Voir ses publications
Le soliloque
Dans un univers limpide et suave, la moindre écorchure me brûle les tripes. Je voudrais qu’il survienne quelque chose d’extraordinairement terrible pour justifier la douleur qui me ronge, mais rien ne se produit et il n’appartient qu’à moi d’assumer mes maigres désastres.
On me demande de déclarer à la médecine légales des bleus et des bosses, bien dérisoires faire valoir… Moi, c’est des coups de poignard que je voudrais mettre en spectacle.
Je suis seule sur une scène sans décors et donne la réplique à un absent qui dort. Je m’adresse en aparté à un public qui m’ausculte indifférent. Je vis dans l’absolu passionnel et lui dans l’eternel superflu, la routine m’effraie et mon acolyte en tire des vertus. J’interroge même le vide, il fuit les idées stériles, les questions inutiles.
C’est un lâche ! Il refuse de me rejoindre dans cette pièce absurde. Dans l’ombre il susurre, alors que les projecteurs m’éblouissent. J’articule un infini monologue factice, je refuse de m’incliner. Ma détresse crisse sur les planches défraichies. Mes auditeurs sont désabusés, mais nulle chose n’offusque ma moitié.
M’aime-t-il encore ? Je commence à en douter. Mes pieds, ancrer dans le sol, s’enfoncent. La réalité me rattrape et lui en échappe. La foule fantasmagorique déplace la scène et l’incertitude cynique me gagne. Le silence est plus pesant que le vérité et dans un dernier soupir je ravale mon amertume : «Rends-moi ma dignité, libère-moi de tes chaînes rouillées».
Pachamama
Inscrit(e) : 24 mars 2009Hors-ligne Dernière activité : mars 24 2009 11:18
