Aux commencements du moyen-âge, Éloïse,
Magnifique jeune femme à la peau très blanche,
Brune aux grands yeux bleus, sauvage, quittant Avranches,
S'avançait vers la mer, de sa démarche exquise.
Elle y arriva enfin. C'était un lundi.
Elle fixa intensément l'immense baie.
La flâneuse élancée, pieds nus, resplendissait.
Le soleil matinal étincelait aussi.
Soudainement, le beau ciel bleu se rembrunit,
Une tempête éclata, terrible, inhumaine.
Éloïse, s'acheminant vers Tombelaine,
Tout à coup, se figeant, stupéfaite, blêmit.
Son regard ne pouvait déserter le Mont Tombe.
Un combat s'y passait, une abomination :
L'ange en chef affrontait le malin, un dragon.
L'opposition fulminait comme mille bombes.
Une chose épouvantable se produisit.
La belle fille, au comble de l'effarement,
S'enfonça lentement dans les sables mouvants.
La jolie fleur des champs disparut sans un cri.
Le chevalier ailé remporta le duel
Sur l'îlot rocheux où se dresse maintenant,
Et depuis mille ans, Merveille de l'Occident,
La silhouette unique du Mont Saint-Michel.