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Derrière la porte


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#1 Fleur de Lotus

Fleur de Lotus

    Tlpsien +++

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  • PipPipPipPip
  • 488 messages

Posté 05 juin 2008 - 05:29

leur Défi :
ouvrir des portes, pousser notre curiosité ... !
- un nombre de pieds/vers > 12
- pas de forme particulière au poème
- des rimes croisées

*******************************



Nous remercions la Maîtresse du Défi pour le plaisir de la fête qu'elle a organisée et la prions de nous pardonner, de l'avoir, pour les besoins du poème, travestie en un Maître du Défi, divin Maître de Cérémonie, facétieux et élégant…

Dans ce poème se sont glissés des tableaux, des musiques, des films, des peintres et autres artistes et des convives de choix nous ont joyeusement accompagnés…
En ce qui concerne les convives, toute ressemblance avec des personnages, pseudos ou poèmes ne serait absolument pas fortuite…

D'autres convives ont bien sûr été invités, la liste en est assez longue, nous n'avons pu tous les rencontrer…convives anonymes qui nous ont eux aussi enchantés…




Derrière la porte





Campagne: un chemin perdu
Cerné par la broussaille barbue
La nuit grimace
Sur ta face
Enduite de froid



Trois fois
La cloche frissonne au hasard
Dans le dédale des nuages blafards
Où vibre le petit hameau hagard
En perdition
A l'horizon

Tu plonges
Dans l'ombre portée des hauts murs musculeux du domaine
Longtemps tu les longes
Avec des gestes de nageur hors d'haleine

Après le deuxième angle
S'arrêter au quarantième lilas
Celui que le lierre étrangle

Voilà

L'oeillet blanc à ta boutonnière

Pique un peu du nez



Mais la porte est là

Basse bien accrochée à ses charnières

Dans ta main deux clefs

La première fait jaillir un criaillement de mouette



Devant toi un escalier noueux

Qui girouette

Le long d'une des ailes du château

Au creux du vieux rempart gardé par des corbeaux



Périple périlleux



Mais peu avant l'échauguette


Une porte secrète...



Devant tes yeux ébahis
En tout petit est écrit voici
La Porte du Défi...



~ ~ Episode I ~ ~



D'étranges sons murmurent dans le silence
Ton coeur battant à rompre saisit l'autre clé
Porte ouverte sur la musique de ses sens?
Ouvrir la porte de ces désirs suggérés?
De ces délices, si noire luminescence?
A ses envoûtantes transes tambourinées?
A ces supplices, ces sublimes transcendances?
O douce porte de ses secrets inavoués,
De son âme délivrée, elle te l'ouvrira
La deuxième clé, une autre porte, cachée
Un univers infini, tu découvriras


Une autre porte, à côté, curiosité
Entrebâillée, déjà déflorée et jolie
Un long couloir, et l'autre porte délaissée
Suspendu ton désir d'une exquise nuit.


Tu le sais maintenant, il faut compter tes pas.
Le parquet est flottant, les lames sont croisées.
Avance lentement, mets tes pieds bien à plat,
Et fais les bien sonner...Sois donc un peu rusé!
Bon voilà tu es prêt...Attrape la poignée...
Tourne-la doucement en retenant ton souffle...
Elle s'ouvre pesamment:...Un abbé violet!
Ah! Dieu quelle surprise! Peste soit du maroufle!
Il te faut retrouver la formule magique...
Voyons: a-b-b-a?...Ah! non! a-b-a-b!...
Le voici qui se tord, et disparaît, tragique!...
La voie est libre...Allons!...Merci monsieur l'abbé...

Tu t'en retournes, vers ces autres empreintes
Chemin abandonné et porte si secrète
Toucher sa délicieuse musique sainte
Inhaler cet exquis parfum qu'elle sécrète
Vêtue d'un voile noir, désir, ange d'un soir
Vestale d'un autre temps, mes lèvres rougies
Tu m'imagines, tu frappes ton coeur, heurtoir,
La porte s'ouvre, un temple, ciel de bougies
Et là, tu en es sûr, tu l'as bien vue frémir,
Ombre vive, ombre fraîche, ombre téléguidée,
Fragile et attirante, agile comme un sourire...
Dans ton corps qui frissonne, ton coeur déglingué...


~ ~ Episode II ~ ~


Yulunga, tes yeux, je bois, nectar enchanté
Porte de l'instant, celui qui fige le temps
Magie, tes bras m'enlacent, tu m'as envoûtée…
Le voile se dénoue, cathédrale d'antan…
Sanctuaire, voûtes gothiques illuminées
Kiss, tes délicats baisers, tes yeux, doux tableau
Cet encens qui berce nos avides narines
Et nos mains, qui musiquent, écrivent bien nos mots
Rituel d'une initiation divine
Sons de mi-anges mi-démons, autel du beau
Etrange mise en scène d'humeurs assassines
Requiem remuant de lascifs tourtereaux…


Grand faste, doux éclats, étoffes damassées
Tendues, éternité d'un grand rêve sauvage...
La commode, complice d'envols et troublée,
De nos mains parcourues, mains encore trop sages
Et ce décolleté palpite et te démange...
Prélude inachevé, instant déjà passé.
Ton regard fiévreux, ta main que je dérange...
La danse t'emporte, plaisir évaporé...
Encore des anges, monde de l'étrange
Exquise délicatesse, douce gaieté
Ton regard bandé, de ludiques phalanges
La porte, danse du désir, yeux abreuvés



Quelques sulfureuses démones te déposent
Sur une couche de paupières et d'oublis
Rehab, nuit de fiction, pulpeuse elle ose.
Intense prémonition, soumis tu la suis....


Dans tes yeux libérés, un fabuleux manège:
Gitane, ses danses cisèlent un nouveau soir
Echappée et sans ailes, blanche comme neige
Libre transcendance, la voir, croire l'avoir
Bang Bang, les masques tombent, rêve évanoui…
Dead Can Dance, écroulée dans tes bras et si belle,
Blottie, son coeur épris, à nu, fruit de la nuit.
Ses courbes, telles des arabesques sensuelles…
Tu les écris de tes yeux, verbes magiques
Qui te dévorent doucement, lent feu cruel.
Séduisant cauchemar, vision magnifique?
Elle sans cesse offerte et sans cesse rebelle...


Par un passage dérobé, donner le change...
Ta belle cavalière déjà envolée,
Le temps taquin d'un malicieux échange.
Tu la retrouveras plus loin, ensorcelée
De miroirs en reflets, un passage inversé:
Tes yeux mascara, ta belle voix rauque mue
Devenu féminin, perception insensée
Elle est toi, tu es elle, vous en êtes émus.
Regarde-la, et vois comme elle te ressemble,
Avec ses désirs fous, avec sa voix d'été
Regarde-toi et vois comme tu lui ressembles
Tes sourires si doux, tes rêves de papier...

Son regard tendre, moment rare de sa voix
Douce dans ta robe blanche, antichambre
Se fond dans un long silence, bien loin de toi
Tu poses tes hanches, tes yeux couleur d'ambre
Légère, tu t'inventes tes paysages
Dorés, bordés d'accords fous et insouciants
De mots dans cette attente sans ton visage
Sans larmes, ta présence, silence charmant
Seul écho, la fleur de nos pensées, violette
Seule résonance, ta pensée, silencieux
Homme en femme, en moi tu te répètes
Lointain astre illuminé au vent des cieux
Récital de l'éveil dans sa transparence
Diction de l'essence en maints accents subtils
Nocturnes, je t'accueille dans ton silence
Y puise une source vive, gaie et futile
Volatile, je me profile un jour heureux
Blanc sémaphore, antichambre de l'absolu
Et m'esquive, parchemin d'anges vaporeux
A la recherche de l'homme là mis à nu
Egaré, pour tout guide, ma joie enfantine
Chemin éclairé, au loin, porte bien aimée
Se dessine un léger halo de voix lutines
Trésors que je m'empresse d'aller retrouver


~ ~ Episode III ~ ~



J'entre, me voilà enfant, mutin, une ronde,
Prends ma main, cohorte vive de gamins, rires,
Cercles, tourbillons, danses joyeuses, vives ondes,
Vertiges grandissants, mais si doux, ton sourire...
Santa Lucia, ta couronne de bougies...
Je ne suis pas encore un homme et tu m'embrasses.
Dans mon coeur d'enfant, trop immense, je rougis
Tu m'entraînes vers quelle porte? Je t'espère,
Et légère, tu n'en finis pas de filer...
Les salles sont éclairées, mais les couloirs sombres.
Ton parfum m'entraîne, silhouette effilée...
Quand je crois t'attraper, tu redeviens une ombre...


Alors que tu t'éloignes un coup de vent t'emporte,
Fragile chevalier d'une ineffable quête,
Et te tire, te porte tout contre une autre porte...
Tu l'ouvres, chancelant, futile marionnette...
Mais soudain tu la vois, étrangement muette,
Dénuée de désir, une étoile fanée,
Mais soudain tu la vois, étrangement fluette,
Le sourire cerné, le coeur désaccordé...
Alors tu t'approches, tu la prends dans tes bras
Tu lui dis quelques mots dans le vif de l'oreille,
Et ses lèvres frémissent...Allez...Embrasse-la...
Ses yeux prennent couleur...Voilà, elle s'éveille...




Garde-la à ton bras, garde-la à tes rêves,
Mets tes mains sur ses hanches, et vole-lui le coeur,
Ses courbes, toutes, déjà, frissonnent sans trêve,
Embrasse-lui les lèvres pour figer les heures...
Mais au bout du couloir une étrange lueur...
AH! Oui! Bien sûr!...Trop beau...Aventure pas finie!...
Qui s'avance ainsi?...Assourdissante rumeur...
Qui est cet importun?!...Le Maître du Défi!!!...
" Alors, les tourtereaux, on se croit arrivés?!...
Et puis, en ma présence, un peu de retenue!...
Piquez encore un peu notre curiosité...
Sans que la Jolie Fleur finisse toute nue!..."


(Misère de misère! C'est vraiment pas de pot!
Je n'avais pas fini de lire dans son coeur,
Je n'avais pas fini d'écrire sur sa peau...
La femme pétrifiée devenue femme-fleur
Va encore filer à cause d'un morveux!..
De grâce laissez-moi compter tous les frissons
Qui courent sur son corps alangui et nerveux,
Et toutes les forêts qui brûlent dans ses yeux...
Et laissez donc ses seins se blottir dans mes mains,
Laissez ses doigts venir sur ma peau peu à peu...
Laissez-nous donc enfin réinventer demain...)


Seigneur de ce défi et voyeur amusé
De notre solitude d'amoureux transis
Par pure facétie, tu viens nous détourner
De cette brûlante passion, drapée de nuit.
"Revêtez-vous de fabuleux atours, la fête
Déjà bat son plein, surprenez les convives
Par votre sûr entrain, vos mots sans queue ni tête
Entraîneront certains dans cette joute vive.
Regardez, celle-là qui passe vivement
Avec la souplesse d'une vague indocile
La grâce d'une mouette enrobée de vent,
Lointaine et familière, en glissements subtils..."






"O divin Maître du Défi, nous te suivons !"
Une porte immense gardée par des laquais
S'ouvre séant sur des goules et fanfarons,
Des avortons, des clowns à la mine de jais,
Des lutins, des elfes, des nymphes et magiciens.
Newton H., de ces nymphes, tire le portrait…
De belles en talons aiguilles glissent "Viens"
Aux marquis, en verve, devant ces beaux attraits!
Tandis que le Vieux Vlad lance un lourd regard
A des nuques exquises et descend à leur cou,
Kipling vient lancer ses mots sans crier gare,
La belle Toscane susurre des mots fous…


Près de la cheminée des couples enlacés
Des libertines, en tenue de Fragonard
Câlins coquins, chutes de reins, se réchauffer
Un Gustave Courbet désespéré, hagard
Des geishas cachées derrière leur paravent
Courtisanes paradant, tenue d'apparat
Des princes dandys romantiques, frissonnants
Devant la vague au large de Kanagawa
Les deux amies qui paressent dans la luxure
Leur sommeil tendre et si lascif nous en dit long
Sur ces beaux corps alanguis sur la nervure
D'une couche blanche et ouatée, soupirs profonds…


Sang de poisson s'abreuve de lèvres de miel
A la fontaine de ces désirs défendus...
Tandis qu'une hirondelle éblouit de ses ailes,
Morning Grace, douce, présente ses yeux nus
A son Martin Maddox et son œil avisé,
William Merit Chase lui s'éprend de ce dos
Nu, envoûté par cette nuque dégagée...
L'effleurer, et non, il est encore trop tôt
Et pourtant ne pas laisser passer cet instant
Le vivre là ou il serait déjà trop tard...
Le présent est là, l'après un rêve tremblant
Infini, idéal état d'esprit, à part...





~ ~ Episode IV ~ ~


Autre magie, là-bas, une porte entrouverte
La salle des orgues, y trône le piano...
L'homme voûté, en queue de pie, les mains alertes
Titan aux cheveux blancs, il n'est pas vraiment beau
Et soudain le piano sous ses mains s'anime
Sous nos yeux fous, il l'ensorcelle, il l'assassine
Mains tantôt douces, de si délicates rimes
Et son énergie puissante, beauté d'un cygne...
Le colosse, sans paroles, livre son être
Ressuscite le chant de Schubert du profond.
Transfiguré, présent, ici, il règne en maître
Et nous délivre les accords de ses tréfonds.


Couples muets devant si prenante musique
Epoustouflés et sidérés, pris, ils se serrent
A l'écoute de ces sons fantasmagoriques
De cette expression dynamique et sincère
Et il les plonge dans un état hypnotique
Dans le cosmos de ses trilles visionnaires
Palette surnaturelle, union mystique
Qui culmine dans le noir, spirituels airs...
Ils ferment les yeux. S'ouvrent l'esprit. Ils s'élèvent.
Ils s'épanouissent. S'envolent. Et ils écoutent.
Capturés. Et sa magie les laisse sans trêve,
Déchaînement qui les jette au bord de la route.


Maintenant, tu le sais, vous êtes presqu' au bout.
Tu l'avais bien tenue, portée à bout de rêves...
Tu l'as encore perdue, un bouquet dans la boue,
Une plume d'oiseau tout au bout de la grève.
De ses chants de ses mots, tu es un pâle écho...
Dans ce dernier couloir un lent parfum qui dort...
De la belle aventure il faut payer l'écot...
Tu t'en vas doucement... Tu te retournes encore...
Le silence crépite, et son corps-échiquier...
Dans l'ombre énamourée brillent toujours ses seins
D'un bond la revoilà qui revient t'enlacer...
Tu as volé son coeur, elle t'a pris le tien...


Danses d'hommes en capes et de femmes masquées
Ardeur esthétique attirante et enivrante
Nues, des collines d'or aux yeux, eux habillés
Transes étranges de ces chairs nues, si dévorantes
Sur ces danses espagnoles de Sarasate
Et le rythme vibrant de ces airs bohémiens...
Jack Sparrow le Pirate s'invite en savates
Et sourire aux trousses se la joue vaurien!
Arsène valse au bras de sa belle Comtesse...
Frais tourbillon de tous ces couples qui palpitent
La chaleur implose, une divine paresse!
Allons marcher seuls le long des quais sans limites


Là où de l'eau tiède coule sous un pont rouge
Et les corps transpirent, rêvent à fleur de peau...
Il fait si noir et si trouble, quels êtres bougent
Et agitent des mains glacées, pauvres puceaux?
De ces douves jaillissent de curieux démons...
Masques blafards, venus t'effrayer et ta Belle,
Ils vous désignent, amants, appel à la raison.
Serre-moi, enlace-moi, toi qui m'ensorcelle
Eloignons de nous ces dangereuses visions
Se promenant à nos côtés, quais de la peur,
Ensor, maître, grimace notre perdition.
Main dans la main, viens, mènes-moi à ma demeure


Là où s'écoutent les feuilles qui loin s'envolent
Et où nos corps nus s'éprennent de l'herbe verte...
Tes sourires, de tendres noces qui convolent...
Ô gai printemps, guide nos pas qui courent, alertes!
Entre par la grande porte, vois, elle t'attend
Alcôve cachée, offrande, divins arums...
Un rêve de silence t'étreint, il s'étend
Des fantômes font le lit d'or de vos arômes
Le brouillard s'épaissit, la nuit se fait sans bruit
D'étranges esprits veillent nos douces folies
La porte se referme au creux de la nuit
En correspondance à nos sublimes envies...





Baguette magique et téléportation
En voyage vers le cosmos ou l'infini?
En route vers une ultime transformation?
Lente interpénétration de nos esprits...
Ames jumelles, voyants aveugles invisibles
La porte de nos esprits, ce passage intime
Fascinante tentation, l'inaccessible
Entrer en l'autre, son soi, le plaisir ultime
T'explorer et descendre en ton âme creuset
Tu m'explores, tu lis en moi toutes mes rimes
Fusion intense, illusion, charme discret
D'une brise de soie où nos lunes s'arriment...


Plongeon dans tes mots, toi submergé par mes mots...
Chemin de traverse pour me lire toujours
Noyade dans les sillages de mon cerveau...
T'échapper de moi par la porte de secours
Silence sur les vagues de mes paysages.
T'inventer, pour toi, cette porte de sortie,
Où mes mots tus se fondraient en un doux nuage.
Silencieuse, le seul appel de notre nuit,
Promise, belle terre de tous les défis...
Porte de l'inconnu, demeure pour nous ouverte,
A l'appel vif de cet indicible appétit
De légèreté insouciante et offerte.


Ecoutons le son de notre belle musique
Qui descend profond et à jamais nous transcende...

Ombres chinoises d'un doux amour esthétique
Nous dessinons une fabuleuse demande,
Aussi loin qu'il m'en souvienne, si belle nuit,
Folle d'absolu, folle d'étranges envies...
Notre lumière se fond loin en nous et luit,
Dans le creux de tes bras, tes yeux, mon regard vit.
Si belle intimité si particulière
Celle des mots, les mêmes dits en même temps
Cette correspondance si singulière
D'esprit et d'âme fondus, uniques moments.





Voilà, tu ouvres enfin la dernière des portes:
Des jeunes filles blondes en robe de satin
Te tendent enfin les mains, te sourient et t'emportent,
Te nettoient la mémoire et t'inventent un matin.
A travers leurs cheveux, une fenêtre ouverte
Qui donne sur la mer et ses soubresauts lents,
Ses langueurs de voiliers, ses torpeurs de mouettes
Et ses rêves d'ailleurs pris dans les goélands...
Avec la nonchalance d'un parfum subtil,
L'une vient près de toi et te prend par la main
A la fois silencieuse à la fois volubile,
Douée d'étranges mots pour dessiner demain...


Mais tu as sur les lèvres un léger goût d'absence...
Pourtant, très lentement, la pression sur tes doigts...
Et dans ton cou un souffle, un baiser qui s'élance...
Derrière toi, la jeune fille blonde ondoie...
Tombent la perruque, la robe de satin...
Et tu entends "c'est moi" et tu tournes la tête,
Des frissons en bouquets jusqu'au creux de tes reins,
Ta pensée pirouette et ton coeur est en miettes...
Ce sont ses yeux, ses seins, la voilà revenue,
Son sourire promet une nouvelle chance,
Malgré les interdits, offerte toute nue...
Jamais rien ne finit, toujours tout recommence...

début décembre 2007



commentaires (dans l'attente des commentaires du lancement du défi que Tim recherche)


Ces vers écris de par deux têtes et quatre mains,
Ecartent les icones que je faisais de votre sainteté,
Que de fantasmes découvrons nous en cette dualité,
Quand sera t'il des secrets inavoués pour demain?
Amitiés à vous deux.


(com de Celuiquisait)

***************

Très beau duo, envoûtant, ensorcelant.

Artemisia
(com de Artémisia)

****************

Ah! Marquis, tu ne crois pas si bien dire...
Mais, d'abord, quel boulot elle m'a donné!...
...Et que reste-t-il de notre sainteté?!...
J'avais dit dans la préparation du Défi qu'elle était redoutable...Je la connais beaucoup mieux: je dois réviser mon jugement...:elle est délicieuse...et redoutable...
Quel plaisir elle m'a donné!...non, non, tu n'en sauras pas plus, je dois garder quelques secrets...
Merci à toi, et amitiés.

(com de Charly Java à Celuiquisait)



Merci beaucoup pour ton commentaire que j'ai vraiment apprécié...L'homme que je suis est flatté d'avoir occupé une "belle" place dans ce duo. Quant à "envoûtant, ensorcelant", j'y ajouterais personnellement un "e"...
Pour te remercier, je ne vais pas te serrer la main, je préfère t'embrasser...


(com de Charly Java à Artemisia)

****************

... En l'honneur de ce défi, 12 pieds/vers...

Porte du Défi... Carnet de route précieux,
Etincelant décor où les coeurs sont offerts,
Encres d'intimes écrits... rubans audacieux
Porteurs d'espoirs, de secrets... quelques théâtres...

Surprenantes portes en alambic qui nous prend,
Nous kidnappe mots après mots, et nous suspend...
Nous déracine dévoilant mille désirs,
Nous provoque dans l'instant et dans le rêve...

Labyrinthe de portes aux poignets déliés,
Couleurs, velours et soierie de Pénéloppe
Où, lumineux, brodent Charly et l'Azalée...

Bravo et Merci pour ce délicieux voyage à deux...

Je vous envoie mille baisers.

(com de Padej)

******************

Qu'il est doux de descendre de certains piédestals...et d'emprunter les chemins sains d'autres icones, enluminées au divin plaisir d'une écriture à deux.
Oui quel boulot je lui ai donné! Ces fameux vers de 12 pieds!...Ecrire sans compter, et surtout sans compter les pieds...la règle pourtant bien expliquée...e muets...ne comptent pas...syllabes à oublier...paresseuse et indisciplinée...quand on aime écrire, on ne compte pas...ce vers-ci en faisait 11, celui-là 13 et tiens celui-là 10...et les mots se remodèlent, facétie, ils prennent une autre couleur...en passant enfin à 12!
Un conteur (compteur) de vers hors pair. Conter...la sempiternelle ritournelle des vers de 12 pieds...Une patience d'ange et même un ange n'aurait pas cette patience!...
Et ces surprises, ses vers enchanteurs découverts...rebondir sur ses vers...et ses vers qui rebondissent à leur tour...sur les miens...comme un mouvement sans fin...le poème se finira-t-il un jour? écrire le mot fin...un début et une fin...
Oui quel plaisir il m'a donné! Sans cesse recommencé! Plaisir sans fin!
Un gentleman aux mots élégants et délicieux, si irrésistibles que je n'avais qu'une seule envie, vite en inventer d'autres et toujours plus, pour à nouveau être surprise par ses mots envolés et enchanteurs. Mots inspirés et inspirants...quant aux secrets, oui, je dois moi aussi garder quelques secrets et tu n'en sauras donc pas plus...
Merci à toi, pour tes jolis mots. Amitiés.

Et encore une pensée émue et reconnaissante à ~wldp~ pour nous avoir concocté ce superbe Défi! Que du plaisir...oui du travail aussi...beaucoup...jusqu'à en oublier presque de compter quelques moutons...vers la fin...et encore quelques pieds à compter! les derniers...ouf ça y est!...c'est publié...
Thank you so much ~wldp~!!!

(com de Fleur de Lotus à Celuiquisait)

****************

Ta visite est très, très agréable...ton commentaire magnifique...
Comment résister à tes mille baisers?
Je t'en envoie autant...et si ma partenaire double la mise...tu n'auras pas perdu au change...

(com de Charly Java à Padej)

***********

Tes mots...un très beau cadeau...précieux...merci...mille fois...touchée...très...tes mots en diapason avec cette ambiance qui s'est égrénée au fil de l'écriture et s'est imposée...d'accords en accords...de mots...en mots...avec des échos masculins...des échos féminins...se répondant...s'entremêlant...au gré des vers...inextricablement mêlés...fils entrecroisés...comme un journal de bord écrit au gré des vents...qui tantôt portent...et puis emportent...écriture d'un homme...écriture d'une femme...combinaison de mots...qui a écrit quoi? on ne saurait le dire...le poème nous a avalés, comme une baleine, et nous nous sommes retrouvés dans son ventre, plongés en son coeur, ballotés par l'eau des mots envahissant son corps, esquifs légers flottant sur l'onde des mots...enfin échoués sur la plage...le poème achevé...et la respiration a alors pu reprendre son cours...
L'aurais-je ensorcelé? Ou nos mots nous ont-ils ensorcelés?...Sa magique facétie m'a enchantée...
L'aurais-je ensorcelé...j'ai pimenté quelques vers d'ingrédients, il est vrai, et d'étranges musiques...parfois...
ensorcelantes...Yulunga de Dead Can Dance...et sa musique de lutin amusé et gracieux me réveillait de ma torpeur...pour insuffler un vent léger, léger...et profond...doux vent...délicieux...et me désenvoûter...

Et je te remercie profondément pour tes mots qui correspondent si bien au ressenti au moment de l'écriture de ce poème...habités...envoûtés...ensorcelés...par les mots...et je t'embrasse sur l'aile du vent envolé de tes beaux mots. Fleur de Lotus

(com de Fleur de Lotus à Artémisia)

*******************

Ton poème...splendide...émouvant...qui nous capture à son tour et nous replace, Charly et l'Azalée, dans le vertige de l'écriture de ce carnet de route...oui un carnet de route...lancinant...hallucinant...où les mots nous ont à leur tour, et tour à tour, kidnappés...seule issue à cette prise d'otages surprenante...achever l'écriture de ce poème...le poème a fait de nous ses marionnettes, peut-être un peu comme dans La Peau de John Malkovich...aurions-nous écrit une histoire d'Héloïse et Abélard sans le savoir?...le poème s'est emparé de nous...tourbillon...il s'est parfois écrit dans la nécessité d'être écrit...
Pénélope...belle image...oui sans doute...peut-être...étrange Pénélope...silence et pensées...présentes...Ulysse...rareté de ses mots, pas de ses pensées...lien entre eux invisible et indestructible...et Circé...ou est-ce Circé? on ne le saura pas...Circé préparant ses encens...couche de paupières et d'oublis...oublis de la mémoire...passé un instant oublié...de beaux instants...présents...vapeurs de l'oubli...mots écrits avant...un après...rêve tremblant...ou Pénélope préparant les encens?...doux instants à venir...
oui des coeurs offerts...porteurs d'espoirs et de secrets...secrets espoirs...
Merci pour ce poème profond qui nous replonge dans le labyrinthe des mots de notre poème, dont nous avions réussi à trouver...enfin...avec le mot fin...la porte de sortie! Et pour cette nouvelle errance, je te remercie, je reçois avec Charly tes mille baisers, en un duo, nous les recevons en un seul bel ensemble, et je t'en envoie, un, étrange, envoûtant, prenant comme tes mots, profond, déroutant, musical, captivant, un seul baiser qui en vaudrait mille...

Autres portes, autres clés, autres porte-clés...le très beau film My Blueberry Nights de Wong Kar Wai...portes qui s'ouvrent...qui se ferment...qui se réouvrent...au gré de musiques...belles musiques...si belles musiques...
si beau baiser...il a encore ses lèvres sur ses lèvres et toujours envie de l'embrasser...

Et une jolie chanson...Emilie Simon...Chanson de Toile...je l'avais trouvée très belle...découverte peu après la fin du poème...écoutée avant le beau poème de Padej, bien avant...hasard...je l'avais écoutée sans faire du tout le lien avec Pénélope...et je découvre à l'instant qu'Emilie Simon l'a écrite en référence à la toile de Pénélope qui gagnait du temps en attendant Ulysse...merci Padej pour cette Pénélope qui décidément s'est imposée aussi par la musique...par hasard...étranges liens...et voici un lien vers cette chanson très douce...


(com de Fleur de Lotus à Padej)

******************

Au hasard du web, la route d'une lettre d'Héloïse à Abélard...que je viens de découvrir...ou plutôt la route d'une imitation d'imitation d'une lettre...
Imitation par Charles-Pierre Colardeau, poète, de l'épître d'Héloïse à Abélard, écrite par Alexander Pope, poète britannique...

Lettre d'Héloïse à Abélard
écrite par Charles-Pierre Colardeau, poète (version apparemment modernisée)

Héloïse dans sa cellule répond à une lettre d'Abailard. (orthographe modernisée).

Dans ces lieux habités par la seule innocence,
Où régne, avec la paix, un éternel silence,
Où les cœurs, asservis à de sévères lois,
Vertueux par devoir, le sont aussi par choix ;
Quelle tempête affreuse, à mon repos fatale,
S' élève dans les sens d' une faible vestale ?
De mes feux, mal éteints, qui ranime l' ardeur ?
Amour, cruel amour, renais-tu dans mon cœur ?
Hélas, je me trompais ! J' aime, je brûle encore !
Ô mon cher et fatal ! ... Abailard ... je t' adore !
Cette lettre, ces traits, à mes yeux si connus,
Je les baise cent fois, cent fois je les ai lus.
De sa bouche amoureuse Héloïse les presse ;
Abailard ! Cher amant ! Mais quelle est ma faiblesse ?
Quel nom, dans ma retraite, osé-je prononcer ?
Ma main l' écrit ! ... hé bien, mes pleurs vont l' effacer !
Dieu terrible, pardonne, Héloïse soupire.
Au plus cher des époux tu lui défends d' écrire,
À tes ordres cruels Héloïse souscrit...
Que dis-je ? Mon cœur dicte... et ma plume obéit.
Prisons, où la vertu, volontaire victime,
Gémit et se repent, quoiqu' exempte de crime,
Où l' homme, de son être, imprudent destructeur,
Ne jette, vers le ciel, que des cris de douleur,
Marbres inanimés, et vous froides reliques,
Que nous ornons de fleurs, qu' honorent nos cantiques,
Quand j' adore Abailard, quand il est mon époux,
Que ne suis je insensible et froide comme vous !
Mon dieu m' appelle en vain du trône de sa gloire,
Je céde à la nature une indigne victoire.
Les cilices, les fers, les prières, les vœux,
Tout est vain, et mes pleurs n' éteignent point mes feux.
Au moment où j' ai lû ces tristes caractères,
Des ennuis de ton cœur secrets dépositaires,
Abailard, j' ai senti renaître mes douleurs.
Cher époux, cher objet de tendresse et d' horreurs,
Que l' amour, dans tes bras, avait pour moi de charmes !
Que l' amour, loin de toi, me fait verser de larmes !
Tantôt je crois te voir, de mirthe couronné,
Heureux et satisfait, à mes pieds prosterné ;
Tantôt, dans les déserts, farouche et solitaire,
Le front couvert de cendre, et le corps sous la haire,
Desséché dans ta fleur, pâle et défiguré,
À l' ombre des autels, dans le cloître ignoré ;
C' est donc là qu' Abailard, que sa fidèle épouse,
Quand la religion, de leur bonheur jalouse,
Brise les noeuds chéris dont ils étaient liés,
Vont vivre indifférents, l' un par l' autre oubliés ;
C' est là que, détestant et pleurant leur victoire,
Ils fouleront aux pieds et l' amour et la gloire.
Ah, plutôt écris-moi : formons d' autres liens,
Partage mes regrets... je gémirai des tiens,
L' écho répètera nos plaintes mutuelles ;
L' écho suit les amants malheureux et fidèles.
Le sort, nos ennemis, ne peuvent nous ravir
Le plaisir douloureux de pleurer, de gémir.
Nos larmes sont à nous... nous pouvons les répandre :
Mais Dieu seul, me dis-tu, Dieu seul doit y prétendre.
Cruel ! Je t' ai perdu, je perds tout avec toi.
Tout m' arrache des pleurs... tu ne vis plus pour moi.
C' est pour toi... pour toi seul que couleront mes larmes,
Aux pleurs des malheureux Dieu trouve-t-il des charmes ?
Écris-moi, je le veux : ce commerce enchanteur,
Aimable épanchement de l' esprit et du cœur,
Cet art de converser, sans se voir, sans s' entendre,
Ce muet entretien, si charmant et si tendre,
L' art d' écrire, Abailard, fut sans doute inventé
Par l' amante captive et l' amant agité ;
Tout vit par la chaleur d' une lettre éloquente,
Le sentiment s' y peint sous les doigts d' une amante.
Son cœur s' y développe ; elle peut, sans rougir,
Y mettre tout le feu d' un amoureux désir.
Hélas ! Notre union fut légitime et pure ;
On nous en fit un crime, et le ciel en murmure.
À ton cœur vertueux quand mon cœur fut lié,
Quand tu m' offris l' amour sous le nom d' amitié,
Tes yeux brillaient alors d' une douce lumière ;
Mon âme, dans ton sein, se perdit toute entière.
Je te croyais un dieu, je te vis sans effroi.
Je cherchais une erreur, qui me trompa pour toi.
Ah ! Qu' il t' en coûtait peu pour charmer Héloïse !
Tu parlais... à ta voix tu me voyais soumise.
Tu me peignais l' amour bienfaisant, enchanteur...
La persuasion se glissait dans mon cœur :
Hélas ! Elle y coulait de ta bouche éloquente,
Tes lévres la portaient sur celles d' une amante.
Je t' aimai... je connus, je suivis le plaisir ;
Je n' eus plus de mon dieu qu' un faible souvenir.
Je t' ai tout immolé, devoir, honneur, sagesse ;
J' adorais Abailard, et dans ma douce ivresse,
Le reste de la terre était perdu pour moi :
Mon univers, mon dieu, je trouvais tout dans toi.
Tu le sais ; quand ton âme, à la mienne enchaînée,
Me pressait de serrer les noeuds de l' hyménée,
Je t' ai dit, cher amant, hélas, qu' exiges-tu ?
L' amour n' est point un crime, il est une vertu.
Pourquoi donc l' asservir à des lois tyranniques ?
Pourquoi le captiver par des noeuds politiques ?
L' amour n' est point esclave, et ce pur sentiment,
dans le cœur des humains, naît libre, indépendant.
Unissons nos plaisirs sans unir nos fortunes.
Crois-moi, l' hymen est fait pour des âmes communes,
pour des amants livrés à l' infidélité.
Je trouve dans l' amour, mes biens, ma volupté.
Le véritable amour ne craint point le parjure.
Aimons-nous, il suffit, et suivons la nature.
Apprenons l' art d' aimer, de plaire tour à tour,
ne cherchons, en un mot, que l' amour dans l' amour.
Que le plus grand des rois, descendu de son trône,
vienne mettre à mes pieds son sceptre et sa couronne,
et que m' offrant sa main, pour prix de mes attraits,
son amour fastueux me place sous le dais,
alors on me verra préférer ce que j' aime
à l' éclat des grandeurs, au monarque, à moi-même.
Abailard, tu le sais ; mon trône est dans ton cœur.
Ton coeur fait tout mon bien, mes titres, ma grandeur.
Méprisant tous ces noms, que la fortune invente,
je porte, avec orgueil, le nom de ton amante :
s' il en est un plus tendre et plus digne de moi,
s' il peint mieux mon amour, je le prendrai pour toi.
Abailard, qu' il est doux de s' aimer, de se plaire !
C' est la première loi, le reste est arbitraire.
Quels mortels plus heureux que deux jeunes amants,
réunis par leurs goûts et par leurs sentimens,
que les rires et les jeux, que le penchant rassemble,
qui pensent à la fois, qui s' expriment ensemble,
qui confondent leur joie au sein de leurs plaisirs,
qui jouissent toujours, ont toujours des désirs.
Leurs cœurs, toujours remplis, n' éprouvent point de vide.
La douce illusion à leur bonheur préside.
Dans une coupe d' or ils boivent à longs traits,
l' oubli de tous les maux et des biens imparfaits.
Si l' homme, hélas, peut l' être, ils sont heureux sans doute,
nous cherchons le bonheur, l' amour en est la route.
L' amour mène au plaisir, l' amour est le vrai bien.
Tel fut, cher Abailard, et ton sort et le mien.
Que les temps sont changés ! ô jour, jour exécrable !
Jour affreux, où l' acier, dans une main coupable,
osa... quoi, je n' ai point repoussé ses efforts !
Malheureuse Héloïse, ah, que faisais-je alors ?
Mon bras, mon désespoir, les larmes d' une amante
auraient... rien ne fléchit leur rage frémissante !
Barbares, arrêtez, respectez mon époux,
seule j' ai mérité de périr sous vos coups !
Vous punissez l' amour, et l' amour est mon crime !
Oui, j' aime avec fureur, frappez votre victime.
Vous ne m' écoutez pas ! Le sang coule ! ... ah, cruels !
Quoi, mes cris, quoi, mes pleurs, paraîtront criminels !
Quoi, je ne puis me plaindre en mon malheur funeste !
Nos plaisirs sont détruits... ma rougeur dit le reste.
Mais, quelle est la rigueur du destin qui nous perd ?
Nous trouvons dans l' abîme, un autre abîme ouvert.
ô mon cher Abailard, peins-toi ma destinée.
Rappelle-toi le jour, où de fleurs couronnée,
où, prête à prononcer un serment solemnel,
ta main me conduisit aux marches de l' autel,
où, détestant tous deux le sort qui nous opprime,
on vit une victime immoler la victime,
où, le cœur consumé du feu de mes désirs,
je jurai de quitter le monde et ses plaisirs.
D' un voile obscur et saint, ta main faible et tremblante,
à peine avait couvert le front de ton amante,
à peine je baisais ces vêtemens sacrés,
ces cilices, ces fers à mes mains préparés,
du temple tout-à-coup les voûtes retentirent.
Le soleil s' obscurcit, et les lampes pâlirent.
Tant le ciel entendit, avec étonnement,
des vœux qui n' étaient plus pour mon fidéle amant !
Tant l' éternel encore doutait de sa victoire !
Je te quittais... Dieu même avait peine à le croire.
Hélas, qu' à juste titre il soupçonnait ma foi !
Je me donnois à lui quand j' étais toute à toi.
Viens donc, cher Abailard, seul flambeau de ma vie.
Que ta présence encore ne me soit point ravie !
C' est le dernier des biens dont je veuille jouir.
Viens, nous pourrons encore connaître le plaisir,
le trouver dans nos yeux, le puiser dans nos âmes.
Je brûle... de l' amour je sens toutes les flammes.
Laisse-moi m' appuyer sur ton sein amoureux,
me pâmer sur ta bouche, y respirer nos feux :
quels moments, Abailard ! Les sens-tu ? Quelle joie !
ô douce volupté ! ... plaisirs... où je me noie !
Serre-moi dans tes bras ! Presse-moi sur ton cœur !
Nous nous trompons tous deux, mais quelle heureuse erreur !
Je ne me souviens plus de ton destin funeste,
couvre-moi de baisers... je rêverai le reste.
Que dis-je ! Cher amant, non, non, ne m' en crois pas.
Il est d' autres plaisirs, montre-m' en les appâts.
Viens, mais pour me traîner aux pieds du sanctuaire,
pour m' apprendre à gémir sous un joug salutaire,
à te préférer Dieu, son amour et sa loi,
si je puis cependant les préférer à toi.
Viens, et pense du moins que ce troupeau timide
de vestales, d' enfants, a besoin qu' on le guide.
Ces filles du seigneur, instruites par ta voix,
baissant un front docile et s' imposant tes lois,
marchèrent sur tes pas dans ce climat sauvage,
de ces remparts sacrés, l' enceinte est ton ouvrage,
et tu nous fis trouver, sur des rochers affreux,
des campagnes d' éden l' attrait délicieux ;
retraite des vertus, séjour simple et champêtre.
Sans faste, sans éclat, tel enfin qu' il doit être :
les biens de l' orphelin ne l' ont point enrichi ;
de l' or du fanatique il n' est point embelli ;
la piété l' habite, et voilà sa richesse.
Dans l' enclos ténébreux de cette forteresse,
sous ces dômes obscurs, à l' ombre de ces tours,
que ne peut pénétrer l' éclat des plus beaux jours,
mon amant autrefois répandait la lumiere :
le soleil brillait moins au haut de sa carriere.
Les rayons de sa gloire éclairaient tous les yeux.
Maintenant qu' Abailard ne vit plus dans ces lieux,
la nuit les a couvert de ses voiles funèbres,
la tristesse nous suit dans l' horreur des ténèbres.
On demande Abailard, et je vois tous les cœurs,
privés de mon amant, partager mes douleurs.
Des larmes de ses sœurs Héloïse attendrie,
de voler dans leurs bras te conjure et te prie.
Ah, charité trompeuse ! Ingénieux détour !
Ai-je d' autre vertu que celle de l' amour ?
Viens, n' écoute que moi, moi seule je t' appelle.
Abailard, sois sensible à ma douleur mortelle.
Toi, dans qui je trouvais père, époux, frère, ami,
toi, de tous les amants, l' amant le plus chéri,
ne vois-tu plus en moi ton épouse charmante,
ta fille, ton amie, et surtout ton amante ?
Viens, ces arbres touffus, ces pins audacieux,
dont la cime s' élève et se perd dans les cieux,
ces ruisseaux argentés, fuyants dans la prairie,
l' abeille, sur les fleurs, cherchant son ambroisie,
le zéphir, qui se joue au fond de nos bosquets,
ces cavernes, ces lacs et ces sombres forêts,
ce spectacle riant, offert par la nature,
n' adoucit plus l' horreur du tourment que j' endure.
L' ennui, le sombre ennui, triste enfant du dégoût,
dans ces lieux enchantés se traîne, et corrompt tout.
Il séche la verdure, et la fleur pâlissante
se courbe et se flétrit sur sa tige mourante.
Zéphir n' a plus de souffle, écho n' a plus de voix,
et l' oiseau ne sait plus que gémir dans nos bois.
Hélas ! Tels sont les lieux où, captive, enchaînée,
je traîne dans les pleurs ma vie infortunée,
cependant Abailard, dans cet affreux séjour,
mon cœur s' énivre encore des poisons de l' amour.
Je n' y dois mes vertus qu' à ta funeste absence,
et j' y maudis cent fois ma pénible innocence.
Moi, dompter mon amour quand j' aime avec fureur !
Ah ! Ce cruel effort est-il fait pour mon cœur ?
Avant que le repos puisse entrer dans mon âme,
avant que ma raison puisse étouffer ma flamme,
combien faut-il encore aimer, se repentir,
désirer, espérer, désespérer, sentir,
embrasser, repousser, m' arracher à moi-même,
faire tout, excepté d' oublier ce que j' aime.
ô funeste ascendant ! ô joug impérieux !
Quels sont donc mes devoirs, et qui suis-je en ces lieux ?
Perfide, de quel nom veux-tu que l' on te nomme ?
Toi, l' épouse d' un dieu ; tu brûles pour un homme !
Dieu cruel, prends pitié du trouble où tu me vois,
à mes sens mutinés ose imposer tes lois.
Tu tiras du cahos le monde et la lumière,
hé bien, il faut t' armer de ta puissance entière.
Il ne faut plus créer... il faut plus en ce jour,
il faut dans Héloïse anéantir l' amour.
Le pourras-tu, grand dieu ? Mon désespoir, mes larmes,
contre un cher ennemi te demandent des armes ;
et cependant, livrée à de contraires vœux,
je crains plus tes bienfaits que l' excès de mes feux.
Chères sœurs, de mes fers, compagnes innocentes,
sous ces portiques saints, colombes gémissantes,
vous, qui ne connaissez que ces froides vertus,
que la religion donne... et que je n' ai plus,
vous, qui dans les langueurs du zéle monastique,
ignorez de l' amour l' empire tyrannique ;
vous enfin, qui n' ayant que Dieu seul pour amant,
aimez par habitude, et non par sentiment :
que vos cœurs sont heureux, puisqu' ils sont insensibles !
Tous vos jours sont sereins, toutes vos nuits paisibles.
Le cri des passions n' en trouble point le cours.
Ah ! Qu' Héloïse envie et vos nuits et vos jours !
Héloïse aime et brûle au lever de l' aurore,
au coucher du soleil elle aime et brûle encore,
dans la fraîcheur des nuits elle brûle toujours.
Elle dort pour rêver dans le sein des amours.
à peine le sommeil a fermé mes paupières,
l' amour, me caressant de ses aîles légères,
me rappelle ces nuits, chères à mes désirs,
douces nuits, qu' au sommeil disputaient les plaisirs !
Abailard, mon vainqueur, vient s' offrir à ma vue :
je l' entends... je le vois... et mon âme est émue.
Les sources du plaisir se rouvrent dans mon cœur ;
je l' embrasse... il se livre à ma brûlante ardeur.
La douce illusion se glisse dans mes veines :
mais que je jouis peu de ces images vaines !
Sur ces objets flatteurs, offerts par le sommeil,
la raison vient tirer le rideau du réveil.
Non, tu n' éprouves plus ces secousses cruelles,
Abailard, tu n' as plus de flammes criminelles.
Dans le funeste état où t' a réduit le sort,
ta vie est un long calme, image de la mort.
Ton sang, pareil aux eaux des lacs et des fontaines,
sans trouble et sans chaleur circule dans tes veines.
Ton cœur glacé n' est plus le trône de l' amour,
ton oeil appesanti s' ouvre avec peine au jour :
on n' y voit point briller le feu qui me dévore.
Tes regards sont plus doux qu' un rayon de l' aurore.
Viens donc, cher Abailard ! Que crains-tu près de moi ?
Le flambeau de Vénus ne brûle plus pour toi.
Désormais insensible aux plus douces caresses,
t' est-il encore permis de craindre des faiblesses ?
Puis-je espérer encore d' être belle à tes yeux ?
Semblable à ces flambeaux, à ces lugubres feux,
qui brûlent près des morts sans échauffer leur cendre,
mon amour sur ton cœur n' a plus rien à prétendre.
Ce cœur anéanti ne peut plus s' enflammer.
Héloïse t' adore, et tu ne peux l' aimer !
Mais que sens-je ? ô pouvoir ! ô puissance suprême !
Quelle main me déchire, et m' arrache à moi-même ?
Tremble, cher Abailard ! Un dieu parle à mon cœur.
De ce dieu, ton rival, sois encore le vainqueur.
Vole près d' Héloïse, et sois sûr qu' elle t' aime.
Abailard, dans mes bras, l' emporte sur Dieu même :
oui, viens... ose te mettre entre le ciel et moi ;
dispute-lui mon cœur... et ce cœur est à toi.
Que dis-je ? Non, cruel, fuis loin de ton amante :
fuis, céde à l' éternel Héloïse mourante.
Fuis, et mets entre nous l' immensité des mers :
habitons les deux bouts de ce vaste univers.
Dans le sein de mon dieu, quand mon amour expire,
je crains de respirer l' air qu' Abailard respire ;
je crains de voir ses pas sur la poudre tracés.
Tout me rappellerait des traits mal effacés.
Du crime au repentir un long chemin nous mène :
du repentir au crime un moment nous entraîne.
Ne viens point, cher amant, je ne vis plus pour toi,
je te rends tes serments, ne pense plus à moi.
Adieu, plaisirs si chers à mon âme enivrée :
adieu, douces erreurs d' une amante égarée ;
je vous quitte à jamais, et mon cœur s' y résout :
adieu, cher Abailard, cher époux... adieu tout.
ô grâce lumineuse ! ô sagesse profonde !
Vertu, fille du ciel, oubli sacré du monde !
Vous, qui me promettez des plaisirs éternels,
enlevez Héloïse au sein des immortels.
Je me meurs... Abailard, viens fermer ma paupière.
Je perdrai mon amour en perdant la lumière.
Dans ces affreux moments, viens du moins recueillir
et mon dernier baiser et mon dernier soupir.
Et toi, quand le trépas aura flétri tes charmes,
ces charmes séducteurs, la source de mes larmes,
quand la mort, de tes jours éteindra le flambeau,
qu' on nous unisse encore dans la nuit du tombeau.
Que la main des amours y grave notre histoire,
et que le voyageur, pleurant notre mémoire,
dise, ils s' aimèrent trop, ils furent malheureux ;
gémissons sur leur tombe, et n' aimons pas comme eux.


(com de Fleur de Lotus)

*************************

Et...quelques tableaux et peintres...qui se sont glissés dans le poème...

Episode II
Kiss Le Baiser de Gustav Klimt 1907-1908
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Gustav_Klimt_017.jpg

Episode III
Le désespéré 1843 Gustave Courbet
http://www.rmn.fr/gustavecourbet/02parcours/02.html
Les Deux Amies ou Le Sommeil ou Paresse et Luxure 1866 Gustave Courbet
Portrait d'une courtisane paradant vers 1704-1736 Kaigetsudo Ando (musée Guimet)
Tempête au large de Kanagawa (vues du Mont Fuji) (1823) Katsushika Hokusai (1760-1849)
http://morthicia.cyberkata.org/maitre.htm

Sang de Poisson 1898 Gustav Klimt (dans Ver Sacrum) (le Sacre du Printemps)
http://morthicia.cyberkata.org/maitre.htm
Morning Grace de Martin Maddox, 1991
http://www.martinmaddox.com/htm/womeninlan...exhibition8.htm
http://www.metroactive.com/papers/metro/06...lende-9825.html
Back of Nude, huile de William Merrit Chasen The White House
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Chase_W...A_Nude_1888.jpg

Episode IV
Ensor
L'Intrigue (1890) et Ensor aux Masques (1899)
http://www.radio.cz/pictures/obrazy/ensor_james_intrigue.jpg
http://www2b.ac-lille.fr/arts-plastiques/f..._2005/ensor.pdf

(com de Fleur de Lotus)

*******************

Le rivage puissant est mon bien-aimé
Et je suis son amante.
Nous sommes enfin réunis par l'amour,
mais la lune me sépare de lui.
Je vais à lui en hâte et repars
A contrecoeur, en une multitude de petits adieux.

Je quitte rapidement
L'horizon bleu pour répandre l'argent
De mon écume sur l'or de son sable,
Et nous nous mélangeons dans la brillance en fusion.
J'apaise sa soif et submerge son
Coeur ; il adoucit ma voix et soumet
Mon tempérament.
A l'aube je récite les règles de l'amour sur
Ses oreilles, et il m'embrasse avec ardeur. (K.GIBRAN)


Un hommage vibrant à votre défi d'amour Fleurde Lotus/Charlyjava.

Récit merveilleusement éternel....

Amitiés de la passagère.

(com de la Passagère du Silence)

***************

Au hasard du web, la route d'une lettre d'Héloïse à Abélard...que je viens de découvrir...
POPE
Lettre d'Héloïse à Abélard[font="Arial"][size=2]
traduction de Charles-Pierre Colardeau

Héloïse dans sa cellule répond à une lettre d'Abailard. (orthographe modernisée).




Dommage, il semble que pas seulement l'orthographe a été modernisée...

ça ressemble à du Racine...


(com de Artémisia)

*******************************

Artemisia, je te remercie vivement pour ta perspicacité...et ta lecture...et grâce à toi j'ai découvert deux poètes...je vais changer de ce pas les références concernant le poème...
Il est vrai qu'Héloïse écrivait en prose.
Ta remarque pertinente aura été la source de nouvelles connaissances, propres à enrichir...Ravie. Merci!
Alors je t'adresse par courrier volant, sur les ailes d'un oiseau habité de mémoire et aux chants distillant la connaissance propre à une certaine "sagesse", une jolie embrassade de quelqu'un qui aura appris quelque chose de nouveau aujourd'hui...
Fleur de Lotus

Recherche faite:
Le poème est une imitation d'un poème d'Alexander Pope, l'épître d'Héloïse à Abélard de 1717.
Charles-Pierre Colardeau a écrit ce poème.
lien: http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Pierre_Colardeau


Charles-Pierre Colardeau est un poète français, né à http://fr.wikipedia.org/wiki/Janville_%28Eure-et-Loir%29 (Eure-et-Loir) le http://fr.wikipedia.org/wiki/12_octobre http://fr.wikipedia.org/wiki/1732 et mort à http://fr.wikipedia.org/wiki/Paris le http://fr.wikipedia.org/wiki/7_avril http://fr.wikipedia.org/wiki/1776.

Les meilleurs poèmes de Colardeau - l'imitation de la Lettre d'Héloïse à Abailard de Pope, la traduction des deux premières Nuits d'Young notamment - portent témoignage de la sensibilité http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9romantisme du http://fr.wikipedia.org/wiki/XVIIIe_si%C3%A8cle. Il a en outre créé le terme « héroïde » pour désigner les lettres en vers imaginaires de personnages célèbres.

Quant à Alexander Pope, il a donc écrit Héloise à Abélard (l'épître d'Héloïse à Abélard)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_Pope
Une citation empruntée du poème de Pope Eloisa to Abelard (lignes 206-210) :



"How happy is the blameless Vestal's lot!
The world forgetting, by the world forgot.
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each pray'r accepted, and each wish resign'd..."

Se traduisant approximativement par:



Bienheureux le sort de l'irréprochable vestale
Oublieuse du monde, du monde oubliée
Éclat éternel de l'âme immaculée
Chaque prière exaucée, chaque souhait décliné


(com de Fleur de Lotus)

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Chère Passagère,

Ce poème magnifique, un cadeau sublime et délicat, cet amour qui se rejoint au-delà des mers...
Je l'ai lu, relu et encore relu et je le lirai encore. A chaque lecture d'autres émotions naissent.
Le masculin et le féminin.
L'écume qui vient se fondre dans le rivage.
Douce et intense fusion.
Etres éloignés et si proches.
Qui ne cessent et n'ont de cesse de se joindre et de se rejoindre.
J'ai été si touchée par ce poème.
Tant de délicatesse, La Passagère, et je ne sais encore comment t'en remercier...Te dire que j'ai lu Les Lettres d'Amour de Khalil Gibran à May Ziadah, livre encore neuf, en attente depuis longtemps, et que j'ai enfin ouvert, après avoir lu ce poème si prenant. J'ai souhaité prendre le temps de les lire, ces lettres emplies d'une émotion particulière.
Gibran Khalil Gibran, livres précieux...dont Le Prophète...
Et quelques mots, comme une brise légère, ont alors accosté sur une page...ces mots-là, je te les offre, ils se sont écrits à la faveur du beau poème et au prolongement des lettres d'amour de Khalil Gibran.

Loin le temps, si proche l'instant
Mers éloignées, rivages si proches
Secrets d'âmes reliées, doux fil de la pensée
La mer de leurs mots se fond au soleil levant
Fusion étrange, leurs présences légères s'approchent
Voiles flottants sur la brume de leurs amours enchantées...
Si beaux mots de Khalil Gibran, le sable et l'écume...
Cadeau sublime de La Passagère, lumière dans la brume...

Et je te remercie infiniment pour ton commentaire et tes mots qui m'ont profondément touchée...
Défi d'amour...Oui l'Amour...récit merveilleusement éternel...Et dans ce défi les mots de Charly Java m'ont portée...pour aller plus loin...à la découverte d'autres mots...révélés...mots imbriqués...d'une écriture en duo...
Tes passages laissent de très belles empreintes, et leurs traces s'impriment, de manière indélébile et subtile, et quand bien même le vent et l'eau les effacerait sur le sable, elles demeurent, avec leur délicate perception.

Amitiés de Fleur de Lotus

Et ces quelques mots de Khalil Gibran:
"ces fils invisibles tissés par la main invisible qui relie la pensée à la pensée, l'âme à l'âme."

(com de Fleur de Lotus à la Passagère du Silence)


Links and References to Other Pages:


http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Gustav_Klimt_017.jpg
http://www.rmn.fr/gustavecourbet/02parcours/02.html
http://morthicia.cyberkata.org/maitre.htm
http://www.martinmaddox.com/ht...landscape/exhibition8.htm
http://www.metroactive.com/pap...6.25.98/allende-9825.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/I...t_Back_Of_A_Nude_1888.jpg
http://www.radio.cz/pictures/o.../ensor_james_intrigue.jpg
http://www2b.ac-lille.fr/arts-.../formation_2005/ensor.pdf

Ajout de Fleur de Lotus...
Portes de la solitude
Vialatte Les Champignons du Détroit de Behring

Tout homme habite une île déserte, et les bateaux n'y passent qu'à l'horizon. L'homme meurt seul, ayant vécu seul. Son dernier mot, c'est la solitude. Car rien n'est plus semblable à l'homme qu'un autre homme, mais rien n'en est plus différent. [...]. Les portes de la solitude sont des portes monumentales. Il y en a une à Ghardaïa, en plein désert. C'est une flèche ripolinée. Avec cette inscription parfaite : "Ghardaïa, trois kilomètres, Tombouctou, cinq mille kilomètres". Ca dit très bien ce que ça veut dire. On ne saurait mieux s'exprimer. Il y en a une autre à Font-d'Hurle (c'est un haut plateau, dans les Vercors); elle est en bois, à claire-voie, longue, basse, encastrée dans rien. Il n'y a rien à droite, rien à gauche, pas un mur, pas un fil de fer, rien par-devant, rien par-derrière, si loin que s'étende la vue; seulement cette inscription grandiose : "Prière aux visiteurs de refermer derrière eux". On ne saurait mieux dire à l'homme que, d'où qu'il vienne et où qu'il aille, il ne peut jamais ouvrir ou fermer que sur soi. [...]