A mes amis, collègues et étudiants de l'ENS de Port-au-Prince
Port-au-Prince
chante,
un rideau
de pluie :
douce cacophonie.
Des milliers de voix !
Et moi,
je tairai
les paroles secrètes ;
Compromis
prononcé
entre le sens
et le bruit :
« Mon amour
chante et danse
sur des ruines !
Oiseau de nuit :
prend garde.
Il pourrait
te voler
ton mystère.
mais en moi
il y a un étranger :
celui qui sait.
Et qui n’agit
que pour se taire.
Il écrit.
Et sa voix est blanche : »
Professeur,
ce soir tu iras
danser et chanter
sur les ruines ;
(Je le veux) –
Ton projet de paix perpétuelle
contrarié
par les hélicoptères blancs
et le bruit
de cet océan
d’abîme
qui s’ouvre
entre Carrefour et Cité Soleil.
Hé ! Qu’en dis-tu ?
là-bas je t’attends…
et réserve-moi donc
ta faculté de juger !
Qu’y puis-je ?
Le métis en moi bouge…
mais son heure n’est pas venu ;
Il chantonne :
« Vivre encore et encore
et chaque jour respirer
une couleur nouvelle
chargée d'intensité !
Et comme si (au petit matin)
– au saut du lit ensommeillé –
avoir une mission,
épris et éveillé.
C'est un souffle nouveau
que de courir et rire,
travailler, regarder
se reposer et même jouir ! »
Et quand viendra le soir
de cette longue journée,
retourner vers la terre,
enfin apaisé.