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[michelconrad]

Il y a une myriade, dans la ville, de vieux jardins minuscules où, comme l’encens dans une église, règnent les odeurs conjuguées de lilas et de terre humide, de pierres moussues. Les vieux jardins abandonnés, dans les ruelles, où plus personne ne passe, exhalent leur tristesse en ce printemps, en ce dimanche. (Tu rêvais d’entrer dans un grand parc dont on apercevait les arbres, à travers la grille rouillée : un vieux cadenas pend, lamentable). Les maisons se succèdent, coquettes aux murs crépis de blanc, aux fenêtres ornées de vitraux, ou souillées, grises, mais dans la cour desquelles on a fixé, sur un piquet, une petite maison, que visitent, seuls, les oiseaux.

 

 

 

 

Extrait de Le Soir dans les Jardins/Besançon/1976

 

 

[Victorugueux]

Paris dors, la nuit et silencieuse

et là comme deux imbéciles

nous postons des poèmes

sur le temps qui passe,

un peu plus tard dans le matin

les camions des poubelles

Ils viendront vers sept heures

et ils ramasseront les ordures,

je ne dors pas ni monsieur Conrad

Et dans la nuit il parle des odeurs

Et de la terre mouillées,

De lilas, mais personnellement

je vis en anosmie totale

Mon monde est sans odeur

J'ai une vie d'enrhumé perpétuel

Toutes ces odeurs rêvées

cela me donne une envie

celle de me faire un café

ce que je vais me faire

et ainsi je vais entamer une nouvelle journé

d'un dimanche de novembre

je n'ai pas tiré le rideau

je ne sais pas le temps qu'il fait...

allez je vais boire un verre de lait..

Bon matin Monsieur Conrad.

[Hibiscus]

Cette humectation d'odeurs touchant le lecteur frise la texture du vécu.
Merci à vous.