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Transparences

Posté par Loup-de-lune, 04 juillet 2017 · 494 visite(s)

Transparences



I

d'aquarelle
ou d'éprouvé faisceau d'aurore
ses portraits enceignent la chambre

cette bouche où se neutralisent
le sourire et la nostalgie

ces gemmes noires et fluides du voir

cette dentelle des épaules sable
sous les cheveux de jais prodigue

et titubée la décision
parmi le dégradé de ses âges
elle va de l'enfant
à la femme
de la femme
à l'enfant
toute machinale inculcation du temps
égarée

ses lèvres parfois frémissent
de la syllabe d'un sortilège

fabuleux un paysage de cire encore
dévoue une flamme
à son voyageant regard

ses doigts effleurent les cadres
soupirent après la poussière
son toucher flâne aux angles
la pulpe déférée à l'écorchure


II

après le sûr transpercement
du diaphane de la peau
la lame ira longuement
s'éloignant du poignet
malgré l'incandescent fardeau
de son dernier reflet

ainsi bifurqué le bleu des vaisseaux
mêle l'abandon à l'effusion

le poids pourpre du sang qui s'enfuit
délivre
et déferle les tentures du soir

et les images se brouillent
atteignent au fourmillement
muettes explosions des contingences de cendre

nulle considération sélénienne
nulle jouvence de safran
d'une source de ciel ou de rue
ne sait plus s'y réfléchir

mais dans l'exhalaison de la chandelle épuisée
s'inscrit un souffle encore
la silhouette bruie qui prénomme
un rire de créeur sous le loup des minuits


III

avec son allant de principe
ce matin-là

au tamis des voilages
l'ennui visqueux du sang

et s'épand la transparence d'une lumière rose


un sommeil qu'a bercé la meurtrissure
jusqu'à la carnation des clairvoyances
porte la plume veinulée des paupières

et sur les murs
les visages d'une vie humaine
indéfiniment balancent
entre la chimère
de leur suspension
et la galactique candeur
des rayons qui transhument l'infime



ce jeu des transparences qui se meuvent

à travers toute matière visitée par vos vers,

vont de l'inanimé jusque vers le vivant

qui lui-même cesse le pouls de son embarras

pour devenir, du diaphane sa part d' ombre...

 

il y a aussi la transparence du son que l'on nomme le silence de l'instant....

tout est d'un calme quand on attendrait un cri....

 

un cri transparent transparait mais alors...

 

plus je vous lis et plus je trouve que vous ressemblez à une plume de phénix...

 

***

la veine de vos vers...

ce jeu des transparences qui se meuvent
à travers toute matière visitée par vos vers,
vont de l'inanimé jusque vers le vivant
qui lui-même cesse le pouls de son embarras
pour devenir, du diaphane sa part d' ombre...
 
il y a aussi la transparence du son que l'on nomme le silence de l'instant....
tout est d'un calme quand on attendrait un cri....
 
un cri transparent transparait mais alors...
 
plus je vous lis et plus je trouve que vous ressemblez à une plume de phénix...
 
***
la veine de vos vers...



Émue
à vous lire
à vous relire

charme
de vos mots
qui accompagnent l'autre
de cette présence jubilatoire
et dense
des découvreurs

des patients épeleurs
de secrets


Avec ma gratitude,


Loup-de-lune
'Des mots comme de petits coups de pinceau esquissant un ensemble de toiles insolites à la fois fragiles et sauvages... Des angles, des éclairages se révèlent, parfois inattendus, surpris par l'évocation elle-même soulignant une émotion profonde et pourtant subtile (...) J'aime beaucoup votre façon de "manier" le mot, de nous emmener vers cette description d'une femme à la sensualité si tragique ("dentelle des épaules sables" [...] "ses lèvres parfois frémissent" [...] "ses doigts effleurent... / soupirent..." etc.). L'écorchure, l'incandescent fardeau, les tentures du soir... C'est superbe! Que de termes bien choisis! (...) Se révèle à nous d'une façon infiniment poignante qui m'a ému ce qui s'apparente à la cruauté du destin de cette femme (...) Je suis entré dans l'atmosphère créée ici par vous avec le réel plaisir d'une découverte fort bienvenue et pleine d'heureuses surprises... Merci pour ce partage (encore un très beau texte) . . . . . . . .

Stéphane
Un lecteur
' (...) j'avoue que je m'y suis pris à plusieurs fois pour m'imprégner de ce poème dont l'herméticité apparente cache en filigrane des émotions extrêmement diffuses mais subtiles comme celles que l'on pourrait éprouver devant un tableau en clair-obscur qui délivrerait avec beaucoup de retenue et de discrétion, des images qui hésitent à se montrer au grand jour. La première partie où l'on imagine la femme, une mère et son enfant, livrés à la douleur face à la rutilance qui jaillit d'une lame pénétrant dans la chair diaphane. Puis en second lieu, son forfait accompli, l'arme" blanche" se retire en s'estompant à travers un rayon de lune pour ne pas assister à l'agonie. Enfin, le sommeil régénérateur qui vient doucement projeter sur les murs des ombres « à la galactique candeur » des paupières lentement refermées. Vraiment, j'ai été touché profondément par votre poème dont l'abstraction en demi-teinte n'efface aucunement la percussion d'un réalisme absolument étonnant, voire cruel. Bravo,

Alain
Un lecteur

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