roulant de la journée.
Il y a tous ces morts que l'on mange.
Il y a nos pelures d'oignons confites au soleil et il y a les milliers de briques que de petites mains retournent.
Il y a la douche froide du « et après ? ».
Il y a ceux qui font l'amour avec un doctorat de gymnastique et ceux qui le font avec un bout de plastic.
Il y a ceux qui craignent pour leur vie et ceux qui pensent à leur mort.
Il y a l'aiguille du destin qui ne respecte pas la limitation. Les aiguilles que l'on plante dans ceux qui ont sautés du train.
Il y a le poids de la culpabilité, le gouffre en double appel et la bouée sur le répondeur que l'on a pas écouté.
Il y a le monde qui se mort la queue et les miroirs qui ne reflètent plus rien.
Il y a le bain chaud du désespoir et la serviette de l'amitié.
Il y a les cure-dents qui se trompent d'orifices et les cotons en tige pour panser les plaies.
Il y a l'espace que l'on arrive pas à combler et l'air qui commence à manquer.
Il y a le geste de trop, celui qui tue et le fourmillement de ceux qui sauvent.
Il y a la brûlure de l'échec et la fracture de la honte.
Il y a la voiture accordéon qui joue une musique funèbre et l'éclatement du « pin-pon » des ténèbres.
Et il y a toi et tes yeux fermés, ta peau de marbre satiné, ta bouche bleue olive, ta mobilité intérieur qui n'est plus que chimique.
Et il y a moi, qui articule « c'est bien elle », et le drap que l'on rabat comme qui dirait il faut tourner la page...
Et il y a toi, et tes yeux fermés.
Et dans ma tête, il n'y a plus que toi, et ta bouche bleue olive...
prmiu
Inscrit(e) : 13 janv. 2008Hors-ligne Dernière activité : janv. 16 2008 07:14