CELA faisait trois siècles que le général Hamilton n'avait pas brossé ses dents et des marques noires s'affichaient deux par deux et sans honte sur chacune de ses molaires. Il sonne donc les laquais.
- Servants, larbins, acolytes, amenez chalumeaux, barres à mine, pailles de fer et vitriol. Sacrez vous maréchal ferrant, forgerons et alchimistes, le printemps du nouveau siècle sonne l'heure de mon bain dentaire.
La troupe:
-Nous voilà , sire !
-Bien, bien. La tâche va prendre de la semaine : il me faut la gueule bonnard et fraîche car bientôt je parlerais au peuple. Faites fondre le plomb et toi, Amuseur, fais-ton office.
L'amuseur sort un livre, le feuillette, puis trouve un passage et le lis dans sa tête, puis, à voix haute et détachée:
-« Celle-ci se termine volontiers de façon frénétique et orgiaque dans une débauche nocturnes de bruits et de mouvements que les instruments les plus frustes, frappés en mesure transforment en rythme et en danse. La masse humaine, grouillante, ondule en pillonant le sol, pivote par secousses autour d'un mât central. L'agitation se traduit par toutes espèces de manifestations qui l'accroissent. Elle s'augmente et s'intensifie de tout ce qui l'exprime: choc obsédant des lances sur les boucliers, chants gutturaux fortement scandés, saccades et promiscuité de la danse. LA VIOLENCE NAÎT SPONTANÉMENT. De temps en temps des rixes éclatent: les combattants sont séparés, portés en l'air par des bras vigoureux, balancés en cadence jusqu'à ce qu'ils soient calmés. De même, des couples quittent soudain la danse, vont s'unir dans les taillis voisins et reviennent prendre leur place dans le tourbillon qui continue jusqu'au matin. »
-Haha ! Bravo amuseur. Enfin, voilà qui est triste, et maintenant tu me fais pleurer. Va, va-t-en ! La fête est le temps de la joie certes, mais aussi celui de l'angoisse. Ainsi frémis-je de peur à chacun des toquements de porte de la saison terrible qui vient, qui veut venir imposer sa présence. Je sens devoir frémir plus, mais j'irais ouvrir la porte si je ne suis pas terrorisé de convulsions. Nous verrons alors si le visiteur est la mort ou si le visiteur est Dieu, ou bien si le visiteur est le vent qui joue. Voilà qui est parlé, faites maintenant entrer LE shaman.
Le shaman entre et dit:
-Je suis venu vous dire qu'alea jacta est, ainsi en ont décidé les forces qui m'adressent parole, ainsi ont-elles décidés que je vous le dise. Ainsi l'aigle m'a appris qu'ici aujourd'hui se décide le futur de la vitre terne de l'employé. Ainsi général Hamilton, patriote et nationaliste, sauveur de la France, vous rêvez et je vous apparais dans ce rêve en vous conseillant: rejoignez ceux qui croient que le sacré en-dessous sortira chasser le profane du-dessus.
-Que se passera-t-il ?
-Ce qu'il se passe après ce qu'il se passe aujourd'hui, selon les paroles que l'on m'a confié.
Anarchie
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