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Turoldus1

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Publications sur Toute La Poésie

Oh !

03 février 2008 - 08:40

- S'il te plaît de le faire, et bien fais-le, si même

Il faudrait que je souffre en t'accordant cela,

Je le supporterai pour prouver que je t'aime

Autant qu'un dieu vivant et sans doute au-delà.



- Mais nul ne te le fit, c'est peut-être un problème…

- Il fallait un premier, tu seras celui-là.

- Mais je crains, mon amour, d'encourir l'anathème.

- Allez, fais-le, chéri, assez de tralala !



C'est ainsi qu'à l'aurore et sans fard ni contraintes,

Toujours inassouvis malgré leur nuit d'étreintes,

Discouraient deux amants sur des draps saccagés



Il le fit, je crois bien, car je vis la donzelle

Plus tard dans la journée emprunter ma ruelle

En marchant de guingois et les yeux ravagés.

Nostalgie

02 février 2008 - 10:05

Or, acier, diamants, bijoux de la très chère

Que l'on chanta bien mieux que je ne puis le faire,

Et sa jambe et sa cuisse et son ventre et ses seins

Qui suscitaient en moi de crapuleux desseins.



Ah ! se glisser encor dans sa couche adultère,

Redécouvrir le goût de son ardent mystère

Et mourir en hurlant le nom de tous les saints

En regardant ses dents lacérer les coussins.



J'ai rêvé que les jours inversaient leur parcours

Et que je retrouvais le temps de nos amours

Quand la sève à grands flots irriguait tous mes pores.



La fontaine est tarie, adieu brûlants transports

Où ma belle aux yeux verts n'avait plus sur le corps

Que sa peau couleur d'ambre et ses bijoux sonores.

Déclaration

30 janvier 2008 - 09:28

Je voulais t'écrire un poème,

Un sonnet rempli de mots doux

Pour te dire à quel point je t'aime,

Au point de me mettre à genoux

Et te jurer que quand bien même

Il faudrait braver le courroux

(Tant pis pour moi si je blasphème)

De Dieu, je le ferais pour nous.

Pour nous aimer jusqu'à la fin

Sans jamais assouvir ma faim

De ton beau corps, ô mon bel astre !

Hélas ! Je ne sais pas rimer,

J'ai beau peiner et m'escrimer,

Dès que j'écris c'est un désastre.

3 sonnets

29 janvier 2008 - 11:29

1 - L'arc

Qu'est-ce que c'est ? Voyons ! C'est l'arc diamanté

Qui jaillit comme un glaive au plus fort de l'été

Du lac ensommeillé au fond de son cratère

Et qui nous livre alors un peu de son mystère.

C'est l'arc étincelant, rouge, orange et bleuté

Qui, fouaillant l'azur d'un poignard de clarté,

Fait saigner le nuage et panteler la terre

Offerte avec ferveur au brillant cimeterre.

Souviens-toi ! La forêt, le ruisseau, le chemin

Dans la bruyère en fleurs et ta main dans ma main

Et les baisers goulus sans nul préliminaire.

Le sentier, les bosquets, l'arc en feu sont témoins

De notre amour juré pour finir centenaire

Et qui dura dix jours ou peut-être un peu moins.



2- Deuil

Le parterre est en berne au fond du jardinet,

La mésange et le merle ont cessé leur dispute,

Le pâtre a remisé discrètement sa flûte,

Le soleil s'est tapi comme s'il hibernait.

Le silence est partout, jusqu'à l'estaminet

Où de son œil bovin le bougnat muet scrute

Les buveurs accablés dont aucun ne discute

Ni du dernier loto ni de l'an qui renait.

La tristesse est dans l'air et dans le cœur des êtres

Tous les volets sont clos, aveuglant les fenêtres,

Le village est figé, foudroyé par son deuil.

Seul le vent ose encore agiter la bruyère

Le long du mur blafard du petit cimetière

Où l'on mit ce matin le poète au cercueil.




3- La relève


François Villon, mort sans tombeau

Et Baudelaire, immense perte,

Brûlé par son amour du beau,

Nerval pendu, livide, inerte.

Verlaine et son ami Rimbaud

Tués, l'un par la liqueur verte

Et l'autre à mener un chameau

En terre infiniment déserte.

Brassens et Brel ne sont plus là,

Ferré rugit dans l'au-delà

Ferrat se tait dans sa retraite.

La poésie est en péril,

Son existence est sur le fil,

Heureusement, je suis poète !