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Stagire

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Publications sur Toute La Poésie

A l'ombre des ombrelles

07 août 2017 - 09:30

Il y a une permanence et une répétition dans tous les sites touristiques du monde, c'est la promenade des ombrelles servant d'abri aux touristes chinoises. Par leur présence, elles attestent – comme un poinçon le ferait d'un bijou – de la qualité touristique de l'endroit où l'on se trouve.

Souvent, à l'ombre de ces ombrelles se trouvent une élégante femme en robe longue. Elle chemine accompagnée de deux ou trois de ses amies et ensemble, elles semblent se ravir de tout ce qu'il y a de typique et de pittoresque autour d'elles. Ce ravissement est une chose charmante à voir. Dans leurs façons de faire, si éloignées de nos habitudes occidentales, elles ont mille petites manières qui pourraient passer à nos yeux par une forme d'ingénuité. Mais, au contraire, j'ai l'impression que leur enthousiasme pour ces multitudes de détails qui les font s'écrier puis s'arrêter pour se prendre en photo les unes et les autres chacune à leur tour, est une forme d’enthousiasme étrangement emprunt de sérieux.

C'est certainement ce qui les rend si remarquables à mes yeux c'est, qu'au long des chemins sur lesquels je les croise, elles semblent rire et s'amuser avec une profonde réserve des choses que les autres ne remarquent pas.

Parfois il arrive qu'elles ne portent pas d'ombrelle et lui préfèrent alors un large chapeau mais cela n'a aucune espèce d'importance.

Une ville

07 août 2017 - 09:37

Une ville, cette agglomération d'habitations disposées par rues.

Lors des premiers voyages que l'on fait, les villes que l'on découvre émergent dans leur singularité. Que l'on aille à Paris, Bordeaux, Londres ou Porto notre sensibilité nous encline à ressentir des émotions qui ont quelques similitudes avec celles qui naissent de la rencontre avec une personne. On s'attache à ce qu'on croit être sa personnalité, son originalité, son charme. Dès lors, au milieu de ses rues, on s'y sent bien ou mal, d'une façon tout à fait singulière et difficilement exprimable. En somme, on retrouve dans les plaisirs de la ville les ressorts de la séduction, et pour paraphraser un peu Montaigne on pourrait dire qu'on a aimé cette ville tout simplement parce que c'était nous et parce que c'était elle …

Puis avec la répétition qui nourrit le fonds de l'expérience, la découverte de nouvelles villes se décline sous un autre registre. La naïveté nous a quitté, l'enthousiasme qui nous reste est réservé aux endroits exceptionnels… et de balades en voyages, on finit par se dire que les villes se ressemblent.

Cela ne nous empêche pas de trouver Fribourg jolie et charmante, mais sa séduction est moins singulière. En m'arrêtant et en levant les yeux vers elles, il me semble que ces façades me rappellent cette autre que j'ai déjà connue ; et ces rues pavées sous mes pas, je les ai déjà arpentées ailleurs, peu importe où, mais je les reconnais. Même l'atmosphère que je perçois, cette impression si particulière, et bien, elle aussi elle a quelque chose d'une ou deux autres, qui me reviennent en mémoire.

Je crois, qu'avec le temps, chaque ville me ramène à ce qu'elle est : une ville, cette agglomération d'habitations disposées par rues.

L'automobile

04 août 2017 - 10:11

L'automobile est un mot désuet, un peu comme l'est le mot bicyclette, pour celui-ci on dira plutôt «  je prends mon vélo » et pour celui-là « je prends ma voiture », mais pour autant que suranné soit ce mot, il reste encore dans l'usage. Parfois, on le rencontre tronqué et ramené à son seul préfixe, on dira alors par métonymie « le mondial de l'auto ». C'est comme si l'objet se caractérisait, dans ce cas, essentiellement par sa dimension d'automaticité, et que celle de la mobilité n'était finalement que portion congrue, au point que l'énoncé même de cette idée soit tout à fait inutile. Une auto, voilà le mot.

Mais ainsi réduit, le mot manque la chose car à l'heure des trajets à grandes vitesses, que ce soit en train ou en avion, le voyage en voiture n'a plus rien de ce caractère « automatique » qui suggère l'absence de la main de l'homme - et encore moins « d'autonome » même si il est probable qu'on y viendra un jour à « l'automobile autonome » - … .

Mais aujourd'hui, le voyage en voiture nous demande du temps, de la vigilance, de la fatigue … bien plus que pour un trajet en avion, qui dans sa rapidité même anéantit le voyage pour le remplacer par le vilain mot de transit, qui nous mène d'un point vers un autre dans l'unicité du paysage qu'offre le ciel.

Alors, qu'au volant de sa voiture, c'est autre chose. Le paysage se déroule au fil des heures qui passent, l'espace change peu à peu et nous conduit doucement vers l'ailleurs. Selon les hasards de la géographie, on peut même traverser des frontières, ces endroits si curieux où d'un bord à l'autre de la ligne les lois, les langues et les dieux changent.

En voiture, la frontière se traverse et le paysage s'incarne, et il vous faut une journée entière pour parcourir un petit bout de carte. Il me semble donc, que par rapport à ce qu'offre les autres moyens de transport de notre siècle, il nous faudrait rebaptiser notre automobile par un nom évoquant mieux ses caractéristiques relatives, j'aimerais assez que l'on remplace ce mot décidément et finalement tout à fait suranné par un nouveau nom, j'aimerai assez celui de « moderatomobile ».

Ainsi, on partirait en voyage dans sa moderato, et parfois, à l'ombre de certaines montagnes on pourrait même se trouver perdu, sans réseau, et déplier, sur le capot brûlant de sa moderato, une carte routière avant que la nuit ne tombe.

 

Je suis las de la frontière

25 juin 2017 - 12:26

Corps et âmes séparés

Je suis las de la frontière

 

Celle qui fait de nous de si petites choses

Incapables de partager une grande joie ou une profonde peine

Celle qui enferme dans trop d'étroites solitudes

 

Je rêve

Je rêve de corps qui se serrent et qui nous consolent

Je rêve de mots qui s'échangent et qui nous transforment

Je rêve de regards bienveillants jusqu'aux racines du mal

 

Je suis las de la frontière

Qui nous prive de changer le plomb de la vie en or

Petite gloire

20 juin 2017 - 07:41

Parfois, pas souvent mais parfois, je cède. Comme hier.

Je cède à la certitude et à ses impostures. Je parade et je pérore bêtement.

Après coup, je ressens alors de la honte, pareille je crois, à celle qui suit la petite gloire d'un tricheur.