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Publications sur Toute La Poésie

Le Rêve

13 juillet 2009 - 10:52

Le Rêve

L'archipel de sa raison vogue à l'horizon ;
L'oraison du Nègre, aux allures de marbre,
S'égare dorée dans les cieux éclatants.
L'Infini s'ouvre à lui et l'enchaine inconscient.


I


L'Infini s'est ouvert ! Et tout ses sangs s'écoulent ;
Plus noirs que les nuits égarées de l'Afrique,
Baignés dans les sables acides de l'inconstant,

Flous de flots inconscients déversés par les Très :
Les mers lymphatiques, aux remous argentés,
Éclatent les Riens contre les rochers ardents !

Des armadas éclatants voguent tout là-haut :
Tais-toi ! Écoute-les, ils flottent en un murmure,
Ces cotons trempés par l'Ether des bleus azurs.
De leurs canons filent des lumières opales ...


II


Regarde ces soleils ! Ils volent et volent encore !

De tout ces sangs découlent, en un soupir astral,
Les ancres stellaires des Rêves indomptés.


III


Une odeur de ruine échappe son palais ;
Après les encres noires de la nuit de glace,
Après les temps-vols et ses frégates anglaises
Après les serpents rieurs des marbres vaudou,

Aux airs de prés rouge - colériques encens -
Les vastes champs de Mars, perdus dans l'éperdu,
Brûlent ton cerveau et défilent incandescents :
Les vertiges de l'an mille s'en souviennent !

L'archipel de l'irraison vole l'horizon ;
Et la Raison meurtrie, perdue dans l'espace,
Flotte inconsciente, noyée par la nuit.

L'Autocar de Nuit

24 mai 2009 - 09:51

L'autocar de nuit

Un piano s'éveille sous la nuit vinyle,
Les lumières s'échappent au fond du car.

Assis contre la mousse les notes défilent,
Dehors les bandes filent à la vitesse des phares ;

Seul dans l'autobus je m'en vais vers nulle part.

Le chauffeur harassé rétrovise ses yeux livides :
L'ombre des riens recouvrant l'essieu du ciel,

Il scrute l'horizon quand d'un trait d'aquarelle
L'étincelle d'une comète brûle l'aurore acide.

Le Rapport d'Autopsie

24 mai 2009 - 09:48

Le Rapport d'Autopsie

Heure et jour du décès : Sexe heure trente-trois,
Nuit ensoleillée, le trente-et-un du mois.
Nom de l'innocente : [info. confidentielle]
Motif de l'inconscient : [erreur circonstancielle]

Les yeux de la victime sont entre-fermés.
Excroissance imprévue des glaires cervicales.
On note la présence, dans sa main calcinée,
D'un bijou blanc d'enfant aux couleurs médicales.

Sous la nuque se dessinent des lignes bleues,
Vertes, rouges, vomissures de coups scabreux,
Fautes de frappe sur des touches d'encre noire.

L'infante enfanta en ses seins âcres d'ivoire
Des parfums innocents ! A l'âge de quinze ans ...

Son pubis irrigué par les eaux maladives,
Infecté par l'acte d'insectes et d'abject,
Peint une fleur brûlée d'illusions lascives.

Dans le bloc C vingt-deux, sur la table stérile,
Gît ouvert le corps meurtri et baignant de bile
D'une Vénus noyée par les eaux du Styx ;
Les Enfers de la morgue y renferment la nixe.

Heure et date de naissance : Dieux heures du matin,
Aube inconsciente, le premier jour de l'an ;
L'indolente enfant par pudeur cache ses seins
Sous le plastique d'un cryogène indécent.

Il est également possible de lire ce poème en commençant par la dernière strophe (lire à l'envers, mais strophe par strophe, non pas vers par vers). J'ai voulu y placer deux visions; celle, très sobre, d'un rapport d'autopsie, mais brouillée par la vision du médecin légiste fasciné par le corps de l'enfante.

La Montagne

19 février 2009 - 12:07

La Montagne

En hiver le matin, et sous son blanc manteau,
La montagne rêve de ces nuées d'oiseaux
Qui entrainés par leurs incandescents nuages
Voguent dans les cieux, jusqu'au delà des âges.

En automne en son sein, les feuilles diluviennes
Des troncs noirs s'embrasent et forment sur la terre
Les rouges feux amers aux saveurs de lumières :
Les parfums nous distillent des saveurs indiennes.

En été c'est la fin ; et quand les fleurs nous chantent
Beautés délicieuses et espérances lentes,
Le temps a fait du val, aux charmes intrépides,
De morts florilèges aux mélancolies arides.

Et au printemps enfin, au réveil de la vie,
La montagne s'envole ! Elle atteint les étoiles,
Atteint les cieux ouverts, les riches paradis :
Et y arrache encore une sublime toile.

Baudelaire

16 février 2009 - 06:11

Humant lesdits parfums des feux tamariniers,
Je vogue sur ma barque vers de lointains pêchés,
Suivi de mes mots, encore tout engourdis
Par les récits maudits des sombres paradis.

A l'orée des jongles et frôlant les côtes,
Mes rames se taisent pour qu'enfin chuchotent
Les chants des morts, aux râles orgiaques.
Suivant les pousses épiphytes, les mousses,

Mon chemin semé d'ananas, noix de coco,
Comme d'autres délices aux apparats éclos,
Me mène malgré moi aux tribus anthropophages
Où mes rêves se changent en un blanc sarcophage.