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gauthier43

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Hors-ligne Dernière activité : févr. 11 2009 09:26

Publications sur Toute La Poésie

la guerre

11 février 2009 - 08:50

J’AURAI ETE DESERTEUR

J’ai fait un rêve,
j’ai rêvé que j’étais soldat.
Juste trois petits pas en arrière,
en remontant le temps,
et je m’étais retrouvé dans un univers de feu,
d’acier et de sang,
un univers de glace,
où l’hiver des hommes avait engourdi tous les cœurs,
qui ne demandaient qu’à battre.
J’avais posé mon fusil.
Il refusait de tirer.
Il avait une âme.
J’étais las, habité d’une grande lassitude,
égale à la hauteur de mon impuissance.
Pour peu, je me serais laissé tuer ;
Les idées noires recouvraient le rire du soleil.
Il poussait du sol meurtri des froideurs métalliques.
Heureusement notre amour était là,
qui veillait dans l’ombre, à maintenir la flamme.
Mes mains étaient devenues inutiles, encombrantes,
elles ne savaient plus quoi faire ;
Pour les occuper,
je leur ai donné mes illusions à triturer.
Mais les illusions cela veut vivre, cela veut espérer.
Alors j’ai
déserté et je me suis enfui,
loin de ces champs de croix,
où les êtres primaires,
envahis par des noirceurs suprêmes, s’étripaient.

ou était dieu

09 février 2009 - 09:56

OU ETAIS TU ?

Dis, qu’en as-tu fait, Dieu,
de ce siècle mourant?
Dis, qu’en as-tu fait?
Où étais-tu, ce 24 avril 1915 ?
Avais-tu tourné la tête
pour ne pas voir les forces turques haineuses
égorger tous ces Arméniens chrétiens, innocents ?
Où étais-tu, Dieu, enfin ?
Avais-tu tourné la tête,
pour ne pas voir tout ce sang au bord du chemin ?
Dis, où étais-tu, Dieu,
en 1917 lorsqu’on tuait les hommes, dans les tranchées,
qui refusaient de devenir des assassins voulus par l’Etat ?
Où étais-tu, Dieu,
quand les fusils de 1936,
visaient la poitrine de Frédérico Garcia Lorca,
coupable d’aimer la liberté ?
Où étais-tu, Dieu ?
T’étais-tu bouché les oreilles,
pour ne pas entendre l’impact des balles dans la chair ?
Où étais-tu, Dieu, en ce mois de juillet 1943,
quand on poussait avec des chiens policiers,
dans des wagons à bestiaux plombés,
tes enfants d’Israël vers les fours crématoires ?
Où étais-tu, Dieu, enfin,
quand les tanks marchaient sur le palais présidentiel,
et qu’Allende, l’élu du peuple,
s’apprêtait les mains nues,
à affronter les forces de l’oppression ?
Avais-tu tourné la tête
pour voir prier les très croyants assassins ?
Où étais-tu, Dieu,
quand les milices du Yougoslave Arcane,
brûlaient tes enfants dans les mosquées ?
Où étais-tu, Dieu, enfin ?
Avais-tu fermé les yeux,
pour ne pas être incommodé par la fumée ?
Où étais-tu, Dieu, enfin,
Quand les très croyants assassins
déposaient au pied de ton autel l’injustice et le mal ?
Ou étais-tu, Dieu, enfin ?

l'Afrique

08 février 2009 - 04:43

LA MORT D'UN ENFANT

Regard vide,
regard sans infini,
qui ne sait pas que de l'autre côté de la mer,
l'espoir existe.
Regard vide,
bouche douloureuse,
sourire qui ne sait plus éclore,
quand vient la saison des pluies.
Et puis ces mouches,
qui telles des commerçants rapaces attendent leurs lots de viandes.
Et cette vie qui s'accroche aux quelques restes de peau.
Il n'a plus faim.
Il ne sait plus ce que c'est que la faim.
Quelle importance ?
Son estomac s'est refermé sur le rien habituel.
Et dans ses yeux, oubliés du monde,
passent d'étranges lumières.
Parfois un avion là-haut, dans le ciel,
trouble son indifférence.
Quel bel oiseau d'acier emportant dans ses malles le monde civilisé.
L'enfant est seul.
Seul avec les mouches,
elles tournent autour de lui,
ce sont comme des étoiles qui l'entraînent dans leur nuit.

racisme

08 février 2009 - 04:40

ALGILLA

Petite sœur, demain peut être,
pour te protéger, j’aurai à prendre les armes.
Et si seul contre tous,
nous étions les victimes,
je serai ton frère de chambre à gaz.
Sais-tu ?
Ils rêvent de te jeter à la mer,
ou bien de rallumer les fours.
Mais je serai avec toi, dans la longue route,
vers un autre destin.
Quoi qu'il arrive, je serai là,
et pourtant je suis l'Européen.
Celui à qui on aurait fermé la porte,
s'il était venu demander ta main.
Je ne suis pas Arabe, ni circoncis,
je ne suis pas le fils d'Allah,
je suis l'Européen.
Mais que faut-il faire,
pour que se taise la haine,
pour te regarder et se sentir humain,
pour que cesse la frontière à nos cœurs,
pour les laisser sur la route,
où ils ne veulent pas se voir,
où ils ne veulent pas s'aimer,
pour marcher sur leurs rancœurs,
de n'être que misère,
et pouvoir sans honte,
se tenir la main.

Séropositive

07 février 2009 - 04:31

NADIA

La colère m'a pris,
devant mon impuissance à remonter le temps.
La colère m'a pris,
devant ton jardin de fleur, piétiné, massacré, anéanti.
La colère m'a pris, devant tant d'injustice.
La colère m'a pris, devant le rouleau compresseur de la vie,
qui s'en prenait à toi.
La colère m'a pris,
devant ma lâcheté qui me faisait tourner la tête,
pour ne pas voir ta souffrance, en face.
La colère m'a pris,
devant la maladie qui chaque jour te volait,
un peu de muscle, un peu de peau.
La colère m'a pris,
devant ton corps décharné de squelette ambulant.
La colère m'a pris,
devant ta solitude, à vouloir mourir seule, sans ami.
La colère m'a pris, devant ta dignité,
dans un geste intime entre toi et toi,
de partir dans une chambre anonyme d'hôpital.
La colère m'a pris,
devant tes doutes sur notre amour,
qui t'ont fait te cacher,
pour ne pas nous montrer,
dans les derniers instants,
ce que tu étais devenue.
La colère m'a pris,
et la colère m'étouffe.
Séropositive
cela sonne mal.
Séropositive,
tu parles d'un positif,
cela sonne comme le glas de la mort.
Tu as beau aimer la vie,
tu as beau courir vite,
elle te rattrape toujours la monstrueuse maladie.
Les souvenirs crient leur dégoût,
et les mots jetés sur la page te ramènent ici,
dans une naissance abstraite.
Séropositive,
petit oiseau brisé.
Petit oiseau déplumé,
que j'avais mené, sur la plage, prendre le soleil.
Comme si le soleil pouvait être pris,
et transporté à l'intérieur de toi.
Il fallait faire attention, aux courants d'air,
au souffle de la brise marine ;
Quand le fil est tenu,
l'arbre du réel présent,
perd facilement ses feuilles.
Il fallait faire attention aux crocs acérés du destin,
qui cherchaient à déchirer ta carte du monde,
et voulaient t'entraîner dans leur nuit,
figer ton sourire,
comme sont figées les choses inanimées.
Malgré l'attention, dans un combat inégal,
le temps a eu raison de toi.
Séropositive,
petit oiseau blessé,
petit oiseau brisé,
je garde en mon cœur, un nid d'affection.