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Aksel

Inscrit(e) : 01 janv. 2009
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Publications sur Toute La Poésie

Vacance

10 mai 2009 - 08:10



Image IPB
Désert, Aksel, huile sur toile 70/50



Lumière minérale, blanche
Où l'esprit dévoilé se dénude
Dans la plénitude du vide
Féconde solitude
Horizontalité des lignes sûre
Où s'ébroue libre le regard,
Et l'âme intense s'épure
S'habille d'or et d'azur
Convoite l'immensité pure,
Silence bruissant de confidences
Juste dans un instant d'éternité,
Désencombrement de soi.




Quand le verbe...

08 mai 2009 - 07:40

Quand le verbe rime avec acerbe…
Et les mots dénoncent les maux
Quand les vers se remplissent et coulent à flots
Comme du sang d’encre sur la page vierge
Le poème est saisi de convulsions
Le stylo s’accélère sur les lignes
En hémorragie de métaphores et de signes

Quand tu écris au-delà du beau
Par delà le silence et les barreaux
Pour parler du vrai et du faux
D’une écriture sans fioritures
Pour dénoncer les forfaitures
D’une époque injuste et dure

Quand tu n’écris plus pour dire « je t’aime… »
A des cœurs doux, sensibles et blêmes
Avides de paroles comme glaces à la crème
Dégoulinantes de chantilly et de « love »,
De baisers moroses et de désirs fauves

Quand tu écris pour les Sans voix
Pour dénoncer les sans foi ni lois
Comme un prophète semant des anathèmes
Sur les criminels de l’odieux système
Quand tu n’écris plus pour pleurer sur ton sort
Comme un pauvre couillon hurlant à la mort
Quand tu te presses comme si c’était ta dernière heure
Des mots- talismans pour conjurer l’horreur
Une solennelle déclaration sur l’honneur

Quand tu portes une ceinture de poèmes
Explosifs d’un désespoir extrême
Le Poème saigne sur les lignes
Des larmes de l’Amour qu’on assassine
Les larmes de cendre de ceux que l’on opprime
Les larmes d’encre d’une Terre qu’on abîme
Pour davantage de confort, pour plus de plaisirs!
Plus de pouvoir et plus de croissance !
Plus de bruit et de fureurs !

Quand tu n’arrives plus à te taire et que tu pleures
Ne te demande pas à quoi ça sert :
Le poème est un cri de colère
Le poème est une arme qui libère,
Les belles chansons s’envolent
Mais le cri du poème demeure.

Le convive

06 mai 2009 - 07:26

Il pénètre dans le palais
Tel un fier et noble seigneur,
Savoure délicatement le mets,
Puis soudain se met en fureur!

Il bave, s'agite et se presse,
S'enfonce et se retire comme un fou;
Eperdu, il cogne sans cesse,
Puis il dégueule tout son saoul!

Alors il se calme, hébété,
Epuisé par son délire,
Puis ressort, l'air dépité,
Anéanti par son plaisir.

De l'insoutenable vulnérabilité du poète

05 mai 2009 - 04:47

Les mots sont traîtres; la poésie, encore plus que toute autre forme d'écriture, plus que tout autre art, est un miroir déformant, indiscrète, fragile, manipulée par les curieux pour interpréter, fouiller l'esprit de son créateur: face à une peinture le spectateur se contente de regarder, au mieux d'admirer ou de porter un jugement sur la valeur du travail, dissociant la personne de l'auteur de ce qui est donné à voir; face à une œuvre musicale l'auditeur se contente aussi de savourer le produit, en se l'appropriant et en l'adaptant à ses propres émotions, même lorsqu'il s'agit d'une chanson: on ne cherche pas à s'immiscer dans l'âme de l'interprète, ni à dévoiler ses sentiments.

Mais dès qu'il s'agit de poésie alors toutes les interprétations les plus impertinentes semblent permises, les suppositions et indiscrétions,voire le voyeurisme sont de mise: on ne se contente plus de considérer le poème en lui même, en tant que produit artistique, travail créatif, mais on pense avant tout à son auteur, on cherche à déceler ses intentions secrètes, ses aveux et ses non dits, pour le plaisir de dévoiler, connaître ses intentions secrètes et juger.

Quand un artiste produit une oeuvre on la considère pour elle même, on l'accepte ou on la rejette, sans aller plus loin dans des suppositions personnelles qui restent du domaine des étudiants et chercheurs qualifiés. Mais dès qu'il s'agit de poésie, encore plus s'il s'agit de poésie d'amateurs, soumises à la lecture publique, on se permet de prendre chaque mot, chaque vers, pour un indice biographique révélateur; si le poème est de tonalité triste on va vite se poser des questions sur les états d'âme de l'artiste; s'il est d'un registre dramatique on supposera le pire et s'alarmer! S'il y a la moindre ironie ou grivoiserie on va taxer aussitôt l'auteur de méchanceté ou de perversité, si le poème est outrancier on va considérer l'auteur de psychopathe...

Ces considérations de personnes abusives n'existent aucunement dans les autres formes d'art, en général le créateur est libre de s'exprimer comme il l'entend, se permettre même d'être outrageant, on applaudira l'œuvre ou on la critiquera pour elle même et la personne de l'auteur ne va pas être passée au crible des jugements. Quand Renoir peint un nu bien en chair, personne, sauf les esprits mal intentionnés ne vont le considérer comme un obsédé sexuel, mais on va l'applaudir, admirer ces tonalités chaudes, ces formes pleines, la joie de vivre qui se dégage de l'ensemble... Même un chanteur peut se permettre de tout dire, Lemon incest que Gainsbourg interprète avec sa fille Charlotte par exemple, on va aimer ou rejeter sa chanson ambigüe sans taxer l'auteur de pervers. Mais dès qu'un poète s'exprime, à fortiori lorsqu'il s'agit d'un amateur de poésie anonyme, tous les indiscrets, les moralisateurs, vont prendre au premier degré ses mots, prendre pour de l'argent comptant ses paroles, croire révélatrices et vraies les humeurs qui se dégagent de sa poésie: ce n'est plus l'œuvre qui est considérée pour elle même, mais la personne qui la signe qui est visée et critiquée.

D'où ces commentaires alarmistes si le poème est tragique, ces susceptibilités affichées quand le poète est ironique, etc. Le poète est tenu à se justifier, à rassurer, à abjurer ses propos, à crouler sous les compliments si ce qu'il dit est admirable... Alors que dans toutes les autres formes artistiques de telles considérations de personnes n'existent pas, ou rarement…

Alors je vous prie de ne pas me taxer de suicidaire s'il me plaît d'écrire un poème sombre, ni d'illuminé si je fais dans le mysticisme ou de chaud lapin quand il me plaît d'être léger, ne vous inquietez pas de ma petite personne, faites abstraction de l'auteur, ne recherchez pas de détails croustillants et ne considérez que la valeur esthétique de l'écrit en tant que produit littéraire et non comme de l'exhibitionnisme ou une confidence personnelle affichée à tout venant!

Ravissement pathétique

04 mai 2009 - 11:57

J'aime les poèmes tristes
Les sombres toiles et les musiques grandioses
Exquises plaintes des artistes
Où le cœur vibrant de chagrins, explose
Essore des pleurs inconsolables et divins
J'aime les gémissements délicats
D'une âme défaite par les tracas
De l'amour, de la vie et de l'ennui,
Les aigreurs d'une âme à jamais inassouvie…

J'aime ce noir sombre et sublime
Qui dégouline comme de l'ambre des rimes,
Plus vrai et plus touchant que l'éclat du soleil
J'aime quand saignent ces mots vermeils
Dépourvus de toute espérance, des sordides vanités
Quand la plume touche le plus creux de l'absence
Et crève l'abcès purulent de l'existence

Non ces poèmes geignards, mièvres et lourds
Ces jérémiades des médiocres et des aigris des jours
Mais ces complaintes profondes qui dévoilent l'abime
Mais ces symphonies sublimes qui révèlent l'intime
D'une mélancolie irrésistible où s'étrangle l'espérance
Ainsi que le cœur d'un Christ transpercé d'une lance
Ainsi que l'astre du jour qui sombre dans l'obscur précipice

J'aime les poèmes tristes comme une procession funèbre
Quand le malheur devient beau et la mort que l'on célèbre
Défile lentement, dans une belle et solennelle harmonie
Quand le silence suprême et implacable vous saisit
D'une caresse lugubre et d'un soupir étrange
D'une larme tendre et profonde, comme le sourire d'un ange
Ô cet insoutenable, indicible frisson des profondeurs !
D'une Madone levant les yeux au Ciel muet et moqueur !
L'idéal exsangue et défait gisant dans ses bras…

J'aime ce masque narquois, cruel et sincère de la vie
Qui vous nargue de vérité et de splendeur, vous écrase de mépris
Vous transperce jusqu'au plus fragile de votre ego de misère
Et vous arrache un sanglot authentique, une pensée amère,
Quand il n y a plus de faux semblant, quand cesse la comédie
Et que ne demeure que la désespérance, Muse des Poètes maudits!