L’aimé-je pour le ciel délicieux de ses grâces
pour son rêve brandi comme un glaive de feu
pour son cœur interdit aux baisers des médiocres
L’aimé-je pour l’espoir que sa beauté piétine
pour son vœu d’avancer de désert en désir
pour son regard ouvert aux étoiles de l’âme
L’aimé-je pour l’été dont s’éprend son sourire
pour ses guerres menées aux confins de l’amour
pour sa passion rendant nos sagesses poussière
L’aimé-je pour l’éclat qui dore tous ses gestes
pour ses parfums tapis dans le noir d’un secret
pour son intransigeance où s’extasient les foudres
L’aimé- je pour l’azur à fleur de sa nuit même
pour son poème écrit à l’encre de son cri
pour sa chasse fervente à quelque biche blanche
L’aimé-je pour le jeu savant de ses caresses
pour son refus d’œuvrer à nos tours de Babel
pour ses fièvres de sang qu’elle accroche aux statues
L’aimé-je pour le deuil que son plaisir violente
pour sa prière éclose au charnier de l’orgueil
pour ses rubis jetés avec joie dans la fange
L’aimé-je pour la neige à quoi sa chair s’enlace
pour son bûcher offert à qui défie la mort
ou pour telle raison que la raison ignore