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La lueur

Posté par michelconrad, 09 mars 2018 · 225 visite(s)

Pour que notre regard ne demeure pas en déshérence, la photographie doit tenter de restituer notre perception de la beauté du monde, notre tentative de discerner les liens invisibles entre les êtres et les choses, offrir un instant d’immobilité dans le mouvement qui emporte chacun, – comme on mettrait en évidence la lueur d’une lampe-tempête, dans les bourrasques de la nuit.
 
 

Photographier des nuages fixe à jamais, sur le papier, sur l'écran, ces assemblages improbables de lumière et d'ombre, ces oiseaux étranges, caravelles biscornues, voiliers sans lendemain, signes cabalistiques à déchiffrer en toute hâte, falaises de blancheur en lévitation, montagnes noires sorties l'on ne sait d'où, symboles éphémères de légèreté qui prirent forme, un instant, une minute et qui déjà s'éloignent, déjà se dissolvent, pour ne plus jamais se reproduire dans une configuration identique, comme des paysages dont diffèrent, d'heure en heure, les couleurs, les aspects, ou comme des visages dont l'éclat du regard augmente ou disparaît, au fur et à mesure qu'entrent, sans cesse, en mutation nos états d'âmes, ces rivières souterraines.
 
 
Photographier, c'est, tout comme écrire, donner à voir, et aussi donner matière à mémoire, au photographe et au poète, pour le souvenir de la tristesse ou de l'allégresse de cet instant, infiniment fugitif, qu'il croit devoir figer pour la fragile éternité des hommes.
 
 
 
 
 

8/3/18

 



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