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Sari d'orcino

Inscrit(e) : 26 juin 2008
Hors-ligne Dernière activité : juin 17 2011 06:29

Publications sur Toute La Poésie

Tempête vespérale

05 juin 2011 - 10:40

Tempête vespérale

Une houle de météores plombe la Terre ;
La ligne rouge de l’horizon s’amenuise ;
Piégés dans l’huître qui se clôt par surprise
Nous contemplons l’escarbille dans sa fuite amère…

Dans l’Ouest indigo, un front sombre s’affaire,
Au Sud, l’aquilon lisse les volumes ;
Mais le jardin, dans un silence d’enclume,
Médite la venue de l’œil dépressionnaire…

De la fenêtre s’enfui géométrisant
La ligne des toits gris des masures endormies,
Et nous parvient distillés, les senteurs enfouis
Des corolles que d’un baiser nous cueillions enfant

(Silence)

Tout bascule soudain dans un chaos délirant…
Les ramures noires torturent un espace en transe,
Les troncs grincent, la nuit siffle en dissonance,
Les frissons courent comme les risées sur l’étang.

De cet enfer sensoriel, Jupiter s’active,
Pique la nuit de son métronome d’éclairs,
Fige ma vision d’illuminations austères
Tels des souvenirs qui vous hantent et vous suivent.

(Silence)

Ensemble, de nos mains tremblantes et candides
Nous attisions le feu pour sécher nos affaires.
La flamme dansait sur nos deux corps lunaires
Et la nuit tournait dans un sablier vide…

(Silence)

Ce matin, à cinq heures, l’orage grondait lointain,
Mais il ne pleuvait plus.

Sari d'orcino

les vignobles Blayais

02 janvier 2009 - 08:52

Poème sur les vignobles Blayais :


Aux mémoires des batailles,
La terre, du sang, s'est nourrie;
Vin, Homme, à jamais unis
Sur les longs coteaux de Blaye.

De la Gironde à l'horizon,
S'étirent des vallons de vignes,
Qu'un peigne géant et digne,
Coiffe à la sueur des fronts.

Dans l'antre des grands châteaux blancs,
L'odeur boisée des fûts de vin,
Se mêle aux secrets souverains,
De l'alchimie alliée du temps.

Les rosiers s'exaltent au départ

De rangées droites effilées,
Où la vigne apprivoisée,
Se parent de perles nectar.

Les ceps noueux des franges,
S'empourprent au clair d'automne,
Et les lourds sarments s'étonnent,
Au chant joyeux des vendanges…

Aux mémoires des batailles,

La terre, du sang, s'est nourrie;
Vin, Homme, à jamais unis
Sur les longs coteaux de Blaye.


Sari d'Orcino.

écueil

25 août 2008 - 07:17

A mon Oncle Jacques...


écueil



Bouquet d'écumes à fleur d'eau,

Sépulcre vespéral,

L'écueil! Dans les bateaux

Aiguise ses sépales…

L'écueil émerge

Les bateaux sombrent

Une robe en neige

Pour cacher l'ombre.

Un port, une place vide,

Un anneau qui se morfond,

Des femmes au teint livide,

Qui fouillent en vain l'horizon…

L'écueil émerge

Les bateaux sombrent

L'espoir en neige

Pour denier l'ombre.

Au requiem frimas

Les larmes font tempêtes

Et les veuves en pataras

Adjurent à tue-tête…

L'écueil émerge

Les bateaux sombrent

Les larmes en neige

Pour pleurer l'ombre

Flanelles au vent d'hiver

Signent le chagrin du temps

Que les embruns amers

Emportent dans leurs élans…

L'écueil émerge

Les bateaux sombrent

Mémoires en neige

Pour chasser l'ombre.



Sari

Nous, le Huit !

17 juillet 2008 - 09:19

Nous, le Huit


Sur le lac éteint aux éparses risées

Miroite le teint fauve des roseaux figés ;

Les cieux et l'onde se font face

Mais le huit à l'interface

Est un baiser.


Dans un élan constamment renouvelé

Le bateau roi glisse dans l'immensité

Dessinant l'étroit sillage

Dont les bouillons de passages

Forment l'allée.

L'eau fendue soulève par petites bouffées

Les parfums légers d'une chasse gardée.

Et dans la fraîcheur du soir

L'esprit paisible vient s'asseoir

Et se ressourcer.

On entend sourdre des sous bois éloignés

Les courts échos mourants des coups cadencés.

Et la carcasse entière résonne

Chant puissant qu'entonne

Son âme libérée.

Nos longs avirons tournent ensemble au carré

Ultimatum de la prochaine poussée.

Les cormorans regardent perplexes

Ce drôle d'engin complexe

Qui cherche à voler.

Une coque, des hommes, deux combats liés

La coque porteuse s'oppose à la gravité

Les hommes, eux, aux forces visqueuses

Mais de cette entente heureuse

Jaillit la vérité.

.

Nous ne sommes plus des hommes, mais une entité

De chairs et de bois aux angles profilés.

De nos mains à l'épinglette

Le levier est la gâchette

De nos seules pensées.

Huit rameurs, un barreur, une seule conduite :

Une équipe pour ramer toujours plus vite,

Dans la souffrance, pas de fuite

Nous les frères, les hoplites

Nous, le huit.

Le crépuscule

08 juillet 2008 - 08:45

Crépuscule



Aux soupirs du blême entracte

Les ramures bercent intactes ;

Et les derniers chants des oiseaux

S'étouffent dans le noir fardeau,


L'éphémère s'enfuit

L'entité s'effraye

Et la vie tarit

Quand la nuit s'éveille.


Les contours, au temps, s'effacent

Brefs souvenirs perdant leurs traces ;

Et la maladive odeur des fleurs

S'évapore des corolles en pleurs,


L'éphémère s'enfuit

L'entité s'effraye

Et la vie frémit

Quand la nuit s'éveille.



Et les échos pourpres d'hiver

Mêlés aux secrets des prières

Se troublent de lueurs fatiguées

Aux suaires des tombes enneigées,


L'éphémère s'enfuit

L'entité s'effraye

Et la vie s'oublie

Quand la nuit s'éveille.