lafloflo

Je connais une tombe où sont emprisonnées

Des vérités de plomb, des statues asphaltées

Figures assassines qu'on a voulu gommer

Que croupissent dans l'ombre ces maux à oublier!

*

Et les voix se chuchotent, et se voilent en filet

Dentelle de confidences d'un sombre chapelet...

Et le flux se cadence, et le flot déversé

S'immisce en profondeur dans ma tête irradiée.

*

Sous le sceau de mon âme, sous le sceau du secret

Abandonnez ces drames bien trop noirs à traîner

Magicienne transmutant les enclumes en fumée

Alchimiste de l'oubli et des contes défaits.

*

Déposez donc les armes, mettez un pied à terre

Débordez de vos larmes, digérez la poussière

Je suis là par hasard, issue sur le parcours

Mi-sorcière, mi-gitane, oasis de secours.

*

Rien qui ne sortira, rien ne peut émerger

Rien qui ne filtrera, rien à évaporer

Soleils noirs occultés par d'intimes persiennes

Personne ne forcera les ombres de l'arène.

*

Mon être, étanche enclos d'où ne peuvent sortir

Vos blessures et vos mots, laids à ensevelir

Voyelles et consonnes se délitent à souhait

Mon silence d'airain protège vos secrets.

***

Retranchée du monde par les paupières closes

Immobile, toute ouïe au murmure des galets

Vibrante aux ondes et à l'ordre des choses

Aux cris des enfants et des mouettes en retrait.

La morsure du soleil sur le haut de mon front;

Le vent sifflant au cœur du maquis flamboyant;

Tout provoque l'éveil d'un sentiment profond

Et offre avec ardeur l'intime recueillement.

Une sourde torpeur sans précipitation

Où chaque infime bruit devient la plénitude;

Battements de mon cœur, mélopée du violon:

Un présent débordant de folle gratitude.

Quand les vagues entonnent leur discours universel

Leitmotiv des lames: le flux et le reflux

Les rires, le grondement de chaque grain de sel

La langueur de l'âme pulse en chant continu.

Est-il un son plus doux, pur émerveillement

Qui charme les oreilles tout autant que l'esprit

Et qui suscite en nous, symphonie du vivant

Un appel vermeil à parfaite harmonie?