Pritos

Silhouette pétrifiée
dans les branches de sapin
balancée par le vent
face aux lueurs d’occident
pas encore au-delà
l’oiseau de Lug
attend
spectre survivant
la surrection des silences

Homme de fièvre j’ai dressé la pierre
obole de sel mon baptême améthyste
j’ai le sang de la terre à mon torse
ô pulse ma chair et que mon âme saute
car ma stèle est l’autel île où j’exulte
le monde est nu et je tiens mon soleil
sans borne mon rêve borde ma trève
si brève et longue soit la marche qui me guide
à travers l'enchevêtrement des temps

Le couteau d’argent de ta lumière
tant s’est-il émoussé
lavé de sang
le temps en fait sa torche de pierre
éblouissant
un ardent musée
mouflons de neige pièges à chair
comme de toute éternité
entre émeraude et saphir balance
l’éclat de chorales férocités
la perpétuité des violences
s’apaise en conciliabules
rancœur stratifiée dans le calcaire
bulle de beauté
ici l’on glande on glane ou on zébule
Artaban duettiste par antiquité
fier
par nécessité
restent le myrte et l’arbousier
pour parfumer sa conscience
quand la dague est tirée
il faut boire la transe
là-bas est cette France
qui pèse et qui toise
les plaies et le maquis
ce fichu noir sur tour génoise
vieille noise
que balaiera au port ancrée
la passion de Liberté.

Elle jette violoncelle ses langoureuses pépites
Et c’est un formidable tutti d’étincelles
D’aigues-marines sur lazulites essentielles
En tournant emporte mon sexe tourmaline
Gorgés à deux des sucs de nos chairs
Plonge son satin au velours des cavités
Secrète se perd à de gobantes fusées
Aréolés tous deux de roses érectilités

Lavandière aux doigts de rose essore nos nuits
dilue ton grenat fin au goutte à goutte d’or
racine d’émeraude et poudre d’améthyste
fonds ton essor au fil des rêves de phosphore
topaze au pied le sein lazulite érectile
élabore à présent tutti de toutes choses
le jour qui prend sa pose à dose d’ellébore