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Vous dire, vous écrire, penser que je vous aime, des dizaines de fois par jour, est le moins que je puisse faire, c’est, un peu, comme crier « au feu », alors que le feu a déjà pris naissance dans tous les endroits de la maison, à la fois, de la cave au grenier, les mots ne font que dire la chose, sans la changer, sans l’alléger, l’atténuer, sans la rendre moins importante, sans permettre de savoir ce qu’il y a à faire, à dire, pour freiner cette amplification incessante des flammes, qui se nourrissent des forces mêmes de mon âme, de ma pensée, de tous mes rêves de bonheur, ce sont des mots qui ont valeur de constat , de cri d’alerte, sans apporter d’aucune façon l’apaisement, la solution, la guérison, ils disent un flamboiement, une combustion que rien n’arrête, sous le vent des jours, des heures, sans même que la nuit apporte quelque répit, quelque interruption, car la pensée d’amour continue de battre la campagne, les chevaux du désir de s’ébrouer dans les espaces, courir à travers les plaines, l’imaginaire du désir continue de se déployer pendant le sommeil, franchissant les portes de ce qui est dicible, le scénario de tout ce que je voudrais découvrir encore de vous, comme si j’étais devenu un homme insatiable, et ma soif devenue inextinguible tout comme cette façon que j’ai de vous écrire, désormais, comme si la prose sans prendre de respiration était le fleuve qui devait me mener à vous, emportant toutes les terres de ses rives, de ses rivages, courant vers le delta qui marquera ses épousailles avec celle-là même dont Rimbaud disait qu’elle était « la mer allée avec le soleil », tant il est vrai qu’à travers les siècles, nous sommes tous hantés des mêmes images, à la poursuite des mêmes rêves, de ce que que nous nommons, sans en avoir jamais fait l’’expérience, tout en sachant qu’elle demeure hors d’atteinte, comme un soleil d’au-delà de nous-mêmes, « l’éternité ».
11/1/21
"La neige" (16/1/21). Tous droits réservés.
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