silia
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Publications sur Toute La Poésie
Portique
24 mai 2008 - 07:50
Qui détient dans la sombre magie de son arcade
Les clés inavouées de mon âme et de sa barricade,
Dans la mélodie de ses arcanes, au son pâle de la lune.
Son corps fatigué mais fier, de vieux guerrier invaincu,
Est criblé, comme autant de cicatrices, de signes inconnus.
Il recèle, marqué à jamais dans sa chair de bois précieux
Par ces formules secrètes, l’essence de mes enfers et de mes cieux.
Dès que la saison se fait au soleil et à la douce chaleur,
Il croule, à demi-caché, sous d’innombrables fleurs,
Roses rouges et roses blanches, glycine et bougainvillier,
Odeurs mêlées, parfums emmêlés, couleurs entrelacées.
Douces fragrances musquées et sucrées en délices,
Vives lumières jouant sur l’étendue d’une palette en gaieté,
Longues tiges, courant, gambadant en tout sens, enivrées,
Synesthésie du bonheur : goutte de rosée en mon calice.
En cette saison, me voyez-vous danser comme un cabri,
Sautant, riant, petite luciole, joyeuse fée en sa magie ?
Mais dès que le soleil cède son trône, la chaleur son règne,
Le divin portique se transforme, il se dresse, maléfique et obscène.
Il n’est plus orné que de ternes tiges mortes, rampants et desséchés
Serpents, le givre solidifie l’haleine putride en gangue damnée.
La terre à ses pieds se craquèle pour laisser les soupirs
Du Diable exécuter leur macabre danse, vilains satyres,
Le long des runes hantées de relents au goût de sang.
Incarnation de l’horreur : poison poisseux et violent.
En cette saison, me voyez-vous creuser la terre immonde,
M’y allonger, pleurer ma peine et m’y noyer, morne tombe ?
la Fiancée de l'Absent
09 avril 2008 - 05:44
La Fiancée de l’Absent
Je suis la fiancée d’un marin
Voguant sur la mer chaque sombre matin.
Il revient sur terre pour quelques nuitées
Quand son cœur tangue, bercé
Par trop de vagues, par trop de houle
Un peu écœuré, légèrement saoul.
Mais il repart vite passer le plus clair de son temps
Loin de la chaleur de mes bras, loin de moi,
A affronter les tempêtes, à fraterniser avec l’océan.
Il court sur les flots, après ses rêves, après sa foi.
Moi, je reste au port regardant l’horizon
Y cherchant l’ombre de celui que j’attends.
Je vis seule avec le manque et j’attends, j’attends,
Alors qu’inéluctablement passent les saisons.
Je me languis d’un homme amoureux contre moi,
D’un homme qui tendrement me prendrait dans ses bras,
Et obscurément tentée par l’adultère ou la rupture,
Je résiste à tout besoin pressant de tendresse et de luxure.
Combien de temps encore cette attente infinie ?
Combien de fois encore ces départs déchirants ?
Pourrais-je être toujours la fiancée de l’absent,
Moi, la fille du vent rêvant de voyages, incessants défis ?
Mais c’est son nom que je chante
Chaque jour quand je m’éveille.
Mais c’est son corps qui me hante,
Quand lascive, je suis caressée par le soleil.
Mais c’est son regard que je vénère
Quand l’océan prend les mêmes tons verts.
Mais ce sont ses mains que j’esquisse,
Et ses lèvres que je dessine, fébrile,
Quand le désir déploie ses ailes lisses.
C’est pour ses yeux bordés de longs cils
Que chaque jour je m’invente belle.
C’est pour ses mots que m’envoie le ciel,
Que je continue ma besogne et ma vie.
C’est pour parler doucement à son cœur,
Pour me blottir dans sa force attendrie,
Pour m’imprégner de sa présence, de ce bonheur,
Que j’attends jusqu’à l’épuisement son retour.
Je ne peux mieux lui prouver mon amour.
Je l’aime tellement que j’attends, j’attends,
En fidèle fiancée d’un marin parti sur l’océan.
Depuis que l’absence a fait en ma demeure son nid,
C’est le désespoir maintenant qui veut y trouver abri.
Je m’y refuse fermement, je ne pourrai pas tenir,
Mais le désespoir latent est incroyablement patient,
Et il renouvelle ses assauts sans jamais déguerpir.
Je n’en puis plus de ce manque cruel
Et de cette tristesse qui me harcèle…
Chaque jour c’est je ne sais quel Dieu
Que j’invoque pour que revienne mon marin.
Chaque soir, agenouillée, je prie les cieux
Pour que mon homme plus jamais n’aille loin.
Que s’arrêtent les adieux trop fréquents !
J’aime à la folie, j’aime à faire saigner mon cœur
Car le roi des départs au lointain est mon âme sœur.
Que n’ai-je aimé un marin parti si longtemps ?
Je suis la fiancée du vide et de l’absent
J’aime un homme de l’ailleurs, irrémédiablement.
Et je ne peux m’empêcher de rêver
Que mon marin viendra, en prince transformé,
M’emmener loin des luttes de l’amour
Pour des voyages à deux dans des contrées
Où seule la lune est une femme délaissée
Par l’aventure et par le soleil, ses deux amours.
brčves de comptoir
13 février 2008 - 02:30
Brèves de comptoir
Allez viens mon gars !
Viens, c’est pour moi !
J’te paye ton verre de blanc
Et tu m’racontes tes tourments.
On le savait déjà tous, mon gars,
Que cette nana, cette nana lĂ ,
Elle ne tournait pas rond,
La moitié de la cervelle d’un moineau,
Et encore ! La moitié, je suis trop bon !
Un quart c’est déjà presque trop !
Elle était chamboulée, déboulonnée !
Aller se fiche par la fenêtre, quelle idée !
Tout le village le disait, ça parle les gens, tu sais,
Et tout le monde le disait, qu’elle était siphonnée.
T’aurai pas dû lui passer la bague au doigt,
Parce que toi, t’es un bon gars,
Tu viens d’ici et t’as la tête sur les épaules,
Mais l’a fallu que t’aille prendre la gaule
Où l’aurait pas fallu …
T’en trouveras une autre, plus du crû !
Elle n’était pas normale cette petite dame,
A pleurer sans arrĂŞt pour rien,
A rĂŞver des fantĂ´mes et Ă faire des drames !
T’en fais pas, le blanc c’est bien pour le chagrin !
D’ailleurs, l’aurait pt’ être fallu lui dire à la donzelle,
Le vin ça lui aurait fait chanter des ritournelles,
Elle serait pt’ être pas en train de causer aux vers !
Du moins à d’autres verres !
Pis, t’en fais pas, t’en trouveras une belle,
Une bien brave qui bronche pas,
Qui écarte les jambes et les bras,
Qui t’attends et prie le ciel
Pour que te lui colles des marmots,
Une femme quoi ! Sans histoire, mon beau !
Parce qu’ici, on le savait qu’il lui en manquait une,
De case, et pas des moindres en plus !
Une femme, moi j’te l’dis, ca n’a pas les humeurs d’une puce,
Qui sautent et sautent ! Allez, sans rancune !
J’te repaye un verre, mon vieux !
T’es veuf, c’est une gloire ça !
Tu vas voir les jolis minois
Attirés par le vide au coin du feu !
La guerre des corsages,
Pour te faire oublier l’autre folle,
T’en as de la chance, elles sont frivoles !
T’auras pas des nuits très sages !!!
Enfin, fais gaffe quand mĂŞme !
Les femmes d’aujourd’hui …
Elles ont pas tout compris,
Parait qu’il faut qu’on les aime !
Crois en ma longue expérience,
Prends en une sans prétention,
Qui n’a pas trop de science,
Et qui s’occupe de la maison.
Parce que les dames, mon cher,
Quand elles s’agitent les méninges trop souvent
Ca fait de sacrés flammes ! Les flammes de l’enfer !
Et nous, direct au casse-pipe, bon sang !
Avant elles nous foutaient la paix, au moins,
Y avait les enfants et le ménage,
Pour toutes celles du village,
Maintenant elles veulent aller au turbin !
Alors, comme, elles sont compliquées,
Elles râlent parce qu’elles ont trop à bosser,
Et nous faudrait qu’on les soutienne !
Jeunes dingues ! Allez, mon gars, Ă la tienne !
J’te jure, le monde il tourne à l’envers !
Presque autant que ta femme, qui s’est foutue à l’eau !
Sérieusement on va tous y laisser notre peau,
Les choses ça doit rouler à la mode de nos pères !
Encore un dernier pour la route ?
Allez, c’est moi qui paye, et la route…
Tu sais quoi ? Elle est longue, c’te farce !
Longue, et pas franche, la garce !
En fait, on s’emberlificote la vie !
Seuls, moi j’te le dis,
C’est ça la solution !
Seuls et plus de trublions !
Regarde, la vieille Gertrude,
La bonne de monsieur le curé,
Tellement prude,
Qu’elle n’a jamais couché
Qu’avec ses foutus chats !
Bah, mĂŞme eux ! Ingrats !
Sa chatte préférée,
Est allée se faire voire,
Les matous, ils l’ont visitée
Et maintenant c’est la foire !
Des minous partout !
Et ç a pue, et ça miaule !
Yen a plein la piaule !
Et Gertrude, elle a plus le sou
Pour nourrir ses bestioles !
Vieille folle !
S’est trop enquiquinée, la bonne du curé !
L’aurait mieux fait de se faire culbuter
Par le Saint Esprit, pardi !
Ton verre ? T’as pas fini ?
Regarde, le vieux Maurice,
Il est seul, et il boit autant qu’il pisse,
Mais il ne s’enquiquine pas la vie !
Au café du village, accoudé au comptoir,
Du matin jusqu’au soir,
Il boit son blanc, et c’est bien ainsi !
Seul, avec son verre : pas de trahison.
Et il tient des belles discutions
Avec les jeunes du coin,
En s’enquillant son blanc avec soin.
Tu vois ! Bois ton coup,
Et fais comme le vieux Maurice,
Qu’en a vu passer des avarices !
La vie, elle est filou !
Seul, au comptoir avec ton verre plein,
La vie, tu la vois venir de loin,
Tu lui payes l’apéro, à la bonne heure,
Tu l’entourloupes en fin connaisseur,
Et elle te laisse bien pénard !
Seul, avec ton blanc au comptoir,
V’là c’qu’il faut faire, imbécile,
Pour avoir une vie tranquille !
Afrique
08 janvier 2008 - 09:51
Que mes songes sont rongés,
Que mes rêves sont anéantis ?
J’ai connu la contrée des damnés.
Vois-tu, la vie y est terriblement cruelle,
N’épargnant ni femme, ni enfant,
Elle déverse sans pitié son fiel,
Et elle sourit, ravie, en contemplant
Son œuvre odieuse aux relents de sang.
La vie est continuel et implacable glas,
Elle martèle de toute la force de son bras
Le tempo funeste d’un cœur s’emballant.
La vie y est trépidante et infiniment bigarrée,
Transformant le poids de son omniprésente rivale
En sève miraculeuse transcendant le létal,
En essence vive et fraiche comme une fée.
Et les gens chantent, et les gens dansent.
Ils rient de leur misère, se parant de mille couleurs.
Ils sont légers comme dans une joyeuse transe,
Magiciens heureux, oubliant le boulet de leurs douleurs.
Sais-tu cher et tendre ami,
Que mes pensées sont frivoles,
Que mon âme est gaie et folle ?
J’ai connu l’antre des maudits.
Et la duplicité de mon esprit
S’explique par le pays où j’ai grandi.
leucémie
12 novembre 2007 - 09:40
Le cœur est moite, le cœur pourrait bien pleurer,
Des petites larmes rouges au goût de fer,
Des petites larmes vermillon, sa vie est fatiguée.
Elle est malade, ça fait des mois,
Des mois qu’elle fait semblant de rien,
N’effrayer personne, prendre sur soi,
Souffrir en silence et mourir loin.
Leucémie, c’est un joli mot,
Qui prend votre cœur en otage,
Noie votre sang sans pitié et sans rage,
Méthodiquement, sans repos.
Plus que quelque mois Ă vivre,
HĂ´pital, souffrance, pleurs et ceux qui restent,
Elle a choisi de ne pas essayer de survivre,
Elle s’en va sans se battre, laisser son corps lâcher du lest…
Elle ne s’est pas soignée,
Elle n’a rien dit, silencieuse agonie,
Et quand maigreur, pâleur et faiblesse l’ont trahie,
Elle est partie dans une lointaine contrée.
Le pays de son enfance,
Le pays de ses premières souffrances,
Le pays refuge de ses nombreux délires
L’accueillera, pour qu’elle puisse y mourir.
Pudeur dans sa mort,
Pudeur dans sa maladie,
Elle a déjà souffert, elle peut souffrir encore,
Pourvu que rien ne soit dit.
Elle ne veut pas de ce regard
Doux, contrit, apitoyé et tellement gêné
Dont on entoure les gens sans espoir,
Elle se drape de sa fierté.
Et puis, elle a déjà tant vécu,
Elle a déjà tant reçu, cette fois-ci elle avoue avoir perdu,
Elle veut se reposer, lassitude sereine,
Et loin de tout, loin de sa propre vie, elle s’ouvre les veines.
Et son cœur pleure au travers de ses poignets,
Lentement, sans hoquet,
Le cœur pleure, et s’écoule ce sang empoisonné,
Petites larmes rouges, large flaque foncée.
Ses forces partent en mĂŞme tant que les perles sanguines,
Ses pensées s’envolent, ses yeux sont clos,
Le glas sonnera bientĂ´t,
Et les larmes tracent des rigoles écarlates, douce ruine.
Un rouge profond a teint ses mains si blanches,
Elle est allongée, pâle et belle, elle dort,
Son souffle semble suspendu aux branches,
Son cœur s’est vidé de toutes les larmes que contenait son corps.
Elle est immobile, calme enfin,
La maladie est arrivée à ses fins,
Elle est pâle sans recours,
Une auréole carmin, couronne de son dernier jour.