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Dans cette guerre mondiale qui oppose les Snobs et les Ploucs


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49 réponses à ce sujet

#1 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 11:39

Je suis l'Agamemnon des Ploucs

l'Achille qui fait des confitures

d'Hector ;

 

J'ouvre le journal, et qu'est-ce que je vois ?

chacun fourbit ou fait semblant de fourbir

son 6è sens de l'Histoire ;

 

Le sang, comme la moutarde, chatouille décidément la perspective

« années trente »

des narines...

 

Prenons le Surréalisme : a-t-il seulement permis d'éviter

une deuxième World War ?

(la réponse est dans la question)

 

Breton aurait mieux fait de rester en Bretagne,

Aragon en Espagne,

etc.

 

Je fais mon petit tour à la FIAC, et qu'est-ce que je vois ?

Des « œuvres d'art » avec ouverture facile, - 25 % de sel,

etc.

 

Non pas des œuvres d'art, en réalité, mais d'argent,

des produits, des « biens » culturels, raah mes aïeux, quel spectacle !

Chauve business ! Foire, tu parles ! Chiasse !

 

Y en a un, Zeus modestement qu'il s'appelle,

il peint la pomme pas d'Adam mais d'Apple

qui dégouline proprement, tranquillement, lucidement, placidement...

 

Cent ans après Malévitch et Marcel Duchamp !

Et pourquoi pas un peu de cubisme en boules ?

Pourquoi pas Guernica en crottes de poules ?

 

Je continue ma petite promenade, je remonte la Seine et les semaines, et là qu'est-ce que j'aperçois ? Place Saint-Sulpice ? Le Marché de la Poésie ! Ha ha ! Ho ho ! Le Marché de la Poésie !! Vous m'en mettrez une livre, deux douzaines ! Quatre tranches extra fines ! J'adore la poésie ! Avec vent dans les saules & grossignols ! Beauté diaphane ! Amour toujours sous cellophane ! Anges ! Séraphins ! Rimes ! Sentiments !... Je me laisserais bien tenter encore par l'avant-garde, allez, deux cents grammes de galimatias sans sauce... Avec ceci ? – Assez ri.



#2 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 11:44

Le marché c'est parfait pour vendre ses salades

Perso j'y vais plus, c'est quasi que des éditions à fric

je n'y vois plus de petits éditeurs et des poètes



#3 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 11:46

je t'y ai pourtant aperçu



#4 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 11:50

Ce n'était pas moi mais l'autre



#5 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 11:54

'tain z'êtes DEUX ???


ils sont où mes moulins à vent ?


j'attends

 

j'ai garé en double file mon bulldozer



#6 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 11:56

"Je" est un autre! Du moins c'est ce que dit monsieur Rimbaud



#7 J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:01

y a déjà du Freud là-dedans


pas seulement de l'hindouisme


tu veux qu'on en cause ?


j'ai un peu de temps j'attends que des moulins à vent se présentent pour les raser gratis



#8 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:01

Freud ? C'est juste un perroquet

Secundo Rimbaud parlait toujours de lui



#9 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:03

c'est PAS Freud le perroquet, mais les Freudiens

 

et Rimbaud, je veux bien qu'on en cause mais ne balance pas toutes conneries tout de suite, ça me coupe l'herbe


ça m'arrache le pied



#10 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:04

Dans les perroquets on peut aussi mettre les surréalistes et le PCF



#11 J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:13

Freud était un poète qui se prenait pour un psychiatre ; comme Einstein, un poète qui se prenait pour un physicien
 ;


comme Artaud, un poète qui se prenait pour un fou


et moi je suis un poète qui se prend pour un poète



#12 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:13

Einstein ? il me fait vraiment chier

avec les maths qu'il emploie, ça bloque tout

Freud ?   Totalement indifférent!



#13 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:19

et comme Maradona, un poète qui se prenait pour un footballeur


et comme Jésus-Christ, un poète qui se prenait pour Raël


et comme Nietzsche, un poète qui se prenait pour un philosophe



#14 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:19

Le foot-ball ? Oui !

Mais quand c'est la coupe du monde

Et que l'équipe de France gagne



#15 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:26

comme Van Gogh, un poète qui se prenait pour un peintre


tu veux qu'on cause football, maintenant ?


allons-y


d'aucuns disent que le le football est l'opium du peuple actuel, des peuples actuels


je n'en crois rien



#16 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:27

Le foot ça me fait chier

ça manque d'imagination

et c'est bourré de fric



#17 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:29

je pense qu'il s'agit plutôt du whisky-coca des peuples


tu hais le fric... parce que le fric te hait

 

quelle misère vraiment



#18 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:29

Tous les goûts sont dans la Pub



#19 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:31

si tu changes de sujet à chaque fois, comment peut-on discuter ?

 

 

je propose qu'on revienne à mon poème, après tout, on est là pour ça


quelle note tu me donnes ?

 

sur 20



#20 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:32

Revenons à Rimbaud

D'abord un gros égo

un vrai chieur de chez chieurs

Mais il a innové en Poésie

 

Puis le foot ce n'est pas vraiment mon truc

Marquer un but ça reste pas très intéressant



#21 J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 12:35

"ego" ça veut dire "je" en latin

 

justement

 

donc (ergo en latin, au passage) "ego" est un autre

 

que dis-tu de ça ?

 

et ma note ? la moyenne au moins ?


un cassoulet m'appelle

 

je prendrai connaissance de ton verdict plus tard



#22 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 12:37

Mort aux vaches!



#23 J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 01:31

c'est aussi ce que dit Oncle Mac Donalds

 

sinon moi j'hésite : 15 ou 16/20 ?

 

15,5 ... ?



#24 Victorugueux

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Posté 28 octobre 2013 - 01:34

il ya une certaine folie

à vouloir noter

C'est un truc

de pouvoir

et de police

 

Je te laisse

le sujet m'agace



#25 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 01:41

les profs sont des flics comme les autres, exact

 

chuis flic


ça me fait jouir d'inspirer l'ordre et le respect


et l'anarchie


je dois être un peu agaçant, j'imagine



#26 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 03:41

comme Mike Tyson, un poète qui se prenait pour un boxeur

 

comme Marlon Brando, un poète qui se prenait pour un acteur



#27 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 28 octobre 2013 - 10:35

comme Eric Cantona, encore un poète qui se prenait pour un footballeur

 

(mais heureusement il a changé de vie & d'avis

depuis)



#28 Jérôme nyctalo

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Posté 28 octobre 2013 - 11:57

Comme le Sergent Garcia, encore un poéteux qui se prenait pour un bretteur ( mais fort heureusement il s'est transformé en consultant dans la guerre entre Plobs et Snoucs, ainsi qu'en agent immobilier spécialisé dans la revente des moulins à vents). Pour la note, étant donné le con-texte, nous pencherions fort logiquement pour un zorro sur ventre...

#29 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 29 octobre 2013 - 07:37

ton commentaire, de bien piètre qualité, te trahit : tu essaies de passer pour... mais tu n'en as pas les moyens

 

donc il me suffirait d'aller jeter un coup d'oeil à ce que tu fais pour te démolir

 

conseil : t'approche pas trop près de moi

 

et nique ta lope 



#30 No. 7

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Posté 29 octobre 2013 - 11:23

                                                                                                                                                             DEUX AUGURES

 

Surtout, pas de génie !
(Devise moderne.)

 

Jeunes gens de France, âmes de penseurs et d’écrivains, maîtres d’un Art futur, jeunes créateurs qui venez, l’éclair au front, confiants en votre foi nouvelle, déterminés à prendre, s’il le faut, cette devise, par exemple, que je vous offre : « Endurer, pour durer ! » vous qui, perdus encore, sous votre lampe d’étude, en quelque froide chambre de la capitale, vous êtes dit, tout bas : « Ô presse puissante, à moi tes milliers de feuilles, où j’écrirai des pensées d’une beauté nouvelle ! » vous avez le légitime espoir qu’il vous sera permis d’y parler selon ce que vous avez mission de dire, et non d’y ressasser ce que la cohue en démence veut qu’on lui dise, — vous pensez, humbles et pauvres, que vos pages de lumière, jetées à l’Humanité, payeront, au moins, le prix de votre pain quotidien et l’huile de vos veilles ?

Eh bien, écoutez le colloque bizarre et d’apparence paradoxale, — (quoique du plus incontestable des réalismes), — qui s’est établi, récemment, entre un directeur certain de l’une de ces gazettes et l’un de nos amis, lequel s’était déguisé un jour, par curiosité, en aspirant journaliste.

Cette scène ayant l’air, en mon esprit, de se passer toujours, — et toutes autres, de ce genre, ne devant être, au fond, — tacites ou parlées, — que la monnaie de celle-là (l’éternelle !) — je me vois contraint, ô vous qui êtes prédestinés à la rénover vous-mêmes, de la placer au présent de l’indicatif.

Pénétrons en ce cabinet, presque toujours d’un si beau vert, où le directeur, — un de ces hommes qui traitent les honnêtes bourgeois de « matière abonnable », — est assis devant la table, un coude appuyé sur le bras de son fauteuil, le menton dans la main, paraissant méditer et jouant négligemment de l’autre main avec le traditionnel couteau d’ivoire.

Apparaît un garçon de salle : il remet une carte à ce penseur.

Celui-ci la prend, y jette un coup d’œil distrait, puis hausse d’inquiets sourcils et, après un tressaillement léger, se remettant :

— Un « Inconnu ? » murmure-t-il ; — peuh ! quelque Gascon, se vantant pour arriver jusqu’à moi. Tout le monde est connu, aujourd’hui, percé à jour. — Et quelle mine a ce monsieur ?

— C’est un jeune homme, monsieur.

— Diable ! Faites entrer.

L’instant d’après apparaît notre jeune ami.

Le directeur se lève et de sa voix la plus engageante :

— C’est bien à un inconnu que j’ai l’honneur de parler ? murmure-t-il.

— Jamais je n’eusse osé me présenter sans ce titre, répond le soi-disant plumitif.

— Veuillez bien prendre la peine de vous asseoir.

— Je viens vous offrir une petite chronique d’actualité, — un peu leste, naturellement…

— Cela va sans dire. Venons au fait. Votre prix serait de combien la ligne ?

— Mais, de 3 francs à 3 fr. 50 ? N’est-ce pas ? répond, gravement, le néophyte.

(Soubresaut du directeur.)

— Permettez : le « Montépin », le « Hugo » même, le « du Terrail » enfin, ne se payent pas ce taux-là ! réplique-t-il.

Le jeune homme se lève et, d’un ton froid :

— Je vois que monsieur le directeur oublie que je suis to-ta-le-ment inconnu ! dit-il.

Un silence.

— Rasseyez-vous, je vous prie. Les affaires ne se traitent pas comme cela. Je ne disconviens pas que, par le temps qui court, un inconnu ne soit, en effet, un oiseau rare ; toutefois…

— J’ajouterai, monsieur, — interrompt, d’un ton dégagé, l’aspirant écrivain, — que je suis, oh ! mais sans l’ombre de talent, d’une absence de talent… magistrale ! Ce qu’on appelle un « crétin » dans le langage du monde. Mon seul talent, c’est d’être rompu aux arcanes des boxes anglaise et irlandaise, un peu serrées. — Quant à la Littérature, je vous le déclare, c’est pour moi lettre close et scellée de sept cachets.

— Hein ? s’écrie le directeur tremblant de joie, — vous vous prétendez sans talent littéraire, jeune présomptueux !

— Je suis en mesure de prouver, séance tenante, mon impéritie en la matière.

— Impossible, hélas ! — Vous vous vantez !… balbutie le directeur, évidemment remué au plus secret de ses plus vieux espoirs.

— Je suis, continue l’étranger avec un doux sourire, ce qui s’appelle un terne et suffisant grimaud, doué d’une niaiserie d’idées et d’une trivialité de style de premier ordre, une plume banale par excellence.

— Vous ? Allons donc ! — Ah ! si c’était vrai !

— Monsieur, je vous jure…

— À d’autres ! reprend le directeur, les yeux humectés et avec un mélancolique sourire.

Puis, regardant le jeune homme avec attendrissement :

— Oui, voilà bien la Jeunesse, qui ne doute de rien ! le feu sacré ! les illusions ! Du premier coup, l’on se croit arrivé !… — Aucun talent, dites-vous ? Mais, savez-vous bien, monsieur, qu’il faut, de nos jours, être un homme des plus remarquables pour n’avoir aucun talent ? un homme considérable ?… que, souvent, ce n’est qu’au prix d’une cinquantaine d’années de luttes, de travaux, d’humiliations et de misère que l’on y arrive et que l’on n’est, alors, qu’un parvenu ? Ô jeunesse ! printemps de la vie ! Primavera della vita ! Mais moi, monsieur, — moi, qui vous parle, — voici vingt ans que je cherche un homme qui n’ait pas de talent !… Entendez-vous ?… Jamais je n’ai pu en trouver un. J’ai dépensé plus d’un demi-million à cette chasse au merle blanc : je me suis « emballé » dans cette folle entreprise ! Que voulez-vous ! J’étais jeune, candide, je me suis ruiné. — Tout le monde a du talent, aujourd’hui, mon cher monsieur ; vous tout comme les autres. Ne nous surfaisons pas. Croyez-moi, c’est inutile. C’est vieux jeu, c’est ficelle, cela ne prend plus. Soyons sérieux.

— Monsieur, de tels soupçons… Si j’avais du talent, je ne serais pas ici !

— Et où seriez-vous donc ?

— À me soigner, je vous prie de le croire.

— Le fait est, gazouille, alors, le directeur en se radoucissant et toujours avec son fin sourire, le fait est que mon garçon de salle, — tenez, le gracieux qui m’a remis votre carte (un licencié ès lettres, s’il vous plaît, et palmé comme tel — hein ! comme c’est beau la Science ! De nos jours cela mène à tout !) — n’est rien moins que l’auteur de trois ou quatre magnifiques ouvrages dramatiques et, passez-moi le mot, « littéraires, » couronnés, enfin, dans maints concours de l’Institut de France sur des centaines d’autres, représentés de préférence, naturellement, aux siens. Eh bien, le malheureux n’a voulu suivre aucun traitement ! Aussi, de l’aveu de ses meilleurs amis, n’est-ce, en réalité, qu’un fol qui ne saurait arriver à rien. Ils le déclarent, avec des larmes dans la voix, un ivrogne, un bohème, un proxénète, un filou et un raté, en ajoutant, les yeux au ciel : « Quel dommage ! » — Mon Dieu, je sais bien qu’à Paris, — où il est convenu que tout le monde est déshonoré le matin et réhabilité le soir, — cela ne tire pas à conséquence ; — au fond, c’est même une réclame ; — mais sa maladroite insouciance n’en sachant pas extraire une fortune, avouez qu’il est légitime qu’on lui en veuille. C’est donc par pure humanité que je daigne le soustraire, momentanément, à l’hospice. Revenons à vous. — Inconnu et sans l’ombre de talent, disons-nous ? — Non, je ne puis y croire. Votre fortune serait faite et la mienne aussi. C’est six francs la ligne que je vous offrirais ! — Voyons, entre nous, qui me garantit la nullité de cet article ?

— Lisez, monsieur ! articule, avec fierté, le jeune tentateur.

— On voit que vous échappez de l’Adolescence d’hier à peine, monsieur ! — répond, en riant, le directeur : nous ne lisons que ce que nous sommes décidés à ne jamais publier. On n’imprime que la copie dûment illisible. Et, tenez, la vôtre semble, à vue de pince-nez, entachée d’une certaine calligraphie, — ce qui est déjà d’assez mauvais augure. Cela pourrait vous faire soupçonner de soigner ce que vous faites. Or, tout journaliste, vraiment digne de ce grand titre, doit n’écrire qu’au trait de la plume, n’importe ce qui lui passe par la tête, — et, surtout, sans se relire ! Va comme je te pousse ! Et avec des convictions dues seulement à l’humeur du moment et à la couleur du journal. Et marche !… Il est bien évident qu’un bon journal quotidien, sans cela, ne paraîtrait jamais ! On n’a pas le loisir, cher monsieur, de perdre du temps à réfléchir à ce que l’on dit, lorsque le train de la province attend nos ballots de papier ; enfin, c’est évident cela ! Il faut bien que l’abonné se figure qu’il lit quelque chose, vous comprenez. Et si vous saviez comme le reste, au fond, lui est égal !

— Rassurez-vous, monsieur : c’est le copiste…

— Vous faites copier ! — Malheureux ! Plaisantez-vous ?

— Ma copie était non seulement illisible, mais surchargée de telles fautes d’orthographe et de français… que, ma foi… pour le premier article… j’ai pensé…

— Raisons de plus, au contraire, pour me l’apporter telle quelle ! — Le diamant ne saura donc jamais sa valeur ? — Les fautes d’orthographe, de français !… Ignorez-vous que l’on ne peut obtenir des protes qu’ils ne les corrigent pas, — ce qui enlève, souvent, tout le sel d’un article ? Mais c’est précisément là ce naturel, ce montant, ce primesautier que prisent si fort les vrais connaisseurs ! Le citadin aime les coquilles, monsieur ! Cela le flatte de les apercevoir. Surtout en province. Vous avez eu le plus grand tort. Enfin ! — Et… l’avez-vous soumise à quelque expert, cette chronique ?

— Vous l’avouerai-je, monsieur le directeur ? Doutant de moi-même, car je n’ai pas de génie, Dieu merci…

— Peste ! je l’espère bien ! interrompt le directeur après un coup d’œil furtif sur un revolver placé à côté de lui.

— Après avoir cherché le type devant représenter la bonne moyenne des intelligences publiques pour cette grande épreuve, mon choix s’est arrêté sur mon — (tant pis, je dis le mot !) — sur mon « pipelet », — lequel est un vieux commissionnaire auvergnat, blanchi le long des rampes, surmené par les sursauts nocturnes et qu’une trop exclusive lecture d’enveloppes de lettres a rendu, littéralement, hagard.

— Hé ! hé ! grommelle, alors, le directeur, devenu très attentif, — le choix était, en effet, aussi subtil que pratique et judicieux. Car le public raffole, remarquez ceci, de l’Extraordinaire ! Mais, comme il ne sait pas très bien en quoi consiste, en littérature (passez-moi toujours le mot), ce même Extraordinaire dont il raffole, il s’ensuit, à mes yeux, que l’appréciation d’un portier doit sembler préférable, en bon journalisme, à celle du Dante. — Et… quel verdict a rendu l’homme du cordon, s’il vous plaît ?

— Transporté ! Ravi ! Aux anges ! Au point de m’arracher ma copie des mains pour la relire lui-même, craignant d’avoir été dupe de mon débit. C’est lui qui m’a fourni le mot de la fin.

— L’écervelé ! Au lieu de me l’adresser directement ! Voyez-vous, un penseur l’a dit, — ou aurait dû le dire, — l’idéal du journaliste, c’est, d’abord, le Reporter, ensuite le Fruit sec, à sourcils froncés (j’entends froncés naturellement, comme on frise), qui insulte d’une façon grossière et au hasard, — et qui se bat de même, avec les naïfs qui n’en lèvent pas les épaules, — pour faire consacrer, par la lâcheté publique, sa rageuse médiocrité. Ce duo du chanteur et du danseur est la vie de tout journal qui se respecte un peu. En dehors des « articles » de ces deux Colonnes, tous autres ne devraient se composer que de « mots de la fin » enfilés, comme des perles, au hasard du petit bonheur. Le Public ne lit pas un journal pour penser ou réfléchir, que diable ! — On lit comme on mange. — Allons, je me décide à parcourir votre affaire : — oui, voyons, si la valeur n’attend point chez vous (comme l’a si bien dit je ne sais plus quel auteur latin) le nombre des années…

— Voici le manuscrit ! dit l’écrivain rayonnant et en tendant son œuvre avec un air de fatuité juvénile.

Au bout de trois minutes, le directeur tressaille, puis rejette, avec dédain, les feuilles volantes sur la table.

— Là ! gémit-il avec un profond soupir ; j’en étais sûr ! Encore une déception : mais je ne les compte plus.

— Hein ? murmure, comme effrayé, le jeune héros.

— Hélas ! mon noble ami, mais c’est plein de talent, ça ! Je suis fâché de vous le dire ! Ça vaut trois sous la ligne, — et encore parce que vous êtes inconnu. Dans huit jours, si je l’insère, ce sera gratis, et, dans quinze, ce sera vous qui me payerez, — à moins que vous ne preniez un pseudonyme. Mais oui, mais oui ; soyons sérieux, à la fin ! Vous n’êtes pas sérieux, et, je le vois, vous ne pourrez que bien difficilement le devenir, ayant, par malheur, cette qualité de talent qui fait que vous êtes (pardon de l’expression) un écrivain… et non pas un impudent malvat sans conscience ni pensée, ainsi que vous vous vantiez tout à l’heure de l’être, pour surprendre ma religion, ma bienveillance, ma caisse et mon estime.

— Non !… balbutie, d’un visage atterré, le prétendu aspirant de la plume quotidienne, — vous devez commettre une erreur… il y a malentendu. Vous n’avez pas lu… avec attention…

— Mais cela empeste la Littérature à faire baisser le tirage de cinq mille en vingt-quatre heures ! s’écrie le directeur. La qualité seule du style, vous dis-je, constitue le talent ! Un million de plumitifs peuvent, dans un journal, tracer l’exposé d’une soi-disant idée… Ah ! black upon white ! Un seul écrivain s’avise-t-il de l’énoncer, à son tour et à sa manière, cette idée, dans un livre ? tout le reste est oublié. Plus personne ! L’on dirait un coup de vent sur du sable. — Certes, c’est fort énigmatique : mais, qu’y faire ? c’est ainsi. — Donc, si vous êtes un écrivain, vous êtes l’ennemi-né de tout journal.

» Si encore vous n’aviez que de l’esprit : ça se vend toujours un peu, ça. Mais le pire, c’est que vous laissez pressentir dans l’on ne sait quoi de votre phrase que vous cherchez à dissimuler votre intelligence pour ne pas effaroucher le lecteur ! Que diable, les gens n’aiment pas qu’on les humilie ! La puissance impressionnante de votre style naturel transparaît, encore un coup, sous cet effort même, attendu qu’il n’y a pas d’orthopédie capable de guérir d’un vice aussi essentiel, aussi rédhibitoire ! — Vous imprimer ? Mais j’aimerais mieux copier le Bottin ! Ce serait plus pratique. En un mot, vous avez l’air, là-dedans, d’un monsieur qui, sachant que telle femme, dont il convoite la dot, a le goût des bancroches, affecte une claudication mensongère pour se bien faire venir de la dame, — ou d’un étrange collégien qui, pour s’attirer l’estime et le respect de ses professeurs, de ses camarades, se ferait teindre les cheveux en blanc. — Monsieur, les quelques pages que je viens de parcourir me suffisent pour savoir très bien à qui j’ai affaire. — Personne n’est dupe aujourd’hui ! Le public a son instinct, son flair, aussi sûr que celui d’un animal. Il connaît les siens et ne se trompe jamais. Il vous devine. Il pressent que, sachant au mieux la valeur, la signification réelle et sombre de vos écrits, vous regardez son appréciation, éloge ou blâme, comme la poudre de vos bottines ; qu’enfin ses vagues et insoucieux propos à votre égard sont, pour vous, comme le gloussement d’un dindon ou le bruit du vent dans une serrure. Le visible effort que, — poussé par quelque détresse financière, sans doute, — vous avez commis ici pour vous niveler à ses « idées » l’insulte horriblement. La gaucherie de votre humilité de commande a des hésitations meurtrières pour les bouffissures de son apathique suffisance. Votre épouvantable coup de chapeau lui écrase le nez en paraissant lui demander l’aumône : cela ne se pardonne pas, cela, de lecteur à auteur. Les hommes de génie peuvent seuls se permettre, dans leurs livres, de ces familiarités alors tolérables, car s’ils prennent quelquefois leur lecteur aux cheveux et lui secouent la boîte osseuse d’un poing calme et souverain, ce n’est que pour le contraindre à relever la tête ! — Mais, dans un journal, monsieur, ces façons-là sont, au moins, déplacées : elles compromettent l’avenir de la feuille aux yeux du Conseil d’administration. En effet, voici l’inconvénient de pareils articles.

» Le bourgeois, en les parcourant d’un cerveau brouillé par les affaires, écarquille les yeux, vous traite, tout bas, de « poète », sourit in petto et se désabonne, — en déclarant, tout haut, que vous avez beaucoup de talent ! — Il montre ainsi, d’une part, que vos écrits ne l’ont pas atteint ; de l’autre, il vous assassine aux yeux de ses confrères qui le devinent, prennent ce diapason, vous embaument dans les louanges et, de confiance ou d’instinct, ne vous lisent jamais, car ils ont flairé, en vous, une âme, c’est-à-dire la chose qu’ils haïssent le plus au monde. — Et c’est moi qui paye !

(Ici le directeur se croise les bras en regardant son interlocuteur avec des yeux ternes) :

— Ah çà ! est-ce que vous prenez le Public pour un imbécile ; par hasard ? Vous êtes étonnant, ma parole d’honneur ! — Il est doué d’un autre genre… d’intelligence que vous, voilà tout.

— Cependant, répond, en souriant, le littérateur démasqué, il semblerait, en vous écoutant, que, de nous deux, celui qui outrage le plus sincèrement le public… ce n’est pas moi ?

— Sans aucun doute, mon jeune ami ! Seulement, je le bafoue, moi, d’une manière pratique et qui me rapporte. En effet, le bourgeois (qui est l’ennemi de tout et de lui-même) me rétribuera toujours, individuellement, pour flatter sa vilenie, mais à une condition ! c’est que je lui laisse croire que c’est à son voisin que je parle. Qu’importe le style en cette affaire ? La seule devise qu’un homme de lettres sérieux doive adopter de nos jours est celle-ci : Sois médiocre ! C’est celle que j’ai choisie. De là, ma notoriété. — Ah ! c’est qu’en fait de bourgeoisie française, nous ne sommes plus au temps d’Eustache de Saint-Pierre, voyez-vous ! — Nous avons progressé. L’Esprit humain marche ! Aujourd’hui le tiers état, tout entier, ne désire plus, et avec raison, qu’expulser en paix et à son gré ses flatuosités, acarus et borborygmes. Et comme il a, par l’or et par le nombre, la force des taureaux révoltés contre le berger, le mieux est de se naturaliser en lui. — Or, vous arrivez, vous, prétendant lui faire ingurgiter des bonbonnes d’aloès liquide dans des coquemards d’or ciselé. Naturellement il regimbera, non sans une grimace, ne tenant pas à ce qu’on lui purge, de force, l’intellect ! Et il me reviendra, tout de suite, à moi, préférant, après tout, reboire mon gros vin frelaté dans mon vieux gobelet sale, vu l’habitude, cette seconde nature. Non, poète ! aujourd’hui la mode n’est pas au génie ! — Les rois, tout ennuyeux qu’ils soient, approuvent et honorent Shakespeare, Molière, Wagner, Hugo, etc. ; les républiques bannissent Eschyle, proscrivent le Dante, décapitent André Chénier. En république, voyez-vous, on a bien autre chose à faire que d’avoir du génie ! On a tant d’affaires sur les bras, vous comprenez. Mais cela n’empêche pas les sentiments. Concluons. Mon jeune ami, c’est triste à dire, mais vous êtes atteint de beaucoup, d’énormément de talent. Pardonnez-moi ma rude franchise. Mon intention n’est pas de vous blesser. Certaines vérités sont dures à entendre, à votre âge, je le sais, mais… du courage ! Je comprends, j’approuve même l’effort inouï que vous avez, dis-je, commis dans la répréhensible action de cet article : mais, que voulez-vous ! cet effort est stérile : il est impossible de devenir une canaille sincère : il faut le don ! il faut… l’onction ! c’est de naissance. Il ne faut pas qu’un article infâme sente le haut-le-cœur, mais la sincérité, et, surtout, l’inconscience : — sinon vous serez antipathique : on vous devinera. Le mieux est de vous résigner. Toutefois, — si vous n’êtes pas un génie (comme je l’espère sans en être sûr), — votre cas n’est pas désespéré. En ne travaillant pas, vous arriverez peut-être. Par exemple, si vous vouliez vous constituer, sciemment, plagiaire, cela ferait polémique, on vendrait, et vous pourriez alors revenir me voir : sans cela, rien à faire ensemble. — Tenez, moi, moi qui vous parle, je vous le dis tout bas : j’ai du talent tout comme vous : aussi, je n’écris jamais dans mon journal ; je serais réduit, en trois jours, à la mendicité. D’ailleurs, j’ai mes raisons pour ne pas écrire le moindre livre, pour ne pas imprimer la moindre ligne qui pourrait faire peser sur mon avenir le soupçon d’une capacité quelconque !… Je ne veux, derrière moi, que le néant.

— Quoi ! pas même dix lignes ?… interrompt le littérateur, d’un air étonné.

— Non. Rien. — Je tiens à devenir ministre ! répond, d’un ton péremptoire, le directeur.

— Ah ! c’est différent.

— Et je laisse crier au paradoxe ! Et ce que je vous dis est tellement absolu, au point de vue pratique, voyez-vous… que si le portefeuille des Beaux-Arts, par exemple, dépendait, en France, du suffrage universel, vous seriez le premier, tout en haussant les épaules, à voter pour moi. Mais oui, mais oui ! Soyons sérieux, que diable ! Je ne plaisante jamais. Allons, laissez-moi votre manuscrit tout de même.

Un silence.

— Permettez, monsieur, répond alors l’Inconnu, en ressaisissant son travail sur la table, vous faites erreur, ici. En politique, mes idées sont autres qu’en journalisme, et je ne comprendrais, au portefeuille en question, qu’un homme d’une droiture, d’une capacité, d’un savoir et d’une dignité d’esprit des plus rares. Or, en dehors de la feuille que vous dirigez, il y a en France des journalistes dont la probité défie l’entraînement vénal de l’époque, dont le style sonne pur, dont le verbe flambe clair et dont l’utile critique rectifie sans cesse les jugements inconsidérés de la foule. Je vous atteste que, dans l’hypothèse dont vous parlez, je donnerais ma voix, de préférence, à l’un d’entre eux.

— Je crois que vous vous emballez, mon jeune ami : la probité n’a pas d’époque !

— La sottise non plus, répond le littérateur avec un léger sourire.

— Peuh ! Quand vous aurez mon âge, vous rougirez de ces phrases-là !

— Merci de me rappeler votre âge ; en vous écoutant, je vous aurais cru… plus jeune.

— Hein ?… mais, — il me semble que vous cherchez la petite bête en ce que je dis, monsieur ?

(Ici, l’inconnu se lève.)

— Monsieur le directeur m’a prouvé qu’en cherchant la petite on trouve parfois la grande, — répond-il distraitement.

— Dites donc ?… Votre impertinence m’amuse, mais d’où vient cette subite aigreur ?

(Ici, le jeune passant regarde son vis-à-vis d’un coup d’œil de boxeur, si froid qu’un léger frisson passe dans les veines de l’homme au fauteuil.)

— Soit, je serai franc, répond-il. — Quoi ! je viens vous offrir une ineptie cent fois inférieure à toutes celles que vous publiez chaque jour, une filandreuse chronique suintant la suffisance repue, le cynisme quiet, la nullité sentencieuse, — l’idéal du genre ! une perle, enfin ! Et voici qu’au lieu de me répondre oui ou non, vous m’accablez d’injures ! Vous m’affublez des épithètes les plus ridiculisantes ! Vous me traitez, à brûle-pourpoint, de littérateur, d’écrivain, de penseur, que sais-je ? J’ai vu le moment où… sans aucune provocation de ma part… (Ici, notre ami baisse la voix en regardant autour de lui comme craignant les écoutes)… où vous alliez me traiter d’« homme de génie ! » Ne niez pas : je vous voyais venir. — Monsieur, on ne traite pas, comme cela, d’hommes de génie, des gens qui ne vous ont rien fait. Chez vous, ce ne fut pas étourderie, mais calcul méchant. Vous savez fort bien qu’un tel propos peut avoir pour fatales conséquences de priver un innocent de tout gagne-pain, de le rendre l’exploitation et la risée de tous. Vous pouviez refuser mon article, mais non le déprécier en le déclarant entaché de génie. Où voulez-vous que je le porte, maintenant ? Oui, j’ai sur le cœur ce procédé de mauvaise guerre, je l’avoue ! Et je vous avertis que si vous ébruitiez sur mon compte d’aussi venimeuses calomnies, — comme je ne tiens pas à mourir de faim, de misère et de honte sous les demi-sourires approbateurs et les clins d’yeux encourageants du bal de domestiques où je me trouve dans la vie, — je saurais vous amener sur le terrain, n’en doutez pas, ou à des excuses dictées. — Brisons là. Ces quelques paroles, ne me paraissant présenter qu’imparfaitement, entre nous, les prodromes d’une amitié naissante, souffrez que je prenne congé à l’anglaise, en vous prévenant (à titre gracieux et pour votre gouverne) qu’à l’escrime j’ai longuement étudié l’art de ne jamais donner ni recevoir de coups de manchette et qu’un brevet de courage convenu peut coûter plus cher avec moi. — Serviteur.

Et, remettant son chapeau, puis allumant une cigarette, le littérateur se retire, lentement.

Une fois seul :

— Me fâcherai-je ? se demande, à voix basse, le directeur : bah ! soyons philosophe. Socrate, ayant remporté le prix de courage à la bataille de Potidée, le fit décerner, par dédain, au jeune Alcibiade : imitons ce sage de la Grèce. D’ailleurs, ce jeune homme est amusant, et sa petite pique ne me déplaît pas. Jadis, j’ai eu ça moi-même.

(Ici notre homme tire sa montre.)

— Cinq heures !… — Voyons, soyons sérieux. Que mangerai-je bien ce soir, à mon dîner ?… Un turbotin ?… oui ! — un peu truité ?… Non ! — saumoneux ?… Oui, plutôt. — Et… comme entremets ?…

Là-dessus, ressaisissant son couteau d’ivoire, le directeur de la feuille politique, littéraire, commerciale, électorale, industrielle, financière et théâtrale se replonge dans ses opimes et absconses méditations. Et il serait impossible d’en pénétrer l’important objet, car, ainsi que le fait remarquer, fort judicieusement, un vieux proverbe mozarabe : « Le flambeau n’éclaire pas sa base. »

 

                                                                                                                                                                                                                                                                      A de Villiers de l'Isle-Adam, Contes Cruels.

 

Je ne sais pas si cela vaut 3 ou 17/20, c'est disons, très relatif ... même si cela semble vraiment avoir un bon fond, cela reste en dessous de la mediocrité ( note que j'ai quand même voulu faire l'effort d'approfondir un peu mon point de vue mais tu as visiblement "pris en otage" un certain nombre de tes productions, je reste donc en partie sur le souvenir des précédentes) :mellow:

 

Et pourquoi pas un peu de cubisme en boules ?

Pourquoi pas Guernica en crottes de poules ? (sic.)

 

La faiblesse de ton écrit, c'est qu'on sent trop que tu veux détruire quelque chose, cela manque de finesse sur ce plan ...

 

Lorsque l'on décrit d'une manière neutre, voire mieux - le graal - avec un certain paternalisme, et sous le bon angle, la suggestion agit bien plus efficacement ...

 

Bref, visiblement, tu n'as toujours pas compris qu'on ne se débarasse pas d'un tas de merde en vidant dessus le contenu de son estomac - on ne fait que le compléter.

 

Je vais me montrer méchant : il ne faut pas vouloir dire quelque chose, il faut avant tout avoir quelque chose à dire - sinon on envisage clairement d'aborder le problème différement ou sous le simple angle du divertissement.

 

AMHA

 

PS : "Les Fleurs du Mal sont un simple produit culturel, pas une œuvre d'art". Si tu as vraiment de la prétention, développe ... peut-être est-ce que je pêche par orgueil et que tu as réellement des choses à m'apprendre sur le sujet.