Serge Mathurin THEBAULT

UN MORANDI


Sur ma table en ce moment

un couteau courtise une fourchette

tandis que le panier en osier étale

les éléments étranges de son grenier :

ciseaux, boites d'allumettes et mie de pain

c'est un décor bizarre pour une cérémonie

pour cueillir des mots au milieu du silence

découper un soleil et le métamorphoser en lune

apprivoiser un volet pour en faire un fauve

inclinant sa gueule criarde sur le dos des passants



un moment intime de poésie.


Serge Mathurin THEBAULT

J'aime changer d'environnement
comme une coquette change de vêtements
Les amitiés qui durent longemps
dans la promiscuité du quotidien
me font l'effet d'un habit trop rapiécé.

J'ai des amis depuis vingt ans
Je les vois une fois par an
Cela suffit pour parler
en terme de félicité.

J'aime inventer les gens que j'aime
Les auréoler de tous les caprices
Les glorifier de toutes générosités.

Je ne veux pas les voir enclins à se soumettre

Hélas, ils le sont souvent.

Alors, fataliste, je vais pêcher au milieu de leurs yeux
la pincée d'étincelles qui nous rassemble.

A cet excercice
- je l'avoue -
Je ne suis pas mauvais du tout.


Serge Mathurin THEBAULT

La sensualité au chantier

s'éprouve au contact

de la mousse incurvée

dans la pierre


la main y est plus caressée

que caressante


les bras deviennent légers

car ils sentent pousser

les ailes qui leur manquent


Serge Mathurin THEBAULT