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mer rouge

Posté par Loup-de-lune, 09 mars 2018 · 1 096 visite(s)

mer rouge


or s'exsangue le viscère en effluent fatum
à travers les indices qui faillent

lapidée d'allumance
la ville forjure ses multiples

l'angelle obsidionale s'arqua
afin que ses ailes d'insuccès lui soient coupées
et taconnent le linceul

la dépouille plurielle de l'humiliateur
abandonnée en rivage d'imminence
le prince des poumons
emparé par le ressac

affoleuse des haubans de la sanction
une brigantine fulgore

son poids épave à ce point silencé
de prétendre aux innocenteurs
va franchissant les nuances
qui étalonnent l'abîme



Loup-de-lune,

 

Délicieux labyrinthe, à nouveau, que ce texte , où chaque mot tient lieu de sémaphore, dans une tempête lexicale. L'Alma Mater, au temps de mes jeunes années , m'a fourni, pourtant, quelques armes pour avancer dans une telle jungle. et tenter une exégèse.

 

Commençons par l'intertextualité : le précédent texte se nommait "Mer blanche", celui-ci : "Mer rouge". Sur le plan alchimique nous sommes donc passés de "l'oeuvre au blanc" à "l'oeuvre au rouge". Dès la première ligne , nous comprenons qu'il s'agit du sang. Deux mots du texte relèvent du langage de l'anatomie  : "viscère", "poumons".

 

Beaucoup de mots ("forjure", "taconnent", "fulgore"..) proviennent d'une époque très ancienne : doit-on comprendre que "l'action" se situe dans une époque révolue ? En filigrane  du texte , on croit comprendre qu'un conflit, une guerre, un combat  se déroulent ("brigantine") , où des êtres périssent ("le linceul") . Le vaincu de ce combat semble être "l'humiliateur"....

 

La dernière image est parfaitement picturale : si le poème a commencé sous le signe de la couleur rouge,  il se ferme sur "les nuances /  qui étalonnent l'abîme" : nous avons accédé, enfin,  dans une sorte d'apaisement final, à "l'oeuvre au noir".

 

P.S.  Je tiens à vous remercier, Loup-de-lune, d'exhumer, de faire revivre des verbes anciens , comme "silencer" , "silencier" , que l'on trouve sous la plume de Chateaubriand "Non que l'été soit maintenant moins doux qu'il était quand les hymnes mélancoliques du rossignol silenciaient la nuit! (Chateaubr.,Litt. angl., t. 1,1836, p. 274). C'est dans la survie de ces vocables anciens que réside une partie de la survie de notre pensée.

 

 

Michel Conrad

Loup-de-lune,
 
Délicieux labyrinthe, à nouveau, que ce texte , où chaque mot tient lieu de sémaphore, dans une tempête lexicale. L'Alma Mater, au temps de mes jeunes années , m'a fourni, pourtant, quelques armes pour avancer dans une telle jungle. et tenter une exégèse.
 
Commençons par l'intertextualité : le précédent texte se nommait "Mer blanche", celui-ci : "Mer rouge". Sur le plan alchimique nous sommes donc passés de "l'oeuvre au blanc" à "l'oeuvre au rouge". Dès la première ligne , nous comprenons qu'il s'agit du sang. Deux mots du texte relèvent du langage de l'anatomie  : "viscère", "poumons".
 
Beaucoup de mots ("forjure", "taconnent", "fulgore"..) proviennent d'une époque très ancienne : doit-on comprendre que "l'action" se situe dans une époque révolue ? En filigrane  du texte , on croit comprendre qu'un conflit, une guerre, un combat  se déroulent ("brigantine") , où des êtres périssent ("le linceul") . Le vaincu de ce combat semble être "l'humiliateur"....
 
La dernière image est parfaitement picturale : si le poème a commencé sous le signe de la couleur rouge,  il se ferme sur "les nuances /  qui étalonnent l'abîme" : nous avons accédé, enfin,  dans une sorte d'apaisement final, à "l'oeuvre au noir".
 
P.S.  Je tiens à vous remercier, Loup-de-lune, d'exhumer, de faire revivre des verbes anciens , comme "silencer" , "silencier" , que l'on trouve sous la plume de Chateaubriand "Non que l'été soit maintenant moins doux qu'il était quand les hymnes mélancoliques du rossignol silenciaient la nuit! (Chateaubr.,Litt. angl., t. 1,1836, p. 274). C'est dans la survie de ces vocables anciens que réside une partie de la survie de notre pensée.
 
 
Michel Conrad

... à mes yeux les mots d'un poème, le plus souvent, composent ou tissent ce qui en fait l'une de ses plus impérieuses raisons d'être, c'est-à-dire son énigme, son mystère... reflet de l'énigme même, du mystère même de l'existence... et vous êtes ici, Michel Conrad, un enquêteur.... même si vous comprendrez que je ne peux rien confirmer ni rien infirmer, rien affirmer ni rien nier...

... je tiens néanmoins à préciser que la dimension temporelle ou historique n'est pas en jeu ici... les mots raréfiés en raison de leur abandon par une majorité des locuteurs contemporains ne viennent pas dater l'époque du poème... Lorsque des mots ne sont plus employés, c'est toute une musicalité qui s'en va; et pas seulement la musique propre au mot lui-même, mais celle qu'il est susceptible de développer avec son entourage au sein d'un poème... ce que proposent "mer blanche" et "mer rouge" ne saurait être rendu par d'autres sonorités que celles-là...

Je vous remercie...

Loup-de-lune

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