Cette nappe de coton blanc, avec des motifs héraldiques bruns, était la nappe des dimanches, au temps du bonheur. Cette nappe, qui me semblait géante, quand mon père et ma mère étaient côte à côte, ma mère se levant, sans cesse, pour servir et desservir, mangeant à peine, ou disant, quand on lui faisait remarquer qu'elle n'avait rien mangé, « je suis assez grosse ! », mon père pérorant, sans cesse, sur l'avenir de l'Humanité, et, plus précisément, sur l'avenir de l'Union Soviétique, qui était sa patrie de coeur, cette nappe, disais-je, me semble, à présent, minuscule.
Les rires, autour d'elle, s'en sont allés, et les disputes. Comme s'en est allé, à jamais, mon père, lui qui s'assoupissait, les coudes sur la table, à chaque fin de repas, puis se réveillait, en sursaut, et se levait, en disant, avant de quitter la pièce, sans attendre de réponse de quiconque, « ai-je la permission de me retirer ? », et ajoutait, à l'intention de ma mère : « dziękuję bardzo».
Les rires, autour d'elle, s'en sont allés, et les disputes. Comme s'en est allé, à jamais, mon père, lui qui s'assoupissait, les coudes sur la table, à chaque fin de repas, puis se réveillait, en sursaut, et se levait, en disant, avant de quitter la pièce, sans attendre de réponse de quiconque, « ai-je la permission de me retirer ? », et ajoutait, à l'intention de ma mère : « dziękuję bardzo».
- Esterina et Loup-de-lune aiment ceci