La plus douce

Loup-de-lune,

J'ai beaucoup aimé l'expression "ce partage des aurores de vous-même". Cette expression dit beaucoup de votre compréhension intime de ma démarche de poète, que vous percevez, à très juste titre, comme un acte  d'"accomplissement ", "de jour en jour".

Comme dans la procédure de l'alchimie, il s'agit, vous l'avez perçu, d'une quête, toujours incertaine, toujours recommencée : "l'aurore de soi-même"  vient, toujours, en surplus, et selon son caprice. Vous et moi, qui tenons la plume,  nous ne savons pas ce qui va advenir, à quoi va ressembler cet oiseau aux ailes incertaines dont nous dessinons les contours, sur le papier, dans quelle direction il s'envolera, -- ni même s'il s'envolera.

J'aime beaucoup, aussi, votre paragraphe qui contient les mots "vous n'écrivez pas tous les jours" : disons que tous les jours je frappe à une porte, en disant, comme Guillaume Apollinaire : "ouvrez-moi cette porte, où je frappe en pleurant" . Je frappe à cette porte, tout comme bat mon coeur.

Il n'est pas d'autre choix : désormais, je sais que vous le savez.

Michel Conrad