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bercé par la houle

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Publications sur Toute La Poésie

Rue des coupe-jarrets

06 mars 2011 - 07:49

Rue des coupe-jarrets

J'ai longtemps habité
La rue des coupe jarrets
Où y a plus de fuyards que de passants
On s'y attarde pas, surtout le soir
Pour y aller faut l'faire exprès
Et pourtant c'est tout près

Près de chez moi ça r'semble à nulle part
On y croise l'obscurité et souvent du brouillard
Comme dans un cauchemar
L'herbe est mauvaise entre les pavés disjoints
On n'y respire pas comme sur un grand boulevard


Il y règne un silence de catacombes
Les habitants ont l'air un peu bizarre
C'est ma rue, n'y passez pas
C'est un conseil que je vous donne
Peut-être le dernier
Alors faites attention

Chez moi c'est pire y'a pas d'placard
Tout est dans des cartons, j'suis prêt à fuir
Et pourtant j'suis un dur à cuire

Mais j'en ai trop vu, j'peux rien vous dire
Et n'allez pas imaginer le pire
Vous seriez loin de la réalité

Pour moi votre misère est un bonheur inaccessible
Alors vous plaignez pas, c'est pas si terrible
J'échange mon palace contre votre cachot
Une chose est sûre vous y perdrez au change

Quand on a tout fait pour s'en sortir
Et qu'on reste au fond de son trou
Y a plus d'murailles, y a plus d'verrous
La seule solution c'est qu'y en a pas
Il ne coûte rien le dernier pas

Adieu la rue des coupe-jarrets
Adieu la vie, je suis décédé
Au revoir poésie, rien ne rime plus à rien

Les vers se tortillent et se repaissent
De ma carcasse à la fosse commune
Ma dernière adresse connue
Qui vaut largement la rue des coupe-jarrets

Le poisson

01 mars 2011 - 05:40

Le poisson

Un nuage debulles
Des algues qui tendent les bras
L'eau si limpide
Baigne mon essor
Depuis les ruines antiques
Taillées dans le plastique

Il me suffit d'un élan
Etj'ai la tête en l'air
Il est petit mon univers
Avec ses parois de verre

Je suis de toutes les couleurs
Et mange peu de graines
C'est pour ça qu'on m'aime

Mon destin c'est l'aquarium
Prison des bêtes à nageoires
Ichtyus parabellum (bis)

Où que j'aille, quoi que je fasse
Droit dans le mur je me fracasse

Tout ça me paraît surnaturel
Elle me manque l'eau originelle
Ce cours qui m'a servi d'alma mater
Quand j'étais encore à l'état larvaire

Je cours au suicide mais ne peux me noyer
J'dis pas ça pour vous apitoyer
Ma prison est trop carrée
Pour moi le monde ne tourne pas rond

Jusqu'à présent, j'ai rongé mon frein
A mes jours je voulais mettre fin
J'ai même fait la grève de la faim

Les graines que j'ai refusé de manger
Au fond de mon cachot se sont plantées
Une jolie liane y a poussé

Autour du cou me la suis passée
C'est comme ça que j'ai trépassé

Je flotte en l'air je suis un ange
Dans le ciel parmi les cumulo-nimbus
Omnibus terra fugit pluribus
Aqua liberta proéminus (bis)...

Une Bonnne Guerre

31 juillet 2007 - 10:31

Une bonnne guerre

Quand on voit ce qui se passe
On se sent pris dans une nasse
On aspire à la liberté
En espérant retrouver notre fierté

Contraints à de nobles combats
Pour oublier tous les coups bas
Afin de découvrir de nouveaux horizons
Qu'un sang impur allons enfants marchons

On la trouvera bien la chair à canons
Il suffira qu'elle danse sous les flonflons
Pour que le peuple se batte
On invente les mots qui le flattent

Une fois qu'il est parti fleur au fusil
Commencent les opérations de nettoyage
Un mot qui sent bon le propre et qu'est pas gentil
Tu parles d'une invitation au voyage

La guerre sans nom se pare de ses plus beaux atours
Patrie en danger appelle d'urgence déclaration d'amour
Ses flèches empoisonnées percentles coeurs
De ceux qui seront jamais vainqueurs

Ils troqueront leurs beaux uniformes
Pour des discours posthumes énoncés dans les formes
Ensevelis sous les honneurs militaires
Salis par la gloire velléïtaire

Non ne suivez pas le joueur de flute
Qui séduit vos instincts les plus bas
C'est un joli fils de pute
Qui mène le monde au trépas

Alors si vous voulez marcher au pas
Aucune hésitation et de votre plus belle voix
Entonnez le chant de ceux qui savent pas
Que ces gens là n'ont ni foi ni loi

Elle est si bonne la guerre
Quand la hache sort de terre
Il est si doux de voguer vers le néant
De disparaître à pas de géants
Fermons les yeux pour adoucir les tourments
Où nous conduit ce terrible aveuglement

La bonne guerre brûle les scories
Panse les plaies et sauve nos vies
C'est pour nous les médiocres
Que terre et ciel se disputent cette belle couleur d'ocre

Et quand viendra le moment des comptes pour les marchands
Quelques pauvres hères reviendront clopin clopant
Assourdis par le feu qui n'a pas pu les bruler
Et soulagés de pouvoir encore circuler
Heureux d'être revenus d'une si belle guerre
Ayant mérité une médaille militaire
Crachat de la nation offert aux fantomes
De ceux qui furent peut-être des hommes

A ceux là je vous le conseille
Dites pas qu'il nous faudrait une bonne guerre
Pour eux c'est pas demain la veille
Et c'est de bonne guerre...de bonne guerre

Encore Perdu

29 juillet 2007 - 09:29

ENCORE PERDU

Merde, t'as encore perdu au millionnaire
J'avais pourtant prévu des dépenses pour le prochain millénaire
Il manquait plus qu'une simple formalité
Qu'nos boules sortent de la machine à la télé

Et encore on a failli d'venir pauvres pas plus tard qu'hier
Quand on r'trouvait plus cette saloperie de bulletin de millionnaire
On est presque contents maintenant qu'on a perdu
D'avoir retrouvé nos nerfs et l'ticket du millionnaire

Mais on a aussi refait le plein d'espoir et d'illusions
Après le choc du ticket chic devenu un ticket en toc
C'était pas not'jour ce sera pour la semaine prochaine

En attendant on se contentera de not' pain quotidien
A la farine fade des jours qui se languissent
Dans l'attente d'un coup du sort
Qui nous évitera de penser au grand soir
Et nous sortira de notre misère noire

C'est vrai quoi ! C'est not'tour maintenant
Après le pain noir vient le pain blanc
On a pas demandé à bouffer de la vache enragée
Ni du poulet aux hormones

Si le hasard s'y met aussi on aura jamais droit au bonheur
On a beaucoup plus de chances de digérer du malheur
A en rendre l'âme et ad vitam eternam

Jusqu'à ce que le père Mortibus
Passe nous prendre dans son autobus
Pour nous emmener au paradis des joueurs déçus
E spiritus sanctus
Amen

Multirécidiviste

22 juillet 2007 - 08:07

Multirécidiviste

J'avais commencé petit
Un simple feu orange à moitié grillé
Pour moi y avait pas faute
J'y ai laissé six points

J'ai haussé la voix
Ils m'ont traité comme un moins que rien
Alors j'ai laissé parler mes poings
Ca s'est transformé en outrage
Puis en coups et blessures
Bonjour la facture

Dès ma sortie du pensionnat
(pas celui du couvent des oiseaux)
J'avais l'impression d'être fait comme un rat
Et j'étais surveillé comme le lait sur le feu

Dès qu'il s'passait quelque chose
J'voyais rappliquer les boeufs
Avec leur beau teint de couperose
Et leurs questions posées comme des réponses

Dès qu'j'ai pu j'suis r'tourné fair ma peine plancher, plancher des vaches ça va de soi
Tout ça sur ordre du parquet
Parquet ciré bien entendu

Sous l'oeil bienveillant d'un maître du barreau
Barreau de prison - était ce la peine de vous le dire,
Celui qui me tient lieu de ligne d'horizon Pour souligner le ciel sans liberté
Auquel on m'a abonné de force
Aux forces de l'ordre comme ils disent

On finira tous en zonzon
Sous le regard des matons
Alors je m'adresse à vous
Q'êtes en liberté provisoire
Jusqu'au moment où un feu rouge dérisoire
Vous vaudra d'en prendre plein la poire

Laissez pas les peines plancher
Vous écraser comme une araignée au plafond
Et vous aussi ceux qui jugez
Ne tirez pas au jugé

Exécuteurs des basses oeuvres
Garants de la liberté sans marge de manoeuvre
Ne devenez pas de simples instruments
Au mépris de votre prestation de serment
La justice c'est comme les antibiotiques
C'est pas automatique