elle allait s'enquérant
d'une distance encline au vertige nouveau
le rouge malingre des instants accrus
instillait un train parmi les écorces stridentes
afin que s'élongeât la surgie du voyage
la fonte des blancheurs ubiques
fait miroiter le raidillon
de leurs vols jumeaux
le coupent deux jais ravisseurs
et du larcin qui les brinquebale
phosphore le lointain
elle s'étonne que sa plume cardiaque
ignore le pouvoir des ailes acolytes
or serti dans le figement le nocturne des yeux
s'attache à l'éclair tout à coup dépris
sa diffluence de tuile et d'ardoise
de mordoré limbique et de fauve
son effarée ruisselure
qui va radiant le jour sur la baie d'hôpital
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Loup-de-lune,
Le titre nous l'indique : ce texte est un "segment" , un fragment découpé au milieu de l'esplanade des heures et qui nous est livré, un fragment du Temps, durant lequel un "voyage" est envisagé , mais, comme l'écrit Rimbaud dans la "Saison en enfer", "on ne part pas", puisque le poème se clôt sur les irisations de la lumière du jour "sur la baie d'hôpital".
Il reste ce qui nous a été donné à voir, ces métamorphoses que subissent les couleurs, dans ce texte. Picasso disait : "les couleurs ne sont que des symboles, et la réalité n'est que dans la lumière". Un kaléidoscope de couleurs nous est donné ici : le "rouge malingre" se transforme en ces "blancheurs" dont la particularité est qu'elles sont "ubiques", prenant l'aspect, soudain, du noir brillant du "jais" , tandis que "phosphore le lointain", et que l' "or" du soleil couchant , sur les toits "de tuile et d'ardoise", imprègne le spectacle qui nous est proposé , d'une teinte "mordorée", une teinte "fauve".
Vous nous faites, ainsi, voyager au pays des mots et des images, et ce voyage-là, à cause de l'acuité de votre regard, nous engage à mieux regarder, à mieux dire, à notre tour, les spectacles que la vie nous offre.
Michel Conrad