Dans l'arbre sur lequel, perchés, nous étions
A deux, l'étoile nous l'aurions dessinée
Sur la margelle du ciel, où nous serions
Epuisés de courir, à tant chercher
La pépite d'une terre à germer
Qui nous aurait semés
Si nous n'avions été
Dans la courbe de cet hiver,
Qui fut.
Si tu savais comment il a passé, le temps, depuis que nous étions
Dans cette seconde, unis, au même cadran
Sous les aiguilles d'un horizon
Qui s'éclipse, aux heures fânées
De nos regards qui ne se croisent plus
Que sur les lettres de parchemins,
Ces pages éphémérides
Comptant les jours de notre passage,
Les mille et un tourments
De ceux qui furent.
Si tu savais, tous les rêves qui se sont éteints
Tous les gestes inutiles, les paroles consacrées,
Les feux brillant de larmes échouées,
La multitude d'ombres sur un monde qui tangue,
Assèche les élans, et dérive aux déserts.
Si tu me savais là, où je me suis perdue,
Si tu savais que je n'entends plus rien
Parce que le battement des coeurs
N'est plus qu'un souvenir lointain
Si tu savais le bruit du silence
Depuis que tu étais
Ce que nous fûmes,
Saurais-tu seulement
Dans l'instant qui nous a confondus
Ou dans celui qui nous a déchirés
Ce que nous aurions pu devenir
Devenir, être, avoir...
N'avoir qu'à être pour devenir
Ou n'être qu'en devenir d'avoir à être
Ou naître, seulement, et savoir devenir
Qui sait qui saura qui deviendra...
Si tu me savais là,
Où je me suis perdue,
Où serais-tu...