quand la terre est changée en un cachot humide
Qu'importe Son galop accuse chaque ride
Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor
Le coeur éclaboussé de glaciales sueurs
expire chaque jour en bénissant sa flèche
Vivant je le sais bien Sous la nuit qui nous lèche
les morts les pauvres morts ont de grandes douleurs
Plus forte cependant la voix qui nous unit
Je suis belle ô mortels comme un rêve de pierre
et vous ouvre un tombeau d'amour et de lumière
le tombeau confident de mon rêve infini
Bien sûr toute jeunesse a perdu son regard
Nos péchés sont têtus nos repentirs sont lâches
nos baisers aux démons prolifèrent que mâchent
l'écolier le prélat la gouge et le soudard
Oui vous-mêmes avec vos masques offusqués
et le vent furibond de la concupiscence
vous cravachant Vraiment foin de la bienséance
vous sentez tous la mort ô squelettes musqués
Le dégoût aurait-il mainmise sur le corps
Mais le vert paradis des amours enfantines
rebrille en un poème où les siècles s'inclinent
J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or
Aussi l'heure fût-elle en proie au désespoir
ah Seigneur donnez-moi la force et le courage
de dire à la Beauté sans nom et sans visage
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir
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(Les vers 2 et 4 de chaque quatrain sont extraits des "Fleurs du Mal"; les vers 1 et 3 sont de ma composition.)
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