Dans ma mémoire, je le voyais plus grand, plus lourd. Soudain, je le retrouve à la cave, sur une étagère, le rabot de mon père, qui s'en est allé il y a un quart de siècle. Avant de l’utiliser, pour raboter quelque planche, il prenait un marteau pour enfoncer la lame métallique à sa juste profondeur, puis la maintenait à petits coups à cet emplacement, grâce à la petite cale de bois positionnée dessus.
Mon père aimait travailler le bois. Ce rabot, c’est un fragment de sa vie. Je l’admirais, accomplissant ces gestes. Je l aimais, mais je n’ai pas su le lui dire. On se dit tous cela, après, lorsqu’il n’y a plus que les murs pour nous entendre. L’amour est bâillonné, souvent, pour des raisons mystérieuses, et il nous faut bien des années pour réussir à l’exprimer.
Mon père aimait travailler le bois. Ce rabot, c’est un fragment de sa vie. Je l’admirais, accomplissant ces gestes. Je l aimais, mais je n’ai pas su le lui dire. On se dit tous cela, après, lorsqu’il n’y a plus que les murs pour nous entendre. L’amour est bâillonné, souvent, pour des raisons mystérieuses, et il nous faut bien des années pour réussir à l’exprimer.
4/5/22
"Le rabot" (4/5/22)