or s'exsangue le viscère en effluent fatum
à travers les indices qui faillent
lapidée d'allumance
la ville forjure ses multiples
l'angelle obsidionale s'arqua
afin que ses ailes d'insuccès lui soient coupées
et taconnent le linceul
la dépouille plurielle de l'humiliateur
abandonnée en rivage d'imminence
le prince des poumons
emparé par le ressac
affoleuse des haubans de la sanction
une brigantine fulgore
son poids épave à ce point silencé
de prétendre aux innocenteurs
va franchissant les nuances
qui étalonnent l'abîme
- Esterina, michelconrad, silver et 2 autres aiment ceci
Loup-de-lune,
Délicieux labyrinthe, à nouveau, que ce texte , où chaque mot tient lieu de sémaphore, dans une tempête lexicale. L'Alma Mater, au temps de mes jeunes années , m'a fourni, pourtant, quelques armes pour avancer dans une telle jungle. et tenter une exégèse.
Commençons par l'intertextualité : le précédent texte se nommait "Mer blanche", celui-ci : "Mer rouge". Sur le plan alchimique nous sommes donc passés de "l'oeuvre au blanc" à "l'oeuvre au rouge". Dès la première ligne , nous comprenons qu'il s'agit du sang. Deux mots du texte relèvent du langage de l'anatomie : "viscère", "poumons".
Beaucoup de mots ("forjure", "taconnent", "fulgore"..) proviennent d'une époque très ancienne : doit-on comprendre que "l'action" se situe dans une époque révolue ? En filigrane du texte , on croit comprendre qu'un conflit, une guerre, un combat se déroulent ("brigantine") , où des êtres périssent ("le linceul") . Le vaincu de ce combat semble être "l'humiliateur"....
La dernière image est parfaitement picturale : si le poème a commencé sous le signe de la couleur rouge, il se ferme sur "les nuances / qui étalonnent l'abîme" : nous avons accédé, enfin, dans une sorte d'apaisement final, à "l'oeuvre au noir".
P.S. Je tiens à vous remercier, Loup-de-lune, d'exhumer, de faire revivre des verbes anciens , comme "silencer" , "silencier" , que l'on trouve sous la plume de Chateaubriand "Non que l'été soit maintenant moins doux qu'il était quand les hymnes mélancoliques du rossignol silenciaient la nuit! (Chateaubr.,Litt. angl., t. 1,1836, p. 274). C'est dans la survie de ces vocables anciens que réside une partie de la survie de notre pensée.
Michel Conrad