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Emma Philipe

Inscrit(e) : 10 avril 2009
Hors-ligne Dernière activité : avril 27 2009 09:16

Publications sur Toute La Poésie

Tout augmente!

27 avril 2009 - 09:09


Tout augmente!



Pèlerin qui s'en va marcher sur Compostelle


Va savoir si demain plus de temps te faudra

Pour atteindre le lieu où te mènent tes pas

Et enfin adresser une prière au ciel



Car tout augmente ici bienvenue c'est la crise !

On licencie on jette on recycle on débauche

Et l'Etat continue de nous faire les poches

Et le lien se resserre affermit son emprise



L'essence a augmenté vivent les émirats !

Ton assiette ne te sers plus qu'un plat : O.G.M !

Exsangue tu revends ton argent et tes gemmes

L'or c'est pour demain quand fauché tu seras



Si Marco avait su cette année que les nouilles

Coûtent plus que le lait le lait plus que le fer

Et Parmentier le prix de la Pomme de Terre

Sûr ! Aujourd'hui tous deux se boufferaient les coudes !



Tout augmente je le dis : Tenez ! Même la Muraille

Qui enfle brusquement de deux mille kilomètres

Deux mille de plus : Eh bien ! C'est l'art de passer maître

A hausser la Gabelle et à serrer la Taille !


L'Empire du matin calme vient nous casser les prix


Car du travail bradé il en est le décor

D'aucun déclarera que le Chinois est fort

Puisque de la Muraille il allonge le Li !



Emma Philipe

Refuges

23 avril 2009 - 07:27

Refuges

Interdiction
De se baigner
La mer
Est démontée

Tu replies ta serviette
Et rentres
Dans la chambre
Tu te couches et t'endors

Calmées
Les eaux furieuses
Ont déposé les vagues
Sur la plage

Sur le pas de la porte
J'observe en contre-jour
Ton corps étendu
Et nu


Un grain de sable
Timide
S'est posé sur ton sein
Humide

J'aimerais
Comme ce grain transfuge
Sur ton sein délicat
Trouver refuge

Emma Philipe

Le jardin des délices

23 avril 2009 - 01:07

Le jardin des Délices


Triptyque lapidaire et pourtant silencieux

Avez-vous vu cette oeuvre au musée du Prado ?

Qui préfigure Chagall, Dali et Picasso

Triptyque élémentaire et pourtant merveilleux



0. Création



Avez-vous vu ce ciel tout chargé de colère

S'éloigner du jardin plus calme qu'un serment ?

Dans un globe enfermés tristesses et tourments

Emanent du diptyque ces émotions premières

Il y a je-ne-sais-quoi d'une vision d'après-guerre

Témoins du point zéro de tout commencement

Spectateurs assidus de son éloignement

Et jetés en pâture aux prémisses de la terre



Le peintre nous invite à ouvrir ce cadeau

Triptyque libertaire et pourtant délicieux



Avez-vous remarqué cette entrée en matière ?

Car l'amorce est pour nous un avertissement

Spectateur qui entre ton espoir en passant

Suspends-le à la porte là sur la patère

Ce que tu vas trouver n'est au fond que misère

Qu'ici-bas j'ai décris dans ses accouchements

Que j'ai mené au bout de ses retranchements

Nous ! Humains que nous sommes : particules et poussières



Va ! Et tu connaitras le cri de mes pinceaux

Triptyque pamphlétaire et pourtant chaleureux



I. Paradis



Avez-vous vu cette Eve à la blonde crinière ?

Que tient un Dieu pudique par la main fermement

Et qui l'offre à Adam presque jalousement

Alors que celui-ci se lamente au parterre

Dans une pommeraie au parfum délétère

Où des oiseaux inquiets de leur retournement

Y côtoient la licorne la girafe l'éléphant

Et font du Paradis un étrange bestiaire



A cet instant si loin semblent encore les fléaux

Triptyque salutaire et pourtant pernicieux



Avez-vous contemplé la fontaine au ton chair ?

Flèche de cathédrale qui grimpe au firmament

Où niche en son œil et symboliquement

Le funeste oiseau la chouette solitaire

Et comme un signe encore chapelet de volière

Les hirondelles passent s'envolent en groupement

Et miment ce que sera l'ennemi : le serpent

Qui de ce Paradis fermera la barrière



Il ne sera plus temps de s'abreuver à l'eau

Triptyque visionnaire et pourtant sulfureux



A son sommet le ciel n'est pas crépusculaire

Mais déjà se dessine dans un rocher Satan

Immobile pensif il est là et attend

Et vers lui quelques bêtes s'approchent et touchent terre

Une eau noire cet étang de toutes les chimères

Où se pressent chasseurs prédateurs rampants

Et observent meurent dévorent tout autant

Que s'il fallait déjà accéder à l'Enfer



Le paradis perdu est devenu falot

Triptyque argumentaire et pourtant fallacieux





II. Le Purgatoire (le jardin des délices)


Avez-vous vu ce globe à la pointe fière


Lézardé par le poids de ses atermoiements ?

Il trône en ce milieu de lac confluent

D'eaux du bien du mal et des quatre rivières

Quatre aussi les palais enjambant les eaux claires

Sont-ce là évidences de nos sentiments ?

Tentations du Malin ultime châtiment

Que sont Envie Luxure Gourmandise et Colère



Peintre racontes-moi ce que sont ces châteaux

Triptyque solitaire et pourtant populeux



Avez-vous observé le bassin hydrosphère

Où jouvencelles se baignent impudiquement

Où les hommes avides tournent patiemment

En enfermant icelle en cercles volontaires

Ils offrent aux pucelles tous les fruits de la terre

Et tendent vers les cieux des poissons ruisselants

Ils chevauchent ils encerclent en futurs conquérants

Et portent sur leurs têtes des cornes involontaires



Fidélité n'est pas confortable chapeau

Triptyque réfractaire et pourtant somptueux



Avez-vous vu cet homme sur un canard col-vert ?

Pas de dilemme ici les oiseaux sont si grands

L'un nourrit de son bec un être s'extasiant

Là des fruits se mélangent à des plumes légères

Et toujours une chouette apporte son mystère

A cet homme qui l'abouche et l'enlace en amant

Une femme de couleur embrasse un homme blanc

Certains en sont confus têtes en bas culs en l'air



Tous ceux qui sont ici ne sont pas des héros

Triptyque gestatoire et pourtant licencieux



Avez-vous vu ce couple dans la bulle de verre ?

Enlacés et fragiles amoureux s'isolant

Est-ce là l'expérience d'un nouveau sentiment ?

Demande la souris au voyeur qui se terre

Les parfums cèdent aux bruit les bruits cèdent aux travers

Des hommes comédiens de ces accouplements

En voilà un qui porte une moule étonnant !

Si ce n'est qu'une belle y semble prisonnière



Les chagrins les sévices sont de ce lieu le lot

Triptyque sécretionnaire et pourtant fulmineux



Voyez le sombre vice qui plante au derrière

D'un autre un bouquet clystère de printemps

Soupirs ! Extases ! Constat de ces halètements

Mais que fait donc cet homme habillé au parterre ?

Il pointe un doigt vengeur vers elle la commère

Responsable désignée de ces égarements

C'est elle ! Eve qui observe ce rassemblement

Est-ce Dieu ou l'artiste qui accuse la mère ?



La femme est responsable s'écrie ce hobereau

Triptyque thuriféraire pourtant moyenâgeux



III. L'enfer

Entrez dés à présent dans les feux de l'Enfer

Ici ce qui domine est noir : excréments

Vomissements cataclysmes impurs et violents

La vie est assiégée et les seules lumières

Viennent des incendies empuantissent l'air

Les armées du Démon mènent tambours battants

Une guerre sans merci à tout ce qui se ment

Et les cendres retombent comme de lourdes pierres



Le jugement est là ! Peut-on sauver sa peau ?

Triptyque paritaire et pourtant monstrueux



Voyez ! Les lames tranchent et de belle manière

Oreilles !sexes !membres !têtes !poitrails !flancs !

La faucheuse à la clef un cadavre s'y pend

Les épées crucifient les coeurs et les prières

Les instruments ne jouent qu'une seule note : misère

Vaincus écartelés hommes et femmes souffrant

Sans qu'aucune plaie ne saigne sans une goutte de sang

Les douleurs sont muettes et les cris ancillaires



Voilà ce qu'il advient bien après le tombeau

Triptyque sursitaire et pourtant cancéreux



Avez-vous vu planté sur deux barques éphémères

Le passeur Charon déféquer sombrement

Son lot de condamnés et son anus géant

(Fruit de sa digestion) expulse pond ? Cratère !

Nul n'est épargné défroqués soeurs et mères

Ceux qui ont abusé : usuriers charlatans

Grands seigneurs petits chefs vrais bandits faux amants

Juges dévoyés arrogants diamantaires



Tous promis à la roue à l'arbre à l'échafaud

Triptyque scapulaire et pourtant scrofuleux



Avez-vous vu enfin le Roi gestionnaire

Qui jette en son royaume un regard glaçant

Qui jouit de son pouvoir et s'en trouve content

Qui dévore les âmes et mastique les chairs ?

Haut perché sur son siège comme un curé en chaire

Et dans un puis sans fond excrète incontinent

Tous les regrets du monde et de Dieu tous les plans

Son ventre de maudit sérieux confiant pervers



Gardera pour longtemps le mal en son cerveau

Triptyque apolaire et pourtant amoureux



Refermons le triptyque sur ce rêve de fer

Dante et Pasolini en ont pris des morceaux

Pour à leur tour chanter les cercles de l'Enfer

Et de Canterbury les contes immoraux



Hyéronimus ton oeuvre est un sacré brûlot

Triptyque incendiaire et pourtant religieux


Emma Philipe

Pourquoi j'écris

21 avril 2009 - 03:07

Pourquoi j’écris

J’écris parce que je sais que je vais mourir
Parce que je sais que c’est dans pas longtemps
Que c’est juste une question de temps
Et que celui que je passe à écrire
Autant qu’il soit bien occupé non ?

J’écris parce que je sais que je n’aurais pas d’enfants
Et qu’à ces non-nés je veux laisser mes mots en héritage
A mes enfants absents
Mes enfants sans paternité
Mes enfants sans ascendance

Ce que j’écris je n’irai pas le cracher sur ma tombe
Alors je le gueule debout et vivant
Je gueule au bord du vide
Je crie au bord du précipice
Qui me menace de l’eternel anonymat

J’écris pour avoir quelque chose à lire lorsque je serais mort
Pour ne pas avoir de remords
Et parce que je ne sais pas si les plumes sont autorisées
Au Paradis
Et que je ne sais pas si mon encre séchera si je vais en Enfer

J’écris parce que c’est un combat
Entre moi et moi
Et que je ne sais pas qui des deux va gagner
J’écris pour me mettre K.O le premier
J’écris parce que je porte mal les gants de boxe et que les bleus
je préfère les avoir au cœur et à l’âme plutôt qu’aux yeux

J’écris parce qu’il ne suffit pas d’aimer
Même trop même mal
Qu’il faut haïr aussi
Pour être humain
Et humainement accepté

J’écris parce qu’à force de donner la parole
Aux imbéciles ils la prennent
Et ça fait des dégâts
Sur ceux qui n’ont à défaut de parole
Que le silence pour se défendre

J’écris pour aimer ceux qui se taisent
Sont muets aphones
Dyslexiques bégayant
Atones
J’écris parce que je peux le faire

J’écris parce que j’ai vingt six lettres
Dans mon alphabet et tant
De combinaisons différentes
Pour les arranger les trousser
Les mettre à mot à mort

J’écris pour ceux qui n’ont de liberté
Que celle accordée dans leur ghetto
Leur prison leur goulag
Pour ceux qui n’ont ni papier
Ni plume ni instruction

J’écris parce qu’il est trop tard
Pour mentir
Comme un politicien
Ou trop tôt pour mourir
En académicien

J’écris pour vous pour moi
Pour toi
Qui n’a pas su m’aimer
Ou qui n’a pas voulu
Et qui est loin… trop loin

Emma Philipe

Le vagabond

18 avril 2009 - 05:50

Le Vagabond

J'erre
J'espace
Je tourne
Je séjourne
Je passe
J'air

Je traverse
Je frôle
J'elliptique
J'ecliptique
Je drôle
Je converse

Je converge
Je m'étiole
Je soûle
Je me soûle
Je faribole
J'emerge

Je tempête
Je catastrophe
Je m'égare
Je hasard
Je limitrophe
Je rouspète

J'enfle
Je plie mais ne rompt pas
Je fond vers le soleil
Je rue dans mon sommeil
J'embrasse et ne mords pas
Je ronfle



Comète de Halley
dans le
coma j'halète

Vagabond
sur vos bancs
Sous vos fenêtres

Emma Philipe