La poésie doit puiser dans ces puits d‘émotion que sont nos cinq sens : à l’inverse des textes argumentatifs, ces architectures d’idées soucieuses uniquement de la « captatio benevolentiae », la poésie, née des sens, s’adresse aux sens : elle parle des fragrances mêlées aux saveurs, de « l’air » qui « est plein d’un terrible alcool », elle donne à voir « la courbe de tes yeux » qui « fait le tour de mon cœur », donne à entendre « de la musique avant toute chose », à toucher « un poing sur la réalité bien pleine ». Et, surtout, la poésie doit se souvenir que « s’il est encore quelque chose d’infernal et de véritablement maudit dans ce temps, c’est de s’attarder artistiquement sur des formes, au lieu d’être comme des suppliciés que l’on brûle et qui font des signes sur leur bûcher. »
29/4/18
- Esterina et Loup-de-lune aiment ceci