benoit40

Suivre la ligne

Suivre la ligne

Faire passer les moyens avant la fin
Remettre tout à demain
Surtout l’ignorance des signes

Longer la ligne

Sans jamais la franchir
Prudence du bon sens
Se précipiter d’oublier

Finir la ligne

Accomplir ce qu’on doit
Vouloir rester digne
Surtout ne pas laisser de traces
Oser, n’en faire qu’en parler
Juste pour se rassurer
Comme si on le pouvait
Se rabattre sur cette ligne connue
Qui apaise nos envies d’inconnue
Glorifier le renoncement
Au nom de la raison
Fierté des rêves désavoués
Echoués aux pieds des espoirs trop tentants
C’est comme ça, on y peut rien, soi-disant !
Alors suis la ligne en tirant un trait dessus
Et ta vie vaudra autant que son temps

Benoit GASTOU

Ligne

Si t’as une chance de franchir la ligne n’hésite pas, fais-le !
Si on te demandait de sauter la ligne
Si tu pouvais franchir la ligne suivrais-tu ce signe ?
De jeter tes pas, de lancer tes appâts jusqu’à bout de ligne
Inspire … et signe
Tu n’as droit qu’à un tir et pas des pires pour franchir et rire
Tes ennemis intimes aux abois
Il ne reste plus que ce soupir qui t’étrangle
Finir pour enfin frémir, ressaisir cette naissance, renaître de ces absences
Sentir tout ce sang qui donne tant de sens à l’obéissance aveugle de nos offenses
La ligne jure, injure, et se parjure
Ligne de démarcation, ligne blanche, ligne rouge
Limite et frontière fusionnent au fil tendu sur les malentendus
Ligne à haute tension
Limite d’accession
Barrière de signes, incompris et tristes
Frontière à l’arrière
La ligne a déjà fondu
Surtension
Surchauffe
Tondus les restes perdus de ces chauves à l’esprit échauffé par l’échafaudage de leurs sombres présages mais la ligne n’a pas d’âge

Benoît GASTOU

Ne bouge pas !

Mais ne bouge pas
Reste là
Les pieds à l’encrage
Ne font que s’enliser
Aux clameurs rageuses
Les bouches s’ouvrent
A l’expiation rebelle des balafrées
S’allongent à même l’acier
Maris à poigne
Femmes à poignard
Arithmétique normative
D’un duo, doublé, d’une paire,
D’un binôme, deux, couple
Servitude de l’hébétude
De l’habitude à la chute
Propriété exclusive par voix divine
Droit de regard hagard
Jusqu’à rendre le beurre noir
Et l’échine rouge sans oublier le violet des côtes
Emballée et ensachée pour promener
Délimiter le territoire d’esclavage
Faire la traite des mégères

Benoît GASTOU
http://www.alchimistesduverbe.com/chroniques_nocturnes.htm

Abattre le bâton

Rejoins ton troupeau
Ecoute ton berger
Cet homme de bois
Qui te ramène quand tu abois
C’est peut-être moi
Avec un plus de toi et un peu moins de foi
Il faut paître là où l’herbe est fraîche
Accorde à cette transhumance
Ce vice fourbe de bienfaisance
Goûte à cette douce altitude
Qui rassure, enivre et attire
Plus facile d’obéir aux chiens qu’aux miens
Et pourtant je sens bien que ce sang
Pourrait me faire rompre les rangs
Abattre les bâtons de berger
Pour voir jusqu'à quelle apogée nous pouvons arriver

Benoit gastou
http://www.alchimistesduverbe.com/chroniques_nocturnes.htm

Pointez, jugez, hurlez…

Des points, des traits, des serpentins dorés
Des points, des traits, des filaments croisés
Des points, des tresses affiliées

Les os et les « S »
Sur le stress de nos points
Pointez du doigt nos siestes « O »

Des points, des traits désabusés
Des points, des traits attitrés
Des points, des poings abîmés

Les sots et les « Si »
Sur les dires de nos hôtes
Jugez-les sans lest

Des points, des traits surmenés
Des points, des traits en retrait
Des points, des traits dissimulés

Les toasts et les tests
Sur les canapés éventrés
Hurlez pour ce qui « se » …

Benoit GASTOU
http://www.alchimistesduverbe.com/chroniques_nocturnes.htm