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mer noire

Posté par Loup-de-lune, 27 mars 2018 · 1 360 visite(s)

mer noire


aux hublots de sa chambre sélène
s'étrange le lacuneux gemmail des déclins

à mi-décroît du feuillet sidéré
comme la drisse l'immunise
risqueur du virtuème qu'envergue
une immaculation de paroleur
alluder désamarre

et confluent les libations des obscurs
vers l'énigme qui source le large

au gré des boras amnistieuses
les promontoires porphyrisés
transmuent le soupçon d'étoile
et les portulans imagent les essors
s'éteignant d'infini

en faveur du succinct qui la gîte
houle décerclante l'encre traversière

et du moindre rai d'élucidation déictique
réputé un abord

sitôt que de l'incandescente asymptote
s'évade un inane et jaloux éclat

et pour chaque fanal perlier
pleuré par l'inatteint

pavillonne un peu plus pélagique
le poème du silence



Loup-de-lune,

 

J'attendais, avec impatience, de naviguer, enfin, sur  cette "mer noire" , qui est, un peu, votre "bateau ivre" rimbaldien. quatrième acte -- dont le sous-titre pourrait être, cette fois,  "l'oeuvre au noir" --  de votre quadrilogie des "mers"  : votre "bateau ivre", à vous, a  rompu avec les signes de ponctuation, les majuscules, pour s'émanciper des contraintes que nous enseigne l'école. 

 

Comme dans un autre poème de Rimbaud ("Elle est retrouvée. / Quoi ? L'éternité") , nous accostons , ici, à l'ineffable. C'est pourquoi le poème nous a conduits  vers la plus haute mer, pour nous faire entendre, enfin, une fois pour toutes, mieux que jamais,  ce "poème du silence", que nous n'aurions jamais entendu, sans tout cet écrin ténébreux, absolument digne d'une "mer noire", qui l'a précédé. Le mot "silence" est, ici, un point d'orgue essentiel, comme en amour, l'harmonie lumineuse  des âmes et des corps peut, enfin, se substituer à toutes les grisailles des mots.

 

Cette "mer noire" me semble être la métaphore de l'écriture tout entière : nos pauvres mots, ceux par lesquels nos feuillets se recouvrent de "noir", sont les sombres escaliers qui nous mènent, à cette lévitation : le silence. Chaque relecture de votre texte , nous ramènera, sans fin, éternellement, après la traversée de la  nuit des mots, à cette aurore.

 

La "mer noire" nous aura menés au soleil du poème.

 

27 mars 2018

 

Michel Conrad

Loup-de-lune,
 
J'attendais, avec impatience, de naviguer, enfin, dans cette "mer noire" , qui est, un peu, votre "bateau ivre" rimbaldien. quatrième acte -- dont le sous-titre pourrait être, cette fois,  "l'oeuvre au noir" --  de votre quadrilogie des "mers"  : votre "bateau ivre", à vous, a  rompu avec les signes de ponctuation, les majuscules, pour s'émanciper des contraintes que nous enseigne l'école. 
 
Comme dans un autre poème de Rimbaud ("Elle est retrouvée. / Quoi ? L'éternité") , nous accostons , ici, à l'ineffable. C'est pourquoi le poème nous a conduits  vers la plus haute mer, pour nous faire entendre, enfin, une fois pour toutes, mieux que jamais,  ce "poème du silence", que nous n'aurions jamais entendu, sans tout cet écrin ténébreux, absolument digne d'une "mer noire", qui l'a précédé. Le mot "silence" est, ici, un point d'orgue essentiel, comme en amour, l'harmonie lumineuse  des âmes et des corps peut, enfin, se substituer à toutes les grisailles des mots.
 
Cette "mer noire" me semble être la métaphore de l'écriture tout entière : nos pauvres mots, ceux par lesquels nos feuillets se recouvrent de "noir", sont les sombres escaliers qui nous mènent, à cette lévitation : le silence. Chaque relecture de votre texte , nous ramènera, sans fin, éternellement, après la traversée de la  nuit des mots, à cette aurore.
 
La "mer noire" nous aura menés au soleil du poème.
 

27 mars 2018 
Michel Conrad



... Vous vous êtes embarqué sur chacune de mes mers lexicales, avec cette propension au voyage symbolique et à l'aventure sémantique. Je pense à Julien Gracq qui parle de la littérature comme d'une " réponse à ce qui n'a pas encore été demandé. " Vous n'avez jamais cherché, dans les lectures que vous êtes venu faire ici, à reconnaître ce qui vous est familier, à vous rassurer avec le reflet de vos propres repères... Vous vous êtes élancé en pure quête de l'autre...

... C'est ici toute la mer noire de l'encre qui vient houler contre la blancheur d'aube de la page... en naît alors le virtuème, ce sème, quintessence du possible, de la variation et de la polysémie, qui confine au silence...

... gratitude à vous d'être monté, de la sorte, à bord...

Loup-de-lune

Quelle richesse et quelle profondeur dans votre réflexion…et quelle passionnante odyssée humaine vous nous faites vivre à vous suivre en votre exploration du champ sémantique, chère Loup-de-lune !

 

Science, poésie, spiritualité…votre démarche semble relever de tout cela à la fois, sans contradiction aucune…

 

En une si noble et si humble attitude, seule capable d‘appréhender le silence, non pas comme une négation du langage, mais comme sa « quatrième » et fondamentale dimension…

 

Avec mon amitié et mon admiration enthousiaste,

Silver

Quelle richesse et quelle profondeur dans votre réflexion…et quelle passionnante odyssée humaine vous nous faites vivre à vous suivre en votre exploration du champ sémantique, chère Loup-de-lune !
 
Science, poésie, spiritualité…votre démarche semble relever de tout cela à la fois, sans contradiction aucune…
 
En une si noble et si humble attitude, seule capable d‘appréhender le silence, non pas comme une négation du langage, mais comme sa « quatrième » et fondamentale dimension…
 
Avec mon amitié et mon admiration enthousiaste,
Silver


... je me sens honorée, chère Silver, que vous vous soyez faite ainsi passagère, pour cette traversée des quatre mers... Vous êtes montée à bord sans le moindre dogme littéraire, sans aucune de ces certitudes si funestes... Vous avez laissé le navire du langage différent vous emporter vers ses symboles, vers ses polysémies, vers ses énigmes... Vous avez emporté le plus léger et le plus indispensable des bagages, cette prodigieuse ouverture d'esprit mâtinée de tolérance... Vos yeux, vous les avez lavés, afin qu'ils approchent le Monde tel qu'il est, et non péremptoirement beau ou laid, et non impérieusement logique ou incohérent... Vous êtes venue à la pure et sincère rencontre de l'autre... D'une certaine manière vous avez participé de cet idéal lecteur qu'ont appelé de leurs voeux Rimbaud et Mallarmé, ce sensible et patient lecteur qui devient véritablement coauteur du poème... et sans lequel le virtuème demeure dans son vague et dans son inépuisable variété...

... car, peut-être, le silence, est-il aussi ce salutaire espace laissé à la voix venant au partage...

... alors si grande gratitude à vous d'avoir ainsi répondu à son hospitalité !


Avec mon amitié,

Loup-de-lune
Il n'y a que sur ces mers que je ne suis pas malade.

Sur ces mots chantournés savoureux et signifiants.

Le voyage émouvant des dits pleins de splendeur...

Humaine, tellement humaine est leur capitaine

Il n'y a que sur ces mers que je ne suis pas malade.

Sur ces mots chantournés savoureux et signifiants.

Le voyage émouvant des dits pleins de splendeur...

Humaine, tellement humaine est leur capitaine




... merci, chère Aure, d'avoir partagé, avec de telles paroles, la traversée... si généreuse, si sincère, si lucide marinière...

... s'abandonner aux mots comme l'on se confie à la mer... d'étymologie en polysémie, voyager à la rencontre de soi-même, de ses plus décisifs vulnéraires...


Avec mon amitié tout particulièrement émue,

Loup-de-lune

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