Aller au contenu





Féerie hauturière

Posté par Loup-de-lune, 26 mars 2022 · 1 292 visite(s)

Féerie hauturière



affranchi
des naufrages
un minime discoïde
étincelle son interstice
dans le continu qui foule

ce n'est pas qu'il s'élève
aluminant ainsi les lignes de ma paume
c'est qu'à sa carène fraîche
nous nous destinons

tout le long de la cathédrale
intermittences d'un poecile saxifrage
s'avive sa confiance de vitrail
et pour viatique la rosace
lui cède le plus ambré
de sa corolle pellucide

des huilistes qui vont fantaisiant l'orthogone du pont
il désapprend le vêpre glauque
et les cassis angoreux de la déréliction stellaire

quand le zéro des dynes
dans une escale brouillée
enclôt et l'arrière et l'avant

le renucléent à même ce sol
ses chromosomes de hublot

apte à pousser
tout autour du périmètre de son orbe

les valeurs du bateau sur une mer qui flavesce




Extrait de « Leucémique errance & Autres Poèmes de Loup-de-lune 月狼 » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二 (printemps 春天). Tous droits réservés.



« (...) votre 'Féerie hauturière'... elle m'a fait en un tournemain retourner jusqu'à l'île heureuse de l'enfance, où je voyageais longuement, essentiellement, devant les navires et les vaisseaux exposés dans les vitrines d'un antiquaire avoisinant le quartier où je résidais avec ma famille... Votre lexique nonpareil, haute mer des mots, le langage d'abord, le conte ensuite qu'elle compose, entraînent immanquablement dans ces voyages merveilleux (...)

Votre Féerie poétique m'a restitué une partie de mon enfance !... Haute mer de la mémoire... C'est bien cela, le courage ou la vaillance de s'égarer dans les sèmes et les phonèmes et les virtuèmes comme dans les souvenirs, s'abandonner à l'errance absolue et s'approcher distinctement de soi-même, comme si l'on était devenu une goutte de son propre sang ou de sa propre lymphe... vous en savez, ô combien, quelque chose, n'est-ce pas ? (...)

J'avais déjà éprouvé un semblable sentiment à la lecture du poème 'Pour peindre Argo', mais je ne me serais pas permis d'interférer au milieu de votre escapade avec Mademoiselle LIN Meilihua, et ce en dépit de ma véritable passion pour le premier bateau du monde ! (...)

Naissance et Mort, Absence et intense Désir Numineux sont au coeur de tout ce que vous écrivez. Haute mer des émotions humaines. C'est-à-dire qu'il me paraît que votre écriture s'évertue à les réconcilier, à les apiécer, à les rentrayer, à les rentraire, direz-vous artiste, pour en ouvrager un passage pluriel, une même perpétuelle métamorphose, comme si une sorte de révolution copernicienne attendait de s'opérer là afin que s'avèrent leurs subtiles affinités, et que nous soyons guéris de nos tenaces et fallacieuses croyances (...)

Je sais votre jeunesse et je vois tout particulièrement dans 'Féerie hauturière' la grande et précoce richesse de votre 'arsenal' poétique (je pourrais dire 'potentiel' mais n'aime pas ce mot surtout dans ce contexte !) (...) Je vous le dis à chaque fois : vous êtes habitée par la poésie et vous avez écrit, et vous allez écrire beaucoup de belles choses votre vie durant . . . . . . . .

Extrait de « Lettre à Bizheng »

Rémy C.-G.
Écrivain et lecteur

Ma photo