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Manon Huot

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Hors-ligne Dernière activité : oct. 30 2016 12:51

Publications sur Toute La Poésie

Larmes en deuil

10 avril 2016 - 10:42

Larmes en deuil

 

Je me souviens de toi, fillette au regard sombre

Si triste, si profond, si lourd de tes douleurs

Trop jeune pour mourir,

Trop vieille pour courir

Brisée comme le sont tous les souffre-douleurs

Résignée à périr lorsque le voilier sombre

 

Je t’ai bercée longtemps au creux de ma mémoire

Pataugeant, ignorant tes cris silencieux

Trop faible pour ramer

Trop forte pour aimer

Tentant de protéger un bien très précieux

Le peu de dignité gisant dans l’écumoire

 

Jusqu’à presque oublier le but de ma naissance

Te prolonger en moi parmi les survivants

Trop fière pour pleurer

Trop simple pour leurrer

Des êtres s’entretuent pour demeurer vivants

Pour un peu de respect et de reconnaissance

 

À force de lutter pour contrer ta détresse

Par souci d’affirmer à ton corps défendant

Trop tendre pour crier

Trop blessé pour prier

Son droit d’identité, d’esprit indépendant

J’ai perdu l’émotion, l’amour et la tendresse

 

Je veux t’apprivoiser, te remettre mes armes

J’avance en reculant, toujours à contrecœur

Trop loin pour me détendre

Trop près pour me défendre

Mais je me ferai sang pour battre dans ton cœur

En entrouvrant mes yeux pour qu’y coulent tes larmes

 

Manon

Poète d’autrefois

23 février 2014 - 10:51

Poète d’autrefois

 

Qu’êtes vous devenu, poète d’autrefois,

Vos écrits lumineux étranges quelquefois

Savaient gagner le cœur de tous et nous surprendre

Par la candeur de mots courants qu’on peut comprendre.

 

Aujourd’hui on se perd entre ponctuations

Et leçons de morale avec condamnations,

Les rimes sont bien là mais elles semblent vides

Vous ne nous touchez plus, vos vers sont insipides.

 

Aux archives, votre art demeure au souvenir

De lecteurs impatients de le voir revenir.

Bien entre moi et vous, vous n’êtes plus le même

Faites-nous un cadeau, offrez-nous un poème.

 

Manon

Je sais

20 octobre 2013 - 04:30

Je sais

 

Je me suis vue ailleurs, bien loin de cet enfer
Où mes larmes taries parcheminent des murs
Sans hublots, craquelés, tombeau de mes hier
Inhumé par ma foi en un meilleur futur.

 

Quand mon chemin de croix, trop longtemps parcouru,
Atteignit cette impasse où les diables festoient,
Je me suis effondrée dans un creux sans issu,
L’abîme de folie dont on meurt quelquefois.

 

Manon

Une histoire d'amour

25 août 2013 - 01:40

Une histoire d’amour

 

Non, je ne t’en veux pas, enfin plus maintenant,
Car tu n’y pouvais rien, du moins je le suppose.
Chacun fait son chemin à sa façon, tenant
Pour vérité sa foi, les règles qu’elle impose.

 

Tu as poussé ta roche avec obstination
Pour atteindre le but qui t’avait transportée
D’illusions, puis soustraite à la condamnation,
Tu as omis ta croix, c’est moi qui l’ai portée.

 

Très jeune j’ai appris ta notion du devoir,
Donner le bon exemple à mes trois sœurs cadettes
Sans rien revendiquer, stupéfaite de voir
L’énormité du prix pour acquitter tes dettes.

 

Car tu avais peiné notre Dieu Tout Puissant
Que tu suppliais pour éviter la sentence,
T’efforçant à m’aimer d’un amour impuissant,
Tu portais ton péché, je faisais pénitence.

 

Si je me retournais vers toi, mon seul recours,
Quand père me battait lorsque j’étais punie,
Tu sommais silence à mes appels au secours
Car mieux valait paraître une famille unie.

 

C’est dans mon lit d’enfant qu’ensuite il implorait
Mon pardon absolu, ô sacrilège intime…
Intacte à l’intérieur, mon âme déplorait
Ce poids beaucoup trop lourd, ce sacrifice ultime.

 

Je t’ai ouvert mon cœur au bord du désespoir,
Naïve que j’étais quand aujourd’hui je songe
À toi que je revois, oui toi, mon seul espoir,
Voilant ma vérité sous ton pieux mensonge.

 

Non je ne t’en veux pas mais je n’éprouve plus
Envers toi que la plus profonde indifférence
Notre histoire d’amour ressemble, tout au plus,
Au trou noir où le rien s’impose en référence.

 

Manon

L'enfant

14 juillet 2013 - 05:43

L’enfant

 

Il existe un endroit que l’enfant peut décrire

Mais ses mots sont trop purs, on ne les entend pas.

L’eau de son encrier n’impressionne pas

Le parchemin désert où il tente d’écrire

 

Un poème d’espoir aux tons dorés ou verts,

Couleurs de ses visions parfois subliminales,

Un récit de sa vie en phrases terminales

Et son but de pouvoir mourir les yeux ouverts.

 

À l’heure où chacun craint le poids de la sentence,

L’enfant joignit le chœur d’un son silencieux

Où son âme vécut, bien au-delà des cieux,

L’instant le plus profond de sa courte existence.

 

Manon