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bruno.g

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Hors-ligne Dernière activité : avril 22 2008 04:01

Publications sur Toute La Poésie

boite à sucre

27 février 2008 - 04:29

Boite à sucre


On y a mis des gâteaux secs
Qu'on prenait pour manger avec
De la compote faite maison
Parfumée cannelle que c'est bon !
Sur le couvercle en peinture lisse
Y avait Sissi impératrice
Des petits chiens et un carrosse
Ce qu'on n'aura jamais : c'est rosse
Ces trucs sont faits pour faire rêver
Une petite fille cheveux bouclés

A quinze ans elle regarde encore
La boite aux contours tout en or
Aux angles la peinture est usée
Laissant voir le fer patiné
Sissi n'a pas pris une ride
Mais un chien a perdu son bide
Une écaille de la peinture
A causé l'horrible blessure…
Suite au café dominical
La boite se cache on la remballe

A vingt cinq ans elle va chercher
Au fond du placard de l'entrée
La boite à sucre familiale
Dont les bords poissent un peu : normal
Elle a passé tant de dimanches
A trôner sur la nappe blanche
Tous les cousins ont caressé
Le dessin de Sissi lavé
Ils ont tous mis leur petit doigt
Dans l'écaille de peinture là

Même les régimes ont leur mode
Le sucre n'est plus dans les codes
Du rester mince, du bien manger,
Plus question d'en ingurgiter
Alors la boite est remisée
Au fond du placard de l'entrée
Sissi les chiens sont dans le noir
Pensant vivre toujours le soir
La femme de trente cinq ans passés
Semble les avoir oubliés

Jours ordinaires ou jours de fêtes
Sur la table trônent les sucrettes
Dans des petits distributeurs
Auxquels il manque des couleurs
Dans quels étranges paradis
Sissi, les chiens sont ils partis ?
Où est allée la boite en fer
Celle qu'il y avait chez sa Grand Mère
La dame de quarante cinq ans
N'y réfléchit pas un instant

Ils sont comme ça les souvenirs
On ne les voit pas revenir
Un oeil sur la boite retrouvée
Dedans deux trois fourmis crevées
Fallait vider le grand placard
Et sortir Sissi du trou noir
Pour retrouver en un instant
La douceur de tous ces moments
La dame de cinquante cinq ans
Racontera à ses enfants.

BG

Cuisines

26 février 2008 - 08:27

cuisines



Ils se retrouvent entre trentenaires
Sans faire d'efforts culinaires
Une raclette, des spaghettis
Y a pas à dire c'est chouette la vie.
Posé dans un coin le couffin
Parmi des CD des bouquins.
Il ne manque pas quoi qu'ce soit
Au bonheur : merci Ikea.


Ils se retrouvent entre quadras
A déguster un bon repas :
Assiettes dressées comme au resto
On n'fait pas dans « métro dodo »
Dans sa tanière le préado
S'isole pour mieux chanter faux.
Consommation c'est clair et net
Plein d'achats : merci Internet


Ils se retrouvent entre quincas
Dans un resto branché chaque mois :
Filets de loup, petits légumes
On a les moyens on assume !
Le jeune est universitaire
Il n'est plus là il faut s'y faire
On s'paie des meubles avec aisance
Merci à mobilier de France


Ils se retrouvent les sexas
A manger sans faire de cas
Dans la dînette du camping car :
Evasion culinaire comme art.
L'été prochain : un petit fils
Qu'on trouvera plein de malice
On suréquipe, il faut faire voir
Merci à Narbonne accessoires


Ils se retrouvent septuagénaires
A voir moins de monde c'est clair
On dresse la table dans la cuisine
C'est plus rapide, moins de fatigue
Revoir les enfants à noël
Faudra ressortir les gamelles
L'analyse de sang est tombée
Merci à la pharmacopée


On se retrouve chez Mamie
Manger en parlant de Papy
Saucer les plats avec du pain
Poser un regard sur ses mains
Elle évoque quelque cousin
Demande des nouvelles des frangins…
Les courses c'est pas de tout repos
Alors merci à maximo


On se retrouve au cimetière
Fin Octobre c'est l'aube de l'hiver
A poser dessus des cailloux
Des fleurs en pot, un bout de houx.
On évoque des souvenirs
Ce n'est pas là qu'on parle d'avenir
Puis tranquillement on va manger
Merci toussaint, c'est jour férié.

BG

uroscatismes

25 février 2008 - 09:55

UROSCATISMES




Elle racontait à son enfant
Qu'il ne fallait pas en parlant
Employer le vocabulaire
En usage chez les populaires
Elle a voulu lui faire croire
Qu'il y a interdiction de boire
Les mêmes lampées de grossièretés
Qu'ils aiment tant régurgiter


La métaphore uroscatique
A des penchants scatologiques
Des détours très urologiques
Qui interdisent sa pratique
Aux petits garçons bien élevés
Qui se retrouvent tout étonnés
D'entendre pour la première fois
Des mots couleur pipi caca


Il fallut bien qu'il s'habituât
A l'école à tous ces mots-là
Il a même ressenti aussi
Le désir tout au fond de lui
De se jeter dans la bagarre
Des échanges de mots crus car
Il avait très vite compris
Qu'ils feraient partie de sa vie


Ce fut dur de passer de l'un
A l'autre des champs lexicaux
Il fallait bien qu'il fût malin
Pour utiliser les bon mots
Devant Maman langue fleurie
Loin d'elle tous les mots maudits
Mais ceux bannis des bancs d'église
Entre copains furent ceux de mise


Il prit des bains de grossièreté
Comme c'était bon de s'engueuler
Pour bénéficier du plaisir
De dire ce qu'il y a de pire
Il fut peu à peu un expert
Des mots crus du langage vert
Il se consacra à l'argot
Il en étudia chaque mot


Mais plus que tout ce qu'il aimait
Se rapportait aux cabinets
Evoquait le tube digestif
De l'écharpe jusqu'au calcif
En n'oubliant pas l'estomac
Et les tracasseries du foie
Il adopta ce vocabulaire
Mais ne le dit pas à sa mère

BG

missive intestine

25 février 2008 - 09:51

Missive intestine



Je l'ai en travers de la gorge
Ce rendez-vous de la saint-Georges
Une pilule qui ne passe pas
Et qui me reste sur l'estomac

Je n'arrive pas à digérer
Cette attente l'estomac noué
J'ai tant de fiel à déverser
J'ai tant de bile accumulée


Je sais j'devrais laisser pisser
Me dire:" j'en ai rien à péter"
Au lieu de ça je me fais chier
Je continue de m'emmerder

J'en suis encore tout barbouillé
J'en ai plein l'cul de poireauter
Dire "merde alors" c'est exprimer
Ma lassitude de son toupet.


Elle est à vomir cette idée
Rien qu'd'y penser ça m'fait gerber
L'imaginer m'fout la nausée
D'à nouveau l'aller rencontrer.

Voila pourquoi j'écris cette lettre
Pour lui dire où elle peut se mettre
Son intention d'un rendez-vous
Où je l'attendrais à genoux.

Depuis cette prise de décision
Mes boyaux sont en rémission
Plus aucun tracas plus de tics
Plus aucun trouble somatique.

En tout cas grâce à elle je sais
Que tout ce que nous vivons est
Digéré par nos intestins
Exprimé par des mots malsains


Je garderai en souvenir
De cet amour-là, à vomir
Des envolées de mots lyriques
Glanées au champ scatologique

BG

tue l'amour

24 février 2008 - 08:55

Tue l'amour



Tu logeais près de la Moline
Là où la Seine coule câline
Du vasistas entrebâillé
On sentait la fraîcheur monter
Qui venait douc'ment caresser
Nos corps nus et entrelacés
Sur la table les restes d'un repas
Verres de vin laissés comme ça
On aurait dit un paradis
Volupté garantie à vie


Tu as voulu boire le bonheur
Jusqu'à la lie, gare au malheur
Que je sois là chaque minute
Tout près de toi, ça se discute
Que l'on mélange notre linge sale
Tout ensemble dans la même malle
Me voir dans ton lit le matin
Me voir dans ta salle de bains
Tu ne voulais plus me guetter
Ne plus attendre mon arrivée


On a trouvé l'appartement
Pour héberger les deux amants
C'était au milieu des Sénardes
On dit adieu à la mansarde
Ascenseur parkings encombrés
Des mômes dans les escaliers
Le bruit de la vie des voisins
Leur cuisine et tout le tintouin
Retour de chez Conforma
Tournevis, clic-clac, colle à bois


On avait fini nos études
On a pris de vraies habitudes
C'est quand on croit que c'est gagné
Que l'on commence à déraper
Petits plats pour toi préparés
Qui ne sont jamais digérés
Ça finissait en flatulences
Pas même dans le lieu d'aisance
De digestives servitudes
Venues troubler notre quiétude


Les tomates c'est sans les pépins
Accordé un morceau de pain
On a banni les légumes secs
Le choux-fleur faut pas faire avec
Eliminés les salsifis
On ne tolère pas les radis
Le concombre remonte la journée
Interdictions sur les navets
Nos musiques corporelles mêlées
Ont fini de nous dégoûter


Ces agacements olfactifs
Ces régimes à but digestif
Ces soirées de ventres gonflés
Je n'ai plus pu les supporter
J'ai plié armes et bagages
Fui la malodorante cage
Je suis parti me réfugier
Sous un toit rue de la Cité
Mais pourquoi est venu ce chat
Avec sa litière fumante là ?

BG