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Elle a le regard perdu
Tout est confus
La mémoire n’est plus
Elle ne sait plus
Je n’existe plus

Bien sûr, elle n’y peut rien
Seuls des souvenirs lointains
Égayent parfois son  visage
Ainsi est la fatalité de l’âge

Le temps lentement efface
Doucement, elle s’enfonce
Moi j’aimerais juste une fois
Entendre le son de sa voix

Me dire, c’est toi mon grand?

Tu as le coeur chagrin
Je t’ai lâché la main
Moi, je t’abandonne
Toi, tu me pardonnes
Cette promesse d’être présent
Chaque jour, chaque instant
Cette promesse à mon père
De veiller sur toi petite mère
Je ne la tiendrai pas
Las, je baisse les bras

Pardon Maman !

Pliez-le en deux
Pliez-le en quatre
Le mettre dans l’enveloppe
Glissez-le dans l’urne
Attendre vingt heures
Allumez votre télé
Souriez ou pleurez !
Le sort en est jeté

Demain, un autre tour
Demain, un autre jour

Sur les docks du vieux port
La nuit tombée, je m’endors
Bercé par le souffle du vent
Sur des filets malodorants
Entre le clapotis de l’eau
Et les sirènes des bateaux
Demain enfin
Demain c’est certain
Pour d’autres cieux
Je te dirai adieu
Sur un vieux cargo
Ballotté par les flots
A travers  les océans
Vers d’autres continents
Sans regret
Je partirai

Sous le regard des sept collines
Le Doubs, tranquille, chemine
De son promontoire, la citadelle
Offre protection à la vieille ville

Enlacée par la boucle du fleuve
La cité s’abandonne à ses rêves
L’écrin de verdure du parc Micaud
Attire les enfants et les badauds

Sur l’esplanade, un certain Victor
Discrètement, consulte sa montre
Sur le quai, notre cher marquis
Avec grâce, se prête aux selfies

Le minotaure, entre Doubs et canal
Fièrement dressé sur son piédestal
Le regard, dans le sens du courant
Reprend son souffle, péniblement

Belle cité au lointain passé
Mère du temps et de la Comté
Fierté de tous les comtois
Je m’incline devant toi !