Il est rare, parait-il, que le titre naisse avant le thème. Au mieux, on qualifierait sans doute cela d’exercice, au pire, de production sur commande.
Qui peut accepter la simple idée que ce n’est pas un choix ? L’explosion est toujours un instant fabuleux. Une énergie née d’un néant chaotique, la main d’un Dieu qui d’un geste déchaine les sentiments humains avec la même insolence qu’il sait déchainer les éléments.
Pour le meilleur, et pour le pire.
Il faut gratter, accepter la colère, raturer, recommencer. Créer n’est pas une affaire de choix. Au mieux, d’opportunisme. Maitriser les techniques pour mieux les oublier, savoir par cœur les règles pour mieux les violer. Etre le plus prêt possible, pour savoir laisser fuser des miettes de rage, à l’instant précis ou l’on se retrouve, au gré de son chemin, au bord de soi.
Dieu est par lĂ .
Le talent n’existe pas. Seuls les sens existent. Le travail n’existe pas. Seul les besoins existent. Les vérités ne restent pas … Seuls les sentiments subsistent. Puisque je ne peux accepter d’être une illusion, alors, l’art en est une.
Mais la sagesse n’est pas là .
On ne trouve pas comment remplir son assiette en la fixant du regard. On n’embrasse pas du regard le ridicule horizon de sa liberté en pointant ses chaines du doigt… On n’en trouve pas les clés en s’acharnant vainement à les rompre.
Mais c’est un reflexe juste en deçà de la conscience. Humaine – Humain.
Mais l’animal est fort. L’instinct est surpuissant. Le temps passe, les moyens changent, mais la finalité, pas. Justifier l’animal. Pardonner l’animal. Réprimer l’humain. Bloquer l’accès de la conscience à elle-même. Causalité / sécurité. Raison / possession. Le chemin est court, ridiculement court. Aussi insignifiant que l’individu qui le parcourt, autant de fois que son inexistence le lui permet, au rythme imposé par quel Dieu ?
Le chemin est le même. Le niveau de conscience change. D’un rien. Rarement.
Le monde parfait existe. Nous y évoluons déjà . Mais les lois de l’évolution, par leur simple existence, exigent de notre perception qu’elle ne l’appréhende pas. Les mêmes lois veulent qu’on refera le monde encore et toujours, jusqu’à notre extinction et peut-être un peu au-delà , dans le vain espoir de rompre cette perfection non-réflectrice. La conscience ne saurait aller au-delà d’elle-même.
Le facteur humain.
subalterne
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Facteur humain
06 novembre 2007 - 11:08
absurdités
06 novembre 2007 - 10:39
Aprés bien longtemps.... juste comme ca , pour rien.
On the Road Again
-Alors, on fait quoi ?
-On se téléporte ?
-La téléportation, ça n'existe pas !
-Exact, j’oubliais.
-On y va pas, pour gagner du temps ?
-Gagner du temps pour s’y rendre, en y allant pas ?
-Non, du temps pour suivre le fil du propos.
-Ne l’aurions nous pas en suivant la route ?
-Bien sur que non, puisqu’il n’y a pas de route !
-Bien sur que si, puisque nous ne pouvons nous y téléporter !
-Pardon, je m’égarais.
-C’est le diable que de s’égarer en allant nulle part…
-Mais si on pouvait se téléporter, on ne pourrait plus s’égarer.
-On ne pourrait plus découvrir !?
-Que de temps gagné !
-Oui, mais gagné à quoi ?
-A ce qu’on veut, enfin !
-A réfléchir ? Se cultiver ? Se divertir ?
-Oui, bonne idée, se perdre dans sa propre infinité !
-Mais on ne ressentirait plus nos infinités, si on avait plus les miroirs de l’errance pour se les refléter.
-Qu’importe, puisque nous irions trop vite pour avoir le temps d’y penser ?
-Trop vite pour avoir du temps Ă tuer !
-On emploie le temps. Ca serait stupide de le tuer.
-Mais si on ne s’emploie pas à l’arpenter, c’est nous que l’on tue.
-De toute façon, on meurt, alors il n’y a qu’à se presser assez, pour ne pas l’envisager.
-Mais c’est absurde !
-Evidement, mais c’est la vérité.
-Non, ce n’est que la réalité.
-La réalité, c’est que la téléportation n’existe pas.
-Alors, on fait quoi ?
Taper des pieds
- Est-ce que tu le souhaites ?
- Non, je le veux !
- Allons donc ! En faire le vœu, ou en formuler le souhait …
- S’il suffisait de le souhaiter, je n’aurais plus de raison de le vouloir.
- Mais clamer sa volonté comme ultime moyen, ce n’est qu’un vœu pieu.
- Comme un vœu de pauvreté ? Pour sur, c’est si simple d’en faire à souhait !
- Tu penses ? Pourquoi n’y travailles-tu point, puisque tu le souhaites plus que de raison ?
- Pas tant ! La raison m’infligerait simplement d’y renoncer. Je ne veux pas me résigner !
- Donc si tu le veux trop, tu ne le souhaites plus ?
- C’est un cercle. Si je le souhaite, je n’agis pas, et j’en rêve. Si je le veux…
- Si tu le veux, tu t’appauvris de tes rêves, et tu n’en es pas encore enrichi !
- Pour sur ! Si j’y étais déjà , je ne le voudrais plus !
- Pourtant, il y a un problème. Tu ne peux pas le vouloir, si tu n’en as jamais rêvé.
- Pourquoi donc ?
- Mais enfin, on ne peut désirer ce qu’on ignore !
- Pas désirer, vouloir ! Alors, les découvreurs, que désirent-ils ?
- Découvrir !
- L’inconnu !
- Mais ils s’en moquent de ce qu’ils découvrent ! C’est le sentiment qu’ils recherchent !
- Oui, ils sont mu par le désir !
- Alors, quel est le tien ?
- Voir s’exécuter ma volonté !
- C’est stupide ! Prend ce verre, brise le au sol, et je te verrais donc satisfait, puisqu’il en aura été de ta volonté !
Et c’est ainsi qu’advint, ce que pourtant ni le verrier qui l’avait soufflé, ni la grand-mère qui l’avait légué, n’eurent jamais désiré.
- Tu as raison, ça ne fonctionne pas.
- Tu ne saurais donc jamais jouir des fruits de ta volonté ?
- Bien sur que non! Et je viens d’en expérimenter la réalité !
- La réalité ne pourrait que te dire que ce verre ne lui appartient plus.
- Une bien pâle soustraction, qui a mis en valeur une belle vérité !
- La vérité, c’est que le vouloir ou casser un verre, ce n’est ni souhaiter, ni désirer. Rien. Rien qu’un simple caprice.
- Qui n’est pas mu par le désir du plaisir de le faire, mais simplement l’appel de l’obtenir …
- Qui n’est que la différence entre l’expression d’un besoin dans la bouche d’un enfant, et celle d’un adulte.
- Mais si je deviens adulte, j’inverserai la causalité ! Je ne voudrai plus l’obtenir quitte à tout faire, je ne souhaiterai plus l’obtenir que pour le faire …
- Alors, est-ce que tu le souhaites ?
La vérité si j’mens
- Hier matin, j’ai voulu traverser la rue de la place du marché à cloche-pied. Et je suis tombé. J’étais ivre. Tout du pied gauche, s’il te plait !
- Pardon ?! Qu’est-ce que tu racontes ?
- Un peu n’importe quoi. A bien fouiller ma mémoire, ce devait plutôt être le pied droit.
- Mais enfin, quelle est cette folie ?
- Oh, je fais ne fais que le récit de cette aventure !
- Tu t’es endormi, et tu as rêvé ?
- Non.
- Tu ne bois jamais plus que de raison, moins encore le matin !
- En effet.
- Tu as fais exception, hier ?
- Dieu m’en garde !
- Alors, tu mens !
- Pourquoi le ferais-je ?
- Mais ce que tu racontes n’a pu réellement arriver !
- Réellement, non, bien sur.
- Il s’agit donc bien d’un mensonge !
- Je m’en défends !
- Nous y voilà ! Il faut être coupable pour se défendre !
- Non, il suffit d’être accusé.
- Il faut s’attendre à l’être, à maintenir de telles contradictions.
- De telles ?
- Une affirmation, suivie d’une induction erronée, c’est un mensonge sur deux propos.
- Hier matin, un caillou s’est glissé dans ma chaussure gauche, me faisant horriblement mal à chaque pas. Comme j’étais en train de traverser la route, je ne pouvais m’arrêter, j’ai donc décidé de finir de traverser sur un pied, posant à peine le second. Comble de malchance, mon lacet gauche s’est défait, j’ai posé le pied droit dessus, et je suis tombé, au beau milieu de la route. Comme j’étais à faire le marché, mes quelques sacs de provisions ont généreusement distribué leur contenu au sol.
- Voilà qui est improbable mais réaliste ! Enfin la vérité !
- Non, non, c’est la réalité.
- Ca devient agaçant.
- Oui, c’est souvent le cas, quand on s’acharne à obtenir les faits, plutôt que sur le sens qu’on leur donne.
- Le sens, la direction ? Celle depuis laquelle on observe !
- Voilà ! Crois-tu que les automobilistes et autres passants témoins de la scène savent ce qu’il en était de ce caillou, de mon lacet ? Bien sûr que non. Ils ont vu un homme boiter soudain sans raison, puis s’échouer, rougir de gène en ramassant tant bien que mal ses provisions éparpillées. Un homme ivre, à n’en point douter. Ma première version était donc la plus juste.
- Soit. Mais c’est ton récit, et ton bon sens sais bien que tu …
- Que j’ai ressenti bien au-delà du gène qu’on éprouve de sa propre maladresse, en balbutiant quelque excuse, quand on se retourne brusquement et qu’on cogne quelqu’un, par exemple. Plutôt celle d’un homme assez imbibé pour perdre le sens de l’équilibre, entre autre. Celle d’un homme ivre. Ma première version est donc la plus juste.
- Mais la seconde est réelle. La première est mensongère.
- Non, elle n’est juste pas réelle. Pour autant, elle est véridique.
C’est décidé, je me rase.
- Je te présente, mon aquarium. Il m’a fallu bien d’énergie, de temps et d’argent pour recréer une flore et une faune équilibrée, mais voici le résultat !
- C’est joli, en effet. Recréer ?
- Bien sur ! J’ai étudié chaque détail, l’expérience m’a apporté tout le savoir pour réunir les conditions nécessaires à la vie de ce petit monde ! Taux d’acidité, espace vital…
- En quelque sorte, pour ces plantes et ces poissons, tu es Dieu ?
- Sans la barbe, et avec une pointe de fierté pour ma création.
- Qui te dis que Dieu n’en a pas ? D’ailleurs, qui te dis qu’il a une barbe…
- Dieu est sa création. A n’en point douter, il ne manque pas de barbes !
- Et toi, tu es donc cet aquarium.
- Je le possède. Ce n’est pas l’être.
- L’enfer soit pour les mots, si mal employés. Ta création te possède !
- Je m’en défends ! Si je souhaite m’en défaire, ça ne tien qu’à moi. Cet objet est mien. J’ai le pouvoir de le donner, le changer, le détruire.
- Le pouvoir ! A la bonne heure. Mais qu’adviens-t-il de ta création, si tu ne la nourris plus, ni de ton énergie, ni de ton temps, ni de ton argent ?
- A coup sur, ce deviendrait saleté, puis maladies. Alors, elle dépérirait, puis mourrait.
-Alors, le pouvoir de la détruire n’appartient pas qu’à toi, mais à ta création elle-même ! A l’image de Dieu … Toi, tu n’as que le pouvoir de l’en empêcher ! Et çà te demande bien de la présence !
- Q’importe ? Dieu est trop barbu pour que le soleil ne lui profite. Alors, au diable les grandes vacances.
- Au Diable. Mais à part çà , tu n’es pas possédé ?
- Que nenni ! Je désire ce havre de paix, en ce lieu.
- Donc, c’est ton désir qui te possède. Et à travers lui, c’est bien cet aquarium qui dispose de ton temps et de tes moyens.
- J’en dispose à ma guise ! Quelques contraintes, contre ce petit coin de paradis.
- Si tu as recréé un paradis, c’est bien que l’enfer se trouve en son sein.
- Aussi faux que le Diable est une création de Dieu.
- Ce lieu créé par toi en ce lieu est un nid à maladie, et si tu le délaisses, ton petit coin de Paradis se transformera bientôt en berceau de mort, petit musée verdâtre de quelques horreurs pourrissantes.
- Il me serait bien profitable de prendre quelques vacances de cette prenante activité, pour penser à tout cela.
- Absente toi, petit dieu, et la mort viendra prendre ta place.
- Et ma création fin morte, je serais libre !
- Libre de quoi ? La liberté n’est pas une réalité de ce monde.
- Libre de cette possession ! Je n’aurais plus à maintenir en vie ma création, et les contraintes quitteront ma réalité en même temps que cet aquarium !
- Mais ça ne tuera point ton désir ! La réalité, c’est que ce n’est pas la mort de ta création qui t’en libèrera, mais ta propre mort.
- La vérité, c’est que la réalité semble vouloir me faire payer un peu cher, cette liberté…
- C’est ta vérité. Mais tout bien pesé …
- T’ai-je montré la maquette que j’ai entrepris de construire ?
On the Road Again
-Alors, on fait quoi ?
-On se téléporte ?
-La téléportation, ça n'existe pas !
-Exact, j’oubliais.
-On y va pas, pour gagner du temps ?
-Gagner du temps pour s’y rendre, en y allant pas ?
-Non, du temps pour suivre le fil du propos.
-Ne l’aurions nous pas en suivant la route ?
-Bien sur que non, puisqu’il n’y a pas de route !
-Bien sur que si, puisque nous ne pouvons nous y téléporter !
-Pardon, je m’égarais.
-C’est le diable que de s’égarer en allant nulle part…
-Mais si on pouvait se téléporter, on ne pourrait plus s’égarer.
-On ne pourrait plus découvrir !?
-Que de temps gagné !
-Oui, mais gagné à quoi ?
-A ce qu’on veut, enfin !
-A réfléchir ? Se cultiver ? Se divertir ?
-Oui, bonne idée, se perdre dans sa propre infinité !
-Mais on ne ressentirait plus nos infinités, si on avait plus les miroirs de l’errance pour se les refléter.
-Qu’importe, puisque nous irions trop vite pour avoir le temps d’y penser ?
-Trop vite pour avoir du temps Ă tuer !
-On emploie le temps. Ca serait stupide de le tuer.
-Mais si on ne s’emploie pas à l’arpenter, c’est nous que l’on tue.
-De toute façon, on meurt, alors il n’y a qu’à se presser assez, pour ne pas l’envisager.
-Mais c’est absurde !
-Evidement, mais c’est la vérité.
-Non, ce n’est que la réalité.
-La réalité, c’est que la téléportation n’existe pas.
-Alors, on fait quoi ?
Taper des pieds
- Est-ce que tu le souhaites ?
- Non, je le veux !
- Allons donc ! En faire le vœu, ou en formuler le souhait …
- S’il suffisait de le souhaiter, je n’aurais plus de raison de le vouloir.
- Mais clamer sa volonté comme ultime moyen, ce n’est qu’un vœu pieu.
- Comme un vœu de pauvreté ? Pour sur, c’est si simple d’en faire à souhait !
- Tu penses ? Pourquoi n’y travailles-tu point, puisque tu le souhaites plus que de raison ?
- Pas tant ! La raison m’infligerait simplement d’y renoncer. Je ne veux pas me résigner !
- Donc si tu le veux trop, tu ne le souhaites plus ?
- C’est un cercle. Si je le souhaite, je n’agis pas, et j’en rêve. Si je le veux…
- Si tu le veux, tu t’appauvris de tes rêves, et tu n’en es pas encore enrichi !
- Pour sur ! Si j’y étais déjà , je ne le voudrais plus !
- Pourtant, il y a un problème. Tu ne peux pas le vouloir, si tu n’en as jamais rêvé.
- Pourquoi donc ?
- Mais enfin, on ne peut désirer ce qu’on ignore !
- Pas désirer, vouloir ! Alors, les découvreurs, que désirent-ils ?
- Découvrir !
- L’inconnu !
- Mais ils s’en moquent de ce qu’ils découvrent ! C’est le sentiment qu’ils recherchent !
- Oui, ils sont mu par le désir !
- Alors, quel est le tien ?
- Voir s’exécuter ma volonté !
- C’est stupide ! Prend ce verre, brise le au sol, et je te verrais donc satisfait, puisqu’il en aura été de ta volonté !
Et c’est ainsi qu’advint, ce que pourtant ni le verrier qui l’avait soufflé, ni la grand-mère qui l’avait légué, n’eurent jamais désiré.
- Tu as raison, ça ne fonctionne pas.
- Tu ne saurais donc jamais jouir des fruits de ta volonté ?
- Bien sur que non! Et je viens d’en expérimenter la réalité !
- La réalité ne pourrait que te dire que ce verre ne lui appartient plus.
- Une bien pâle soustraction, qui a mis en valeur une belle vérité !
- La vérité, c’est que le vouloir ou casser un verre, ce n’est ni souhaiter, ni désirer. Rien. Rien qu’un simple caprice.
- Qui n’est pas mu par le désir du plaisir de le faire, mais simplement l’appel de l’obtenir …
- Qui n’est que la différence entre l’expression d’un besoin dans la bouche d’un enfant, et celle d’un adulte.
- Mais si je deviens adulte, j’inverserai la causalité ! Je ne voudrai plus l’obtenir quitte à tout faire, je ne souhaiterai plus l’obtenir que pour le faire …
- Alors, est-ce que tu le souhaites ?
La vérité si j’mens
- Hier matin, j’ai voulu traverser la rue de la place du marché à cloche-pied. Et je suis tombé. J’étais ivre. Tout du pied gauche, s’il te plait !
- Pardon ?! Qu’est-ce que tu racontes ?
- Un peu n’importe quoi. A bien fouiller ma mémoire, ce devait plutôt être le pied droit.
- Mais enfin, quelle est cette folie ?
- Oh, je fais ne fais que le récit de cette aventure !
- Tu t’es endormi, et tu as rêvé ?
- Non.
- Tu ne bois jamais plus que de raison, moins encore le matin !
- En effet.
- Tu as fais exception, hier ?
- Dieu m’en garde !
- Alors, tu mens !
- Pourquoi le ferais-je ?
- Mais ce que tu racontes n’a pu réellement arriver !
- Réellement, non, bien sur.
- Il s’agit donc bien d’un mensonge !
- Je m’en défends !
- Nous y voilà ! Il faut être coupable pour se défendre !
- Non, il suffit d’être accusé.
- Il faut s’attendre à l’être, à maintenir de telles contradictions.
- De telles ?
- Une affirmation, suivie d’une induction erronée, c’est un mensonge sur deux propos.
- Hier matin, un caillou s’est glissé dans ma chaussure gauche, me faisant horriblement mal à chaque pas. Comme j’étais en train de traverser la route, je ne pouvais m’arrêter, j’ai donc décidé de finir de traverser sur un pied, posant à peine le second. Comble de malchance, mon lacet gauche s’est défait, j’ai posé le pied droit dessus, et je suis tombé, au beau milieu de la route. Comme j’étais à faire le marché, mes quelques sacs de provisions ont généreusement distribué leur contenu au sol.
- Voilà qui est improbable mais réaliste ! Enfin la vérité !
- Non, non, c’est la réalité.
- Ca devient agaçant.
- Oui, c’est souvent le cas, quand on s’acharne à obtenir les faits, plutôt que sur le sens qu’on leur donne.
- Le sens, la direction ? Celle depuis laquelle on observe !
- Voilà ! Crois-tu que les automobilistes et autres passants témoins de la scène savent ce qu’il en était de ce caillou, de mon lacet ? Bien sûr que non. Ils ont vu un homme boiter soudain sans raison, puis s’échouer, rougir de gène en ramassant tant bien que mal ses provisions éparpillées. Un homme ivre, à n’en point douter. Ma première version était donc la plus juste.
- Soit. Mais c’est ton récit, et ton bon sens sais bien que tu …
- Que j’ai ressenti bien au-delà du gène qu’on éprouve de sa propre maladresse, en balbutiant quelque excuse, quand on se retourne brusquement et qu’on cogne quelqu’un, par exemple. Plutôt celle d’un homme assez imbibé pour perdre le sens de l’équilibre, entre autre. Celle d’un homme ivre. Ma première version est donc la plus juste.
- Mais la seconde est réelle. La première est mensongère.
- Non, elle n’est juste pas réelle. Pour autant, elle est véridique.
C’est décidé, je me rase.
- Je te présente, mon aquarium. Il m’a fallu bien d’énergie, de temps et d’argent pour recréer une flore et une faune équilibrée, mais voici le résultat !
- C’est joli, en effet. Recréer ?
- Bien sur ! J’ai étudié chaque détail, l’expérience m’a apporté tout le savoir pour réunir les conditions nécessaires à la vie de ce petit monde ! Taux d’acidité, espace vital…
- En quelque sorte, pour ces plantes et ces poissons, tu es Dieu ?
- Sans la barbe, et avec une pointe de fierté pour ma création.
- Qui te dis que Dieu n’en a pas ? D’ailleurs, qui te dis qu’il a une barbe…
- Dieu est sa création. A n’en point douter, il ne manque pas de barbes !
- Et toi, tu es donc cet aquarium.
- Je le possède. Ce n’est pas l’être.
- L’enfer soit pour les mots, si mal employés. Ta création te possède !
- Je m’en défends ! Si je souhaite m’en défaire, ça ne tien qu’à moi. Cet objet est mien. J’ai le pouvoir de le donner, le changer, le détruire.
- Le pouvoir ! A la bonne heure. Mais qu’adviens-t-il de ta création, si tu ne la nourris plus, ni de ton énergie, ni de ton temps, ni de ton argent ?
- A coup sur, ce deviendrait saleté, puis maladies. Alors, elle dépérirait, puis mourrait.
-Alors, le pouvoir de la détruire n’appartient pas qu’à toi, mais à ta création elle-même ! A l’image de Dieu … Toi, tu n’as que le pouvoir de l’en empêcher ! Et çà te demande bien de la présence !
- Q’importe ? Dieu est trop barbu pour que le soleil ne lui profite. Alors, au diable les grandes vacances.
- Au Diable. Mais à part çà , tu n’es pas possédé ?
- Que nenni ! Je désire ce havre de paix, en ce lieu.
- Donc, c’est ton désir qui te possède. Et à travers lui, c’est bien cet aquarium qui dispose de ton temps et de tes moyens.
- J’en dispose à ma guise ! Quelques contraintes, contre ce petit coin de paradis.
- Si tu as recréé un paradis, c’est bien que l’enfer se trouve en son sein.
- Aussi faux que le Diable est une création de Dieu.
- Ce lieu créé par toi en ce lieu est un nid à maladie, et si tu le délaisses, ton petit coin de Paradis se transformera bientôt en berceau de mort, petit musée verdâtre de quelques horreurs pourrissantes.
- Il me serait bien profitable de prendre quelques vacances de cette prenante activité, pour penser à tout cela.
- Absente toi, petit dieu, et la mort viendra prendre ta place.
- Et ma création fin morte, je serais libre !
- Libre de quoi ? La liberté n’est pas une réalité de ce monde.
- Libre de cette possession ! Je n’aurais plus à maintenir en vie ma création, et les contraintes quitteront ma réalité en même temps que cet aquarium !
- Mais ça ne tuera point ton désir ! La réalité, c’est que ce n’est pas la mort de ta création qui t’en libèrera, mais ta propre mort.
- La vérité, c’est que la réalité semble vouloir me faire payer un peu cher, cette liberté…
- C’est ta vérité. Mais tout bien pesé …
- T’ai-je montré la maquette que j’ai entrepris de construire ?