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Publications sur Toute La Poésie

La police de la pensée.

19 janvier 2009 - 06:52

La police de la pensée.

La police de la pensée épiait jusqu'à nos rêves.
Rêve bleu d'indécence
Rêve noir de naufrage.
Tout passait au crible de la ligne répressive.
Emprisonnant les insoumis en goulags oniriques.

Derrière des barreaux de mots, des murs de honte,
La terreur suintant des murs, recroquevillés nus.
Brulant leur carte de normalité, hébétés.
Ils disparaissaient laissant quelques photos anonymes,
Et une rumeur se propageant tel un feu de forêt,
Allumant des incendies d'inquiétude.
Pauvres têtes nues habitées par la crainte.

Le contrôle intégré en seconde peau,
Désormais ils étaient leur propre police.
Police efficace de la contradiction et de l'erreur,
Chaque mot soupesé en sa valeur affreuse,
Et retourné comme un gant, vidé de sa substance.
Mais sous la trame des phrases,
On devinait la peur gémissante.

Une vie de chien.

18 janvier 2009 - 03:49

Une vie de chien

Image IPB

C'était un machin vert,
Une corne d'abondance,
C'était un peu byzance
Et été comme hiver,

Les hommes y mettaient
Tout plein de victuailles
Et l'on faisait ripaille
A s'en faire éclater

Nos ventres tout poilus,
A toute heure on trouvait
Des mets très raffinés,
Appelés détritus.

Mais les hommes en vert
Les étrangers sournois,
Nous volaient nos repas
Dans leur camion en fer.

Ils arrivaient la nuit
Dans leur charriot d'enfer,
Acrrochaient l'machin vert
Tout en faisant grand bruit,

Ils vidaient nos trésors
Dans le ventre béant,
Du monstre trépignant,
Grondant d'un air retors.

Nous restions affamés
Nos langues bien pendantes,
Et privés d'alléchantes
Denrées au bon fumet.

"Maudit camion pervers !
Et maudits hommes verts !
Malgré nos ouafs outrés
Vous n'avez nulle pitié..."

Je ne sais plus qui écrit à travers moi.

15 janvier 2009 - 10:20

Sur le forum mécanique du corps,
Chacun promenait l'acuité de son manque,
Soupesant les chiffres et les mesures,
Pesants dans la balance du désir.

Elle était belle, ses dents brillaient,
On aurait dit un oreiller.
Des poils tout droits sur le cailloux,
Genoux cagneux et maigre cou.

Lui avait le port de l'antique noblesse,
Pas une noblesse de sang,
Une qui touche l'esclave
Comme l'homme libre.

Le front haut du génie sans taches,
Le regard fêlé tourné en dedans,
Tout les attributs d'une poésie vibrante
De la désespérance et de l'étincelle.

La machine à miracle s'est éteinte,
Une partie de vous se décolle.
Et tombe comme un oiseau mort
Dans le silence de la rue.

et puis plus rien..

SURVIVRE A L'APOCALYPSE.

14 janvier 2009 - 10:57

Survivre à l'Apocalypse.

Leçon n°1:
PAS DE PANIQUE !!!

L'apocalypse nucléaire est proche,
Vous aimeriez sauver votre petite famille ?
c'est bien naturel...
Quelques conseils pour y survivre?
Dansons sous les bombes ensemble alors...

Image IPB
L'hivers nucléaire.

En vue d'une profitable élimination
Qui mettra fin à la surpopulation,
Résignez vous, c'est de bonne guerre,
Et aménagez votre Bunker.

Quelques fleurs habilement disposées
Couvriront l'odeur des décès,
Et une touche de musique
Donnera une ambiance unique.

Gardez vos vieux, c'est très utile,
Même s'ils radotent, s'ils sont débiles,
Quand viendra l'heure de la pénurie,
Agrémentés de brocolis,

Ils feront un met délicieux,
Vous verrez ils sont savoureux.
Prenez patience, la fin de l'hiver
Viendra bientôt après la guerre.

Image IPB

Leçon n°2:
SURVIVRE A LA MUTATION

Bien installé dans votre bunker,
Des choses étranges arrivaient.
Vos animaux domestiques devenaient
Franchement louches et hostiles.
Et même vous n'étiez plus tout à fait identique.

Image IPB

La troisième jambe ne fut pas la pire,
Les enfants ça les faisait bien rire,
Le plus dur était devant nous,
Notre fierté en pris un coup.

Les animaux eux s'en foutaient,
Mais leurs yeux semblaient s'éclairer,
D'une lueur inhabituelle,
Quelque chose d'un peu cruel.

La nuit ils se rassemblaient,
Et commençaient à comploter,
Le jour ils étaient serviles
En serviteurs toujours dociles.

On aurait du prévoir la suite,
Et promptement prendre la fuite,
Notre arrogance nous aveuglait,
Nous fûmes vite maitrisés.

Ce fut un peu dur pour nous,
De nous nourrir de canigou,
Mais nos maitres jamais n'oubliaient,
De temps en temps nous caresser.

Et d'os à moëlle en bonnes patées,
Nous dûmes bien nous résigner,
Le pouvoir avait changé de main,
Désormais nous étions les chiens.


Leçon n°3:
TOUT EST BON DANS LE PROTON
ou comment j'ai appris à aimer la bombe.
Image IPB
Comment la guerre a éclaté ?
Qui se souvient de cet été ?
Les militaires sont très fantasques,
Et le vide plane sous leurs casques.

Des raisons y en avaient mille,
L'industrie, le pétrole, les huiles,
Les hauts gradés, les belliqueux,
Voulaient tester leurs jouets neufs.

Peu importe, maintenant on y est,
Il va falloir nous adapter.
Quelques innovations s'imposent
Pour échapper aux temps moroses.

Abolissons d'abord la famille,
Le travail, la patrie, les villes.
Réinventons la sexualité
Maintenant que nous avons muté.

Nous resterons dans les campagnes
Allant seulement vétus de pagnes,
C'est un peu kitch mais très commode,
Et tout le monde sera à la mode.

Nous créerons aussi de nouveaux dieux,
Des dieux mécaniques aveugles,
Devant lesquels nous nous prosternerons,
Bien bas, en implorant leur pardon.

Puis nous apprendrons à aimer,
L'apocalypse qui a révélé,
Le vide des nos existences,
A defaut de leur donner un sens.

Copier Coller.

14 janvier 2009 - 08:19

Je copie-colle
Et je décolle.

Sur mon traitement de texte,
J'ai mélangé les mots
Comme un jeu de bingo,
Mariés en sens nouveaux.

Je coupe, je colle,
Et je bricole.

Sur mon clavier crado,
J'ai mélangé mes doigts
Qui retombaient parfois
Où il ne fallait pas.

Ces accidents verbaux
Créaient des quiproquos,
Faisaient plier mes phrases
Sans faire table rase

Des règles lexicales
Ma foi aussi bancales,
Que toute loi établie
Par des bénis oui oui.

Je sauve puis je charge
En pressant sur Carriage
Return, la bien nommée,
La touche ensorcelée.

Ma souris la jalouse
C'est la reine de la loose,
Elle bouge bancalement
Sous ma main lentement.

Mon mulot est presbyte
Il aime qu'on l'agite,
Il dort sur son tapis
D'un air bien abruti.

Autrefois enlacés
Dans les lignes celluloses
Là mes mots se reposent,
Ils sont désincarnés,

Apparaissent à l'écran
Accrochés à des points,
Libérés de ma main
Ils s'évadent enfin.