Poèmes de Loup-de-lune

le soir
qui baigne
de safran
et de rose chair
les colonnes
de pierre
au-dessus
du flux
des hommes

à la disparue
 
 
j'ai crié là ton nom de femme
à chaque porte s'ouvrant
à chaque silence érigé de nouveau
 
tu ne serais plus dans ta maison
cette présence qui m'avivait
 
ces cahiers
que tu confectionnais toi-même
avec les feuilles du hasard
et le ligot...

la ligne pure
de ta silhouette
avec la ligne
de l'horizon
 
sur le visage de la nuit
aux balafres d'étoiles
la longue tresse
de nos étreintes

juste au-dessus
du rempart de nuage
l'étoile
comme une assiégée
 
ininterrompus
ses traits
 
partout
les meurtrissures
éblouissantes
du  verre
de la route humide
 
partout
à la pupille éperdue
ce lac immobile
de platine et d'or
 
mais
l'ombre
conquérante
déjà
boit...

mes pas
bruissent
des dernières
aux premières tombes
dans le même temps que la feuille morte
traverse un instant de cloche
de la cime
à la terre

dans les crocs
nuageux
de l'automne
le soleil
a un goût
de lune pleine

aquarellé
sur le lin de la nuit
le château
couleur d'aube

sur les montagnes mauves
inépuisable
effusion
de brumes
éclaboussures de fauve
et d'ocre
aux flèches
innocentes
de l'automne

je ne sais qui
du ruisseau
ou du vent du soir
fluidifie mon cœur las

volées de cloches
épandues
dans l'espace
matutinal
vous allégez
mes postures d'airain