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Les lieux se modifient avec le temps, au rythme de leurs métamorphoses. C’est, toujours, très spectaculaire. J’ai voulu, un jour, montrer, plusieurs dizaines d’années après, à l'un de mes fils, A., âgé de cinq ou six ans, le lieu où j’avais passé toute une partie de ma jeunesse : le café-épicerie de mes parents.
Le café, très ordinaire, avec son comptoir, où avait régné, jadis, la piste de « 421 », dont mon père avait été le grand prêtre, ne semblait plus être vraiment un café, mais un lieu très différent, un autre lieu, une « hétérotopie », aurait dit Foucault.
Le sol était vitré, par endroits, et il y avait, sous ces vitres épaisses, des poissons rouges qui nageaient, éclairés par de vives lumières. Un comptoir, avec un serveur, en tenue, rappelait néanmoins la finalité de l’endroit. Je commandai deux boissons, pour mon fils et moi.
J'observai la salle et je me mis à le peupler avec les images qui étaient nées de rumeurs que j’avais entendues, selon lesquelles, le soir, des « entraîneuses » y exerçaient leurs charmes sur la clientèle.
En sortant de cet endroit, je me dis qu'il n’avait plus rien à voir avec le petit café, où un client qui s’appelait « Albertin » et qui me nommait, invariablement, « Coco des roseaux », me racontait, soir après soir, en buvant le demi-setier de vin rouge que je lui apportais, comment il avait survécu au chemin des Dames, alors même que son camarade de combat s’écroulait, le cou tranché par un obus.
Depuis ce jour, cet endroit a subi, à nouveau, d’autres métamorphoses. A présent, une enseigne, au-dessus d’une vitrine, annonce qu’il s’agit d’un commerce très sage, puisqu’on y vend des « Portes, Fenêtres, Stores ».
-- Sic transit gloria mundi.
Le café, très ordinaire, avec son comptoir, où avait régné, jadis, la piste de « 421 », dont mon père avait été le grand prêtre, ne semblait plus être vraiment un café, mais un lieu très différent, un autre lieu, une « hétérotopie », aurait dit Foucault.
Le sol était vitré, par endroits, et il y avait, sous ces vitres épaisses, des poissons rouges qui nageaient, éclairés par de vives lumières. Un comptoir, avec un serveur, en tenue, rappelait néanmoins la finalité de l’endroit. Je commandai deux boissons, pour mon fils et moi.
J'observai la salle et je me mis à le peupler avec les images qui étaient nées de rumeurs que j’avais entendues, selon lesquelles, le soir, des « entraîneuses » y exerçaient leurs charmes sur la clientèle.
En sortant de cet endroit, je me dis qu'il n’avait plus rien à voir avec le petit café, où un client qui s’appelait « Albertin » et qui me nommait, invariablement, « Coco des roseaux », me racontait, soir après soir, en buvant le demi-setier de vin rouge que je lui apportais, comment il avait survécu au chemin des Dames, alors même que son camarade de combat s’écroulait, le cou tranché par un obus.
Depuis ce jour, cet endroit a subi, à nouveau, d’autres métamorphoses. A présent, une enseigne, au-dessus d’une vitrine, annonce qu’il s’agit d’un commerce très sage, puisqu’on y vend des « Portes, Fenêtres, Stores ».
-- Sic transit gloria mundi.
28/2/2024
