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Les baguenaudeuses

Posté par Loup-de-lune, 26 février 2018 · 1 059 visite(s)

Les baguenaudeuses



I

Aviaire


le verre a musiqué
sous le pas élusif

à mi-pente de fièvre
depuis la brisure éveillée
s'aile le multiplicande

toits de délitescences
oiseleurs volutés

un inespoir mordoré
détrousse l'habitude
du timbre de sa voix

orphelin du péremptoire
le temps s'interloque

et ces mouvantes figures d'un ciel insaisi
soudain se renonçant
en l'humblesse de la ligne de cendre


II

Cycnéenne


opulence des lisières
elle affleure diaphane
à vos portes d'aubiers

en la turbulence des possibles
s'étranger du myocarde

le demi-mensonge de la louve soeur
a crû parmi la carence des fusains
et féconde le délai frêle

les carmins exsangues
épuisent la fluence des minutes

et ces ramilles amoncelées
qu'enneige l'inattendu
crayère des nages étourdisseuses de sombreur


III

Claire


d'un demi-exode encore
le fond des bois larmés
et partout sur la braise
soudaine des mousses
aux confins d'un geste diamantifère
pétille l'augure consolateur



Loup-de-lune,

 

J'aime me perdre dans la forêt de vos vocables. Vos textes sont des chemins que l'on s'efforce de suivre, avant d'être appelé dans une autre direction . Se perdre est, aussi,  une volupté.  Vos mots sont le fil d'Ariane de ce labyrinthe à plusieurs entrées. Ici, il faut suivre "la ligne de cendre", là des "ramilles amoncelées", et ailleurs encore "la braise soudaine des mousses."

 

 

26/2/18

 

Michel Conrad

Loup-de-lune,
 
J'aime me perdre dans la forêt de vos vocables. Vos textes sont des chemins que l'on s'efforce de suivre, avant d'être appelé dans une autre direction . Se perdre est, aussi,  une volupté.  Vos mots sont le fil d'Ariane de ce labyrinthe à plusieurs entrées. Ici, il faut suivre "la ligne de cendre", là des "ramilles amoncelées", et ailleurs encore "la braise soudaine des mousses."
 
 
26/2/18
 
Michel Conrad



... baguenauder en terres de polysémie... telle est la proposition que je fais avec ces trois poèmes... Et vous l'exprimez en ces mots : " (...) des chemins que l'on s'efforce de suivre, avant d'être appelé dans une autre direction "...

Chaque mot de la langue rayonne, puissante étoile de significations. Et les rayons d'un mot viennent effleurer les rayons d'un autre mot; ils se rencontrent; ils se lient, se nouent; ils forment des tresses, et c'est de cette texture que commence le poème. Bien sûr, la lumière peut être aveuglante; les baguenaudeuses aux yeux de feu peuvent s'égarer; c'est alors, qu'ainsi livrées à la seule géographie du langage, elles partent à la recherche d'elles-mêmes...

Je vous remercie...

Loup-de-lune
Votre "art poétique" n'est pas sans rappeler celui d'un Mallarmé...

Votre "art poétique" n'est pas sans rappeler celui d'un Mallarmé...


... Oh !... Comme ces mots sont impressionnants et réjouissants !...

... comme ils ravivent le souvenir du sonnet dit en " yx ", ce poème qui a pour sujet lui-même, le langage s'enquérant du langage... Et il semble que l'auteur ait dit aux mots en puissance : " Je m'abandonne à vous, conduisez-moi aux confins de vos territoires sémantiques ! J'ai pour cette aventure tout le temps d'une vie humaine, et pour viatique ma joie musicale."

Avec ma gratitude rougissante,

Loup-de-lune

oh, combien elles me touchent ces baguenaudeuses...et tout ce qu'elle portent, ce qu'elles remuent d'ombre et de lumière, ce qu'elles font vibrer et résonner, je vous le dis ainsi: merci, Loup-de-lune.

 

Silver

oh, combien elles me touchent ces baguenaudeuses...et tout ce qu'elle portent, ce qu'elles remuent d'ombre et de lumière, ce qu'elles font vibrer et résonner, je vous le dis ainsi: merci, Loup-de-lune.
 
Silver




... dans l'émotion de vous lire, chère Silver...

... et tout au souvenir de votre poème Tentatives, où vous-même vous êtes faite baguenaudeuse du langage polychrome, calligraphe des mots rayonnant les uns vers les autres, enlumineuse des mots rayonnés les uns des autres...


Avec mon amitié reconnaissante,

Loup-de-lune

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