alexienne

Ma présence inutile
t'accompagne
aussi fidèlement
qu'abeilles sur tes roses
que puces sur tes chiens.

Mes chants futiles
parfument
timidement
tes nausées,
tes tourments et tes veilles,
tes combats
tes chagrins.

Quand mon amour
n'est pas écrit
dans tes pensées,
mes larmes
s'effacent tristement
sous un masque de joie.

En gitane envoûtée,
je relis dans mes paumes
mes rêves insensés,
sur ma ligne de coeur,
je te dessine et je te guette.

Là!
Je te vois danser...

Dans ton pays,
colin-maillard et chat perché
un deux trois soleil
touchée cachée
touchée coulée,
Alice
les yeux bandés
apprivoise ses peurs
devine tes merveilles.

Dans ton pays
de bises hivernales
des lutins faméliques
enlacent tendrement
des princesses d'azur
sur des braises nuptiales,
mes baisers et tes lunes
s'épousent avidement
sur des velours d'étoiles.

Dans ton pays,
tes miels et tes acides
s'enroulent en tornades
tout autour de mon âme.

Au péril de mon coeur,
Perette maladroite
je danse à l'infini
sur tes brisures de rêves,
imposant à ma peau
des chauds froids insensés,
cicatrices fatales
de tes notes brulantes
de mes larmes glacées...

Que

Contre vents et misères
chien mystique et sauvage
il chevauche montagnes
prairies et pâturages,
à cru,
c'est un homme en colère.

Dans ses yeux des éclairs
dans sa voix le tonnerre
outils de pèlerin
maillet compas équerre
une hache de fer.

Brûle sur son passage
ronces mauvaises herbes
déchaîne des orages
sur des steppes arides
il sème à la volée
des graines de partage,
cet homme est en colère.

Il résiste et combat
puissants et scélérats
il offre ses caresses
son pain dur,
ses veaux gras.

Des larmes en silence
pour sa lourde impuissance
poings serrés sur les hanches
repousse et tord le cou
des bêtes malfaisantes
qui condamnent les hommes
à marcher à genou.

Sur sa peau cicatrices
stigmates et guenilles,
dans son coeur des douceurs,
les rêves les promesses
des cerisiers en fleur.

De retour de ses guerres,
il fouille dans ses poches,
m'offre timidement
une pierre brute et blanche,
une rose en bouton
implore mon pardon.

Se couche dans mes mains,
s'abandonne se livre
et je pars à l'assaut,
conquête pacifique
de ses îles secrètes.

Dans un torrent d'amour,
je bois avidement
les volcans de passion,
paradis bouillonnants,
océans en fusion,
d'un poète debout...
de mon homme en colère.

Cheveux épars
reflets incandescents
cambrure veloutée
indécente orchidée
pétales d'innocence.

Ses cuisses qui s'enroulent
autour de ton désir
paupières de satin
sur abîmes de soie,
les mystères de son corps
à tortures te condamnent.

Ordalie!
Sur les murs de la chambre
étoiles de justice
sorcières de sentence.

Onde blasphématoire,
ton coeur à la dérive
flotte coquille de noix
sur les eaux noires du Nil.

Ton amour à l'épreuve
de la glace et du feu
boursouflure froidure,
ta raison se déchire.

Son regard qui se plante
beauté pure inquiétante
inquisition brûlante,
des volutes d'encens
des larmes d'eau bénite.

Ordalie!
Un brasier sur ta chair
ton ventre s'arc-boute
hurlements de tes nerfs.

Au fer rouge,
une femme aux yeux d'ange
plaque sur ta peau blanche
pour jugement divin,
un sceau inexorable...
l'empreinte de son âme.