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Le goût des phrases

Posté par michelconrad, 08 mars 2018 · 310 visite(s)

D’aussi loin que je me souvienne, dans mon enfance, chaque année, lorsque revenait la fête de la Toussaint, nous nous rendions, mon père, mon frère et moi, sur la tombe de mes grands-parents paternels. Mon père portait, invariablement, un grand pot de chrysanthèmes, généralement d’un jaune flamboyant. Le pot une fois posé sur la tombe, s’ensuivait une minute de recueillement, durant laquelle nous nous tenions, mon frère et moi, les bras ballants, et nous posions notre regard sur l’inscription gravée sur la tombe de marbre blanc : « l’éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé ». (Psaume, 34, 18).
 
Le reste de l’année, nous devions aller, chaque dimanche, à un cours d’éducation protestante, que nous appelions « l’école du dimanche ». Très vite , nous faisions semblant d’entrer dans le temple, devant lequel notre père nous déposait, pour aller baguenauder en ville, en nous efforçant d’imaginer ce que nous dirions lorsqu’on nous demanderait de raconter ce que nous avions appris de la vie du Christ, ce jour-là, – ce qui nous mit en demeure de développer les capacités de notre imagination.
 
Dans la vie quotidienne, mon père, qui avait reçu une éducation protestante, ponctuait ses propos par des phrases extraites de la Bible, telles que celle-ci : « Le salaire du péché, c’est la mort » (Romains, 6 , 23).

Tout cela fit, au bout du compte, que notre éducation protestante fut davantage une éducation littéraire que théologique : il m’en reste, à jamais, le goût des phrases.

 

6/3/18





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